«Les pays de l'Opep ont besoin en moyenne d'un baril autour de 80 dollars pour équilibrer leur budget», estime l'expert vénézuélien. L'Organisation des pays exportateurs de pétrole (OPEP), qui détient quelque 75% des réserves mondiales de pétrole et produit 30 millions de barils par jour, soit un tiers de la production mondiale, est sous la pression des pays occidentaux importateurs de pétrole, notamment des Etats-Unis qui mènent des politiques sécuritaires et énergétiques de nature à déstabiliser ces pays, a estimé hier à Alger Carlos Mendoza Potellá, expert pétrolier vénézuélien. Dopée par les hydrocarbures de schiste, la production américaine a dépassé l'an dernier celle de l'Arabie Saoudite. Une première depuis 1975, qui confirme la perte de vitesse de l'OPEP. «Les Etats-Unis ont ainsi considérablement réduit leurs importations de pétrole. Des pays de l'OPEP à l'instar de l'Algérie, le Nigeria et ceux du Golfe cherchent actuellement des débouchés sur les marchés asiatiques» pour maintenir leurs niveaux de production, a expliqué Carlos Mendoza Potellá lors d'une conférence-débat organisée au sein de la Faculté des sciences de l'information et de la communication de Ben Aknoun. L'augmentation de l'offre mondiale largement portée par les Etats-Unis a eu pour conséquence de baisser le prix du baril, ce qui constitue, aux yeux du conférencier, «une conspiration» contre les intérêts des pays de l'Opep. Autres exemples de la politique sécuritaire des USA, l'orateur a évoqué brièvement le chaos sécuritaire qui prévaut en Libye et en Irak, deux pays membres de l'Opep. Selon lui, l'un des grands enjeux de l'invasion de d'Irak en 2003, deuxième producteur de pétrole de l'OPEP, était le pétrole. Ajouté à cela les pressions diplomatiques et les sanctions économiques exercées sur l'Iran, l'un des acteurs incontournables de la production pétrolière, et la Russie, qui n'ont rien d'anodin, d'après lui. La chute des prix du brut d'environ 60% depuis juin 2014 sur fond d'abondance de la production a fortement impacté les économies mono-exportatrices des pays producteurs, comme l'Algérie, l'Iran et le Venezuela. Alors que ces pays appellent à la tenue d'une réunion urgente de l'Opep avant même la rencontre prévue le 27 novembre pour stabiliser les prix du pétrole, l'Arabie Saoudite, chef de file de l'organisation, s'oppose à cette idée en maintenant les quotas, quitte à ce que le prix du baril descende à 20 dollars. Dans ce contexte géopolitique, la politique de défense des prix devient difficile pour les pays de l'Opep, d'autant plus que l'Arabie Saoudite, plus grand producteur mondial de brut, est sous influence des Etats-Unis, a précisé l'économiste, affirmant que les pays de l'Opep ont besoin en moyenne d'un baril autour de 80 dollars pour équilibrer leurs budgets. Or, le marché pétrolier a chuté fin août sous les 40 dollars, une première depuis 2009. Outre la réduction de la production de l'Opep pour permettre au marché de retrouver son équilibre, Carlos Mendoza Potellá, également conseiller à la Banque centrale du Venezuela, a rappelé que la sortie de la dépendance pétrolière est l'un des principaux défis auxquels sont confrontés les pays producteurs, notamment l'Algérie, troisième producteur du continent africain et le Venezuela. En revanche, a-t-il prévu, cela impliquerait l'application de politiques sociales qui risquent d'être dures. «Il n'y aura pas de naissance sans douleur», a commenté l'expert vénézuélien.