En Algérie, Saâdani est unique et il le restera encore un bon bout de temps. Le secrétaire général du FLN a promis de faire une sortie remarquable. Il a tenu parole. Ses commentaires sur l'actualité politique et sociale nationale n'ont pas manqué de «piment». Comme à son habitude, Amar Saâdani a su trouver les formules qui font tilt. Il faut dire que sur la scène nationale, il n'a pas encore son égal. Il a le sens de la communication et en use au bénéfice de sa carrière politique, mais également pour donner du tonus au parti et partant, replace le militant du FLN au centre du jeu politique national. Il faut dire que la base du vieux parti est assez sensible aux sorties de son chef qui lui permet d'exister effectivement, à travers son franc-parler, à dix mille lieux de la langue de bois, outil préféré de ses prédécesseurs. Le fait qu'il prenne des risques politiques en s'exposant, suffit aux militants, ainsi qu'à l'opinion nationale pour reconnaître en Saâdani, un personnage atypique de la scène partisane algérienne, un certain courage, mais aussi une autre façon de faire de la politique en Algérie. Amar Saâdani, que ses adversaires dans le parti et à l'extérieur, ont enterré plusieurs fois, avant de se surprendre à le voir monopoliser l'attention de tous les médias, a certainement ses défauts, mais force est de constater que le style Saâdani n'a pas son pareil sur la scène nationale et commence à se faire adopter par une scène médiatique, quelque part reconnaissante de l'animation particulière qu'il imprime à l'activité politique en Algérie. Intervenant au lendemain de la réunion de l'Icso qui frisait le non-événement, le patron du FLN a tout simplement remis sur la table l'opposition et même donné une «seconde vie» à l'un de ses animateurs. De fait, cette opposition qui dit réclamer la fin du «monopole» du FLN et l'accuse d'en faire trop, a pour ainsi dire, besoin de ses discours aux relents provocateurs, pour la simple raison qu'il lui donne une raison d'exister. Cela concernant le style de l'homme et sa capacité de provoquer des réactions, dans son camp et dans le camp adverse. Mais, créditer l'homme fort du moment de l'ex-parti unique de la seule mission de secouer le cocotier, juste pour pimenter la vie politique nationale, serait faire montre de naïveté, dans un pays où les traditions des «ballons sondes» sont ancrées. Dépouillée des «phrases-chocs», la présence de Amar Saâdani à la tête du FLN a du sens. Le parti s'est affranchi de sa crise, a réalisé sa mue en éjectant certains caciques, et prépare avec beaucoup d'assurance la prochaine échéance électorale. C'est un parti plus cohérent, donc plus solide qui aspire à jouer un rôle déterminant dans la prochaine législature. La mission de Saâdani qu'on disait finie, à chaque étape majeure dans la vie institutionnelle du pays, semble donc encore d'actualité et l'homme a réussi, non pas à se fondre dans le décor, mais aussi à le remodeler à sa convenance par son style, agaçant pour certains et surprenant pour d'autres. En tout cas, on aura compris, après la réunion du bureau politique et, hier, la rencontre avec les mouhafedhs, que ni les 19 ni les 14 et encore moins les dissidents n'auront la peau de Saâdani. Secrétaire général du FLN il l'est, secrétaire général il restera. Et ce ne sont pas les médias nationaux, très friands de ses révélations, qui vont crier au scandale. L'homme vend du papier et explose les audiences. C'est un fait. Des comme lui, il y en a beaucoup à travers le monde, aux USA, en Grande-Bretagne et ailleurs. Mais en Algérie, il est unique et il le restera encore un bon bout de temps.