Abdelmalek Sellal accueillant Faïz Serraj Les observateurs n'excluent pas la reprise des négociations à Alger entre les différentes factions libyennes. Dans une stricte discrétion, l'Egypte, le Qatar, les Emirats arabes unis et la Turquie se sont réunis, hier, à Paris pour trouver une solution à l'impasse politique dans laquelle est plongée la Libye. Avant le début de cette rencontre annoncée sur le bout des lèvres par le porte-parole du gouvernement français, Stéphane Le Foll, le président du Conseil présidentiel du gouvernement d'entente nationale de Libye, Faïz Serradj, a fait escale à Alger. Un message fort pour signifier que les clés de la solution à la crise libyenne sont d'abord en Algérie. Pays frontalier de la Libye, îlot de stabilité dans la région, opposée à toute intervention étrangère dans les affaires internes des pays tierces, l'Algérie a déjà ouvert les canaux du dialogue avec les chefs de partis politiques et les différentes factions libyens en mars 2015. Elle n'a aucun dessein ni visée politique dans ce conflit, sinon celui de stabiliser ses frontières en vue d'asseoir une sécurité stratégique. La menace s'est amplifiée depuis la dislocation de l'Etat libyen. Ce pays est devenu une base de repli pour les djihadistes de Daesh. L'Algérie partage 982 kilomètres de frontières avec la Libye et autant d'inquiétudes. Comme pour la crise malienne, le règlement du conflit libyen participera à la stabilisation de l'un des foyers de tension les plus dangereux qui menace aussi bien l'Afrique du Nord que l'Europe. Pour les observateurs, la reprise des négociations à Alger entre les différentes factions libyennes n'est pas écartée. Surtout que les mêmes pays qui se réunissent à Paris sont déjà empêtrés dans la crise syrienne. Est-il possible de jouer au pompier quand on est pyromane? La plupart d'entre ces pays qui tiennent conclave à Paris, sont en partie responsables du chaos libyen. La France, le Qatar et les Emirats arabes unis ont fait partie, aux côtés de la France, de la coalition qui a bombardé la Libye en 2001 pour déloger le colonel El Gueddafi. Les mêmes pays sont à présent empêtrés dans le conflit syrien, comme c'est le cas de la Turquie. Et dans cette situation, l'Algérie est un partenaire qui se distingue comme étant crédible pour arriver à une solution en Libye. Ce n'est pas sans raison d'ailleurs, que le représentant spécial du secrétaire général de l'ONU pour la Libye, Martin Kobler, a salué, en septembre dernier, hier à Alger, le rôle «actif» et «constructif» de l'Algérie en faveur de la restauration de la paix et de la réconciliation nationale en Libye. «Je remercie l'Algérie pour son rôle actif, fort et constructif» en faveur de la restauration de la paix et de la réconciliation nationale en Libye», a déclaré M. Kobler à la presse, au terme de son entretien avec le ministre chargé des Affaires maghrébines, de l'Union africaine et de la Ligue arabe, Abdelkader Messahel. Grave erreur d'appréciation. On a chassé El Gueddafi, mais le greffage d'une démocratie téléportée n'a pas pris dans ce pays à présent livré aux milices armées. L'Otan a livré «le projet» libyen sans service après-vente, sans prévoir the day after. En mars 2015, des responsables de l'Otan ont fait un incroyable aveu à l'Algérie. «L'opération menée contre la Libye a été une grosse erreur», ont avoué en mars 2015, des responsables de l'Otan à une délégation officielle algérienne composée de parlementaires, de membres du ministère des Affaires étrangères, du ministère de l'Intérieur, du département de l'énergie, de la police, d'universitaires et de journalistes. Il reste que l'initiative de Paris qui exclut la mission onusienne, qui ignore les principaux voisins de la Libye et qui écarte la Ligue arabe a laissé pantois les observateurs tout comme le porte-parole de la Ligue arabe, Mahmoud Affifi, qui s'est étonné du fait que son organisation n'ait pas eu droit au chapitre à cette réunion convoquée par le gouvernement français.