Le candidat républicain, Donald Trump, fait profil bas, après ses tonitruantes attaques tous azimuts Le candidat républicain à la Maison-Blanche Donald Trump tente de repartir sur de nouvelles bases pour remonter dans les sondages face à Hillary Clinton, après plusieurs semaines de turbulences. Les trois derniers jours ont vu une succession de changements censés stopper l'hémorragie. Mercredi, il a remanié son équipe pour la seconde fois en deux mois. Jeudi, il a exprimé ses «regrets» d'avoir prononcé des paroles blessantes au cours de la campagne. Et vendredi, il s'est posé en rassembleur en se rendant en Louisiane, frappée par de très graves inondations, et en tentant de persuader les électeurs noirs américains, traditionnellement favorables aux démocrates, de se rallier à lui. «Aucun groupe en Amérique n'a plus souffert des politiques d'Hillary Clinton que les Noirs», a déclaré le milliardaire lors d'un meeting à Dimondale, dans le Michigan. «Vous vivez dans la pauvreté, vos écoles sont mauvaises, vous n'avez pas de travail, 58% de votre jeunesse est au chômage. Mais qu'est-ce que vous avez à perdre?» Quelques heures plus tôt, il s'était rendu en Louisiane, dans le Golfe du Mexique, pour y constater les dégâts. «Obama ferait mieux d'arrêter de jouer au golf et de venir», a-t-il lancé plus tard. Mais le président américain, en vacances dans le nord-est, a fait savoir qu'il irait mardi, la Maison Blanche disant vouloir éviter de perturber les forces de l'ordre par une visite présidentielle. L'ex-homme fort de l'équipe Trump, Paul Manafort, a également démissionné vendredi, 48 heures après avoir été marginalisé lors de la réorganisation. Il était montré du doigt dans une enquête pour corruption en Ukraine. Ce stratège républicain, ayant travaillé dans les années 1970 et 80 pour les équipes de campagne de Gerald Ford et Ronald Reagan, puis pour celles de George Bush père en 1988 et de Bob Dole en 1996, s'était efforcé de canaliser l'impétueux homme d'affaires de 70 ans pour le rendre plus présidentiel, sans pour autant réussir à éviter une succession de dérapages ces dernières semaines: confrontation de Trump avec les parents d'un jeune musulman mort en Irak, appel de Trump à la Russie pour qu'elle retrouve les emails effacés d'Hillary Clinton, insinuations sur une résistance armée à son adversaire démocrate...Donald Trump, qui a glissé dans les sondages depuis la convention républicaine de juillet, à 41,2% des intentions de vote contre 47,2% pour Mme Clinton selon une moyenne du site Real Clear Politics, n'aimait guère être bridé. Il a annoncé mercredi la promotion de Kellyanne Conway, une sondeuse républicaine devenue sa directrice de campagne, et de Steve Bannon, outsider populiste, patron du site d'informations conservateur polémique Breitbart News, qui a fait son entrée dans la campagne comme directeur général. La situation de Paul Manafort semblait d'autant plus intenable qu'il a été soupçonné d'avoir touché des millions de dollars en liquide entre 2007 et 2012, quant il était consultant pour l'ex-président ukrainien Viktor Ianoukovitch et son Parti des régions. Il a dénoncé des accusations «infondées et stupides». Son départ coïncide avec une nouvelle transformation de Donald Trump, qui a créé la surprise jeudi soir, en affirmant regretter certaines paroles blessantes prononcées durant la campagne, lors d'un discours en Caroline du Nord. «Parfois, dans le feu de l'action dans un débat, ou en s'exprimant sur de multiples sujets, on ne choisit pas les bons mots ou on dit la mauvaise chose», a-t-il déclaré. «Cela m'est arrivé». «Et vous n'êtes pas obligés de me croire, mais je le regrette», a-t-il ajouté, dans un rare moment d'humilité. Le premier directeur de campagne de Donald Trump, Corey Lewandowski, devenu commentateur sur CNN, a estimé que ce départ représentait «un changement très important pour la campagne», montrant «sans équivoque» une «nouvelle direction». Robby Mook, directeur de campagne d'Hillary Clinton, a lui estimé que cette démission était un «aveu clair que les connexions troublantes entre l'équipe de Donald Trump et les éléments pro-Kremlin en Russie et en Ukraine sont intenables».