Ce n'est pas un luxe. Tenter de guérir un malade n'empêche pas d'apaiser sa douleur. Les deux actions peuvent être menées de pair. Dans les pays avancés le doute n'a plus de place. Chez nous, c'est différent... Algologue. C'est le nom donné au médecin spécialiste de la douleur. Sauf erreur, cette spécialité ne figure pas dans notre enseignement supérieur. Comme d'ailleurs nous n'avons pas encore de centre antidouleur. Pourquoi? Cette semaine, le Conseil des ministres a approuvé le projet de loi relative à la santé. Il prévoit, entre autres, «la création d'un Conseil national de la santé chargé d'éclairer les pouvoirs publics sur les questions inhérentes à la santé». Osons espérer qu'il se penchera sur cette question. Le même projet de loi prévoit aussi «la mise en place de programmes spécifiques de santé pour certaines maladies ou catégories de patients». Ce qui ouvre la porte à l'inscription de l'algologie dans ces «programmes spécifiques». De plus, dans son intervention à l'issue de l'adoption du projet, le président de la République a été clair. Après avoir rappelé les importants efforts financiers consacrés par l'Etat pour le développement du système de santé publique, il a insisté plus particulièrement sur l'objectif d'une «meilleure organisation des soins et une amélioration de leur qualité». Des orientations qui devraient inciter nos responsables à s'intéresser davantage aux souffrances que vivent ceux qui sont atteints de certaines maladies. Des douleurs chroniques du rhumatisme à celles de certaines formes de cancer en passant par l'ostéoporose pour ne citer que ces maladies. Bien d'autres entraînent des douleurs. Jusque-là, notre système de santé ne s'est penché que sur le traitement des maladies. Les grandes et durables douleurs des patients concernés ne font pas partie des préoccupations et encore moins des urgences. Ce qui n'est ni juste ni responsable (osons le dire). Ce n'est pas, non plus, en administrant des antidouleurs en se basant uniquement et mécaniquement sur l'intensité allant jusqu'aux opiacés que le problème est réglé. La médecine a fait des progrès qui écarte toute solution de facilité. Le traitement de la douleur est devenu aujourd'hui multidisciplinaire. Pour la raison simple que l'on s'est aperçu que la douleur chronique est elle-même un syndrome multidimensionnel. Comme il ne s'agit pas ici d'une communication scientifique, nous n'aurons pas la prétention de détailler se syndrome. La création de par le monde de centres antidouleur suffit pour convaincre de la nécessité de prendre en charge cet aspect spécifique lié à la santé publique. Prenons le cas d'un petit pays de 11 millions d'habitants comme la Belgique. Pas moins de 35 centres antidouleur ont été créés dans ce pays. Il nous en faudrait un peu plus. Le jour où bien sûr on décidera que nos malades ont droit à une meilleure qualité de vie. Le jour où ce droit aura une existence physique dans des structures spécialisées. Pas plus tard que cette semaine, le professeur Mansour Brouri de l'hôpital de Birtraria (Alger) a évoqué ce problème par des propos rapportés par le quotidien El Moudjahid. Pour lui «la prise en charge de la douleur chronique est au stade ambipolaire dans notre pays, l'importance de cette maladie est très mal perçue par les praticiens et les spécialistes et minorée par les équipes médicales d'où l'impératif de la mise en place d'un enseignement de la prise en charge de la douleur viserait aussi bien les médecins généralistes, le personnel paramédical et les spécialistes». Ce qui a le mérite de la clarté. Le professeur Brouri ne se contente pas de poser le «diagnostic». Il propose un «traitement». Il est convaincu que «la douleur n'est pas une fatalité mais un mal que nous devons combattre... en commençant par la formation des formateurs et la nécessité de créer des structures antidouleur avec comme objectif une consultation antidouleur dans la plupart des établissements qui évolueraient vers les unités et elles-mêmes, progressivement deviendraient des services ou centres antidouleur en répondant à un cahier des charges propre». Ce qu'il propose n'est pas compliqué. Les avantages d'un tel dispositif antidouleur sont multiples. D'abord, il soulagerait nos malades de souffrances (on a envie de dire inutiles), ensuite la disponibilité et une meilleure sécurité des médicaments dans des structures adaptées et enfin faire reculer l'automédication abusive. Tout le monde sait que le paracétamol se consomme chez nous sans retenue. S'il était possible à tous ceux qui souffrent de maux de tête à répétition, de douleurs du dos ou autres de se rendre au centre antidouleur le plus proche cela les épargnera des conséquences dues à l'abus de ce médicament. Et dire que nous avons un centre antidouleur à l'hôpital Mustapha. Il organise des congrès. Le 11ème est prévu au courant de ce mois. On aura droit à la promo des derniers médicaments sortis sur le marché. C'est un tout autre sujet! [email protected]