Le ministre délégué chargé du Développement rural a clos, hier, une visite de deux jours dans la wilaya de Tissemsilt. Entrant dans le cadre de la mise en place de la «stratégie de développement rural», la délégation ministérielle effectue là sa deuxième visite dans cette wilaya à vocation essentiellement rurale. Ce déplacement est le prélude à une tournée nationale qui mènera le ministre dans l'ensemble des régions directement concernées par le développement rural. «Nous entrons dans la deuxième phase de concrétisation de la stratégie de développement rural, après celle qui a consisté à recueillir des informations les plus précises possibles sur le monde rural à travers tout le pays.» C'est donc sur la base d'un travail de synthèse sur les potentialités et les difficultés que rencontrent les ruraux de Tissemsilt, que le ministre délégué au développement local est allé à la rencontre des populations enclavées, vivant dans des douars nichés sur les flancs de l'Ouarsenis. L'objectif premier de Rachid Benaïssa n'était pas tant de procéder à des inaugurations d'infrastructures au bénéfice des citoyens de ces régions, mais d'amener les citoyens et responsables locaux à appréhender différemment le rôle de l'Etat dans des contrées où il n'est pas du tout évident de lancer des programmes «classiques» de développement. Ainsi, le ministre est venu porteur d'un concept nouveau en direction de l'administration et des concernés. Benaïssa insiste surtout sur l'accompagnement de l'Etat sur la base de projets viables qui, eux-mêmes, sont d'inspiration locale. Cette démarche est appuyée au plan concret par les projets de proximité de développement rural (Ppdr). Le principe est que les ruraux montent eux-mêmes leurs projets. La mission des agents de l'administration consiste à rapprocher les différents dispositifs d'aide à l'emploi de ces communautés, dans le but de garantir le succès de l'opération. Pour ce qui concerne la wilaya de Tissemsilt, une soixantaine de projets ont été identifiés, dont une douzaine entre dans le cadre de quelque 1490 projets mis en place à l'échelle nationale. Pas moins de 48 idées propres aux populations locales ont donc émergé dans le cadre de cette stratégie qui veut que le développement se fasse à la base. Un chiffre que le wali de Tissemsilt veut porter à plus de 600 à l'horizon 2009. Sur le terrain, les populations des douars, qui ont reçu la visite de la délégation ministérielle, donnaient l'impression de ne pas être très au courant de la dynamique nouvelle que l'Etat veut insuffler au monde rural. Avec un revenu par ménage ne dépassant pas les 4000 DA par mois, la détresse que vivent ces contrées est réelle. Les ensembles d'habitations éparses, accrochées au sommet de l'Ouarsenis semblaient défier le temps. Les jeunes rencontrés sur place gagnent, pour nombre d'entre eux, leur vie en louant leur force de travail dans les grandes villes du pays. Beaucoup reviennent au douar et espèrent un emploi qui leur éviterait des déplacements forcés à Chlef, Oran ou Alger, pour gagner leur pitance. La stratégie, le compter sur soi, ils ne savent pas encore ce que cela veut dire concrètement sur le terrain. C'est toute la difficulté de la mission du ministère du Développement rural, en butte actuellement à une mentalité d'assisté. «Nous sommes au tout début du chemin. Il est normal d'avoir ce genre de comportement», relève Ferroukhi, chef de cabinet du ministère. Cela dit, il ne désespère pas de voir, dans les années à venir, les mentalités évoluer dans le sens préconisé par la stratégie élaborée par le ministère du Développement local. En attendant, l'on constate dans la wilaya de Tissemsilt un retour, quoique encore timide, des populations à leurs douars d'origine, notamment ceux durement frappés par le terrorisme. L'on espère enfin que les 48 projets qui vont faire vivre pas moins de 32.000 familles auront un effet d'entraînement sur le monde rural dans cette wilaya, de sorte que les Ppdr parviennent à stabiliser les populations, et pourquoi pas, accélérer le processus de retour chez elles des populations rurales.