Clinton-Trump: l'heure de vérité La pression est énorme, et ce combat au sommet entre deux candidats à la Maison-Blanche que la majorité des Américains n'aime pas, promet des records d'audience, jusqu'à 100 millions de personnes. Les Américains attendaient hier avec impatience le premier débat présidentiel entre Hillary Clinton et Donald Trump, choc de titans d'autant plus important qu'ils sont au coude à coude dans les sondages à six semaines du scrutin du 8 novembre. Il commence à 21h00 (01h00 GMT aujourd'hui). Avec les réseaux sociaux, le verdict sera immédiat. Un geste, une phrase déplacée, le moindre dérapage, tout sera important. «Il est prêt pour ce soir», a assuré hier matin la directrice de campagne de Donald Trump Kellyanne Conway sur MSNBC. «C'est un débatteur naturel. Il a des dons et compétences qui échappent parfois à des politiciens traditionnels». «Mon père sera présidentiel, passionné, résistant», a promis son fils Eric Trump à ses supporteurs dans un email. Le directeur de campagne d'Hillary Clinton, Robby Mook, s'est aussi voulu optimiste, estimant sur CBS que le format de 90 minutes était bon pour Mme Clinton. Mais il s'est inquiété du fait que Donald Trump «puisse mentir et faire de la désinformation, et Hillary devra passer tout son temps à essayer de corriger, plutôt que (de parler) des choses dont elle veut parler». Un sondage Quinnipiac donnait hier les deux candidats dans la marge d'erreur, 44% pour Mme Clinton, 43% pour Donald Trump, 8% pour Gary Johnson, candidat du parti libertarien et 2% pour la candidate du parti des Verts Jill Stein. Sans les deux petits candidats, Mme Clinton est à 47%, Donald Trump à 46%. Dans plusieurs Etats clés, dont la Pennsylvanie, le Colorado et la Virginie, l'écart s'est aussi réduit entre Mme Clinton et M.Trump, selon les sondages. Le scénario d'une course aussi serrée était inimaginable il y a six mois, d'où l'énorme pression sur ce premier débat présidentiel. Côté démocrate, Hillary Clinton, 68 ans, ancienne secrétaire d'Etat, ancienne sénatrice démocrate, ancienne First Lady, hyper-expérimentée qui connaît ses dossiers sur le bout des doigts. Elle devra réussir à connecter avec des électeurs qui manquent d'enthousiasme, et convaincre de son honnêteté. Elle s'est minutieusement préparée. Côté républicain, Donald Trump, 70 ans, milliardaire ancienne star de télé-réalité, populiste excessif et impulsif qui n'a jamais eu de mandat électif. Beaucoup d'électeurs doutent qu'il ait l'étoffe d'un président. Il devra rester calme et courtois, et montrer une connaissance suffisante des dossiers. Il s'est préparé, mais sans excès, comptant sur son instinct. La campagne de Mme Clinton, qui aspire à devenir la première femme présidente de l'Histoire américaine, s'est inquiétée d'un «double standard» lors de ce débat qui se tiendra près de New York, à l'université Hofstra. Selon de nombreux experts, la barre est plus haute pour elle. «Tout ce que nous demandons, c'est que si Donald Trump ment - ce qu'il a fait souvent dans le passé - cela soit vérifié», a insisté hier Robby Mook sur CBS. Pour appuyer ses dires, la campagne a publié plusieurs pages de mensonges attribués à Donald Trump. Mais le milliardaire républicain a déjà fait savoir que le modérateur Lester Holt, journaliste respecté qui présente le journal du soir sur NBC, n'était pas là pour ça. «Il doit être un modérateur. Si elle fait une erreur ou je fais une erreur, nous nous en occuperons», avait-il déclaré jeudi, dénonçant des «pressions» sur Lester Holt. La tension entre les deux camps est encore montée d'un cran ce week-end, autour du choix de leurs invités dans la salle. Le camp Clinton a invité l'homme d'affaires Mark Cuban, propriétaire de l'équipe de basket des Dallas Mavericks, très critique envers le candidat républicain. M. Cuban s'est vanté sur Twitter d'avoir une place au premier rang. Donald Trump a riposté, affirmant qu'il était prêt à inviter Gennifer Flowers, une ancienne maîtresse de Bill Clinton. L'intéressée s'y est dite prête