«le caractère facultatif de son enseignement s'éternise et relègue tamazight au bas de l'échelle dans l'école algérienne.» Loin des ambitions affichées par le ministère de l'Education nationale, la prise en charge de l'enseignement de la langue amazighe, d'année en année, trébuche sur de faux problèmes créés de toutes pièces pour maintenir une situation complexe qui dure depuis plus de deux décennies. C'est ce que pense le collectif des enseignants de tamazight à Béjaïa, qui relève que «cette année et même si l'Etat algérien a consacré tamazight langue nationale et officielle'' dans la dernière Constitution, le caractère facultatif de son enseignement s'éternise et relègue tamazight au bas de l'échelle dans l'école algérienne». Devant ce constat d'échec et de recul, le collectif des enseignants de tamazight de la wilaya de Béjaïa, dans un communiqué parvenu à notre rédaction, tire la sonnette d'alarme et interpelle les hautes autorités de l'Etat: «Si l'enseignement de la langue amazighe concerne de plus en plus d'établissements scolaires et tend à se généraliser en Kabylie, ailleurs, son caractère facultatif freine tout espoir de son épanouissement. L'Etat, escompte-t-il sauvegarder l'unité nationale et protéger les constantes de la nation avec le caractère facultatif de son enseignement?» Il serait inadmissible, pour le collectif, que des enseignants de tamazight à Alger, à quelques encablures du siège du ministère de l'Education, ou à Oran, Tlemcen, Relizane, ou d'autres wilayas soient obligés d'effectuer des tâches administratives, gérer des bibliothèques, garder les élèves lors des permanences, enseigner d'autres matières à l'exemple de ces enseignants de Ghardaïa ou de Bordj-Badji Mokhtar, affectés par leur académie, à compléter leurs horaires en enseignant la langue française. Pour le collectif, ces cas «renseignent sur le bricolage que connaît cette discipline dans l'école algérienne». A ce jour, la non-application des circulaires ministérielles par certains directeurs, la programmation des séances de tamazight en dehors des heures de l'organisation pédagogique en travaillant même le samedi, des décisions unipersonnelles de quelques directeurs «zélés» en supprimant même des postes affectés à cet enseignement, des enseignants de tamazight qui n'ont pas eu leur emploi du temps, sont autant de problèmes pour retarder toute prise en charge effective de l'enseignement de tamazight. Et pourtant, depuis l'officialisation de la langue amazighe, le gouvernement, à travers son ministère de l'Education, n'a pas cessé de répéter que l'Etat s'engage à prendre en charge ce dossier. Pour le collectif, le pouvoir s'est affiché clairement en manipulant pour circonscrire l'enseignement de tamazight à trois wilayas: «L'introduction de tamazight dans les 32 wilayas du pays n'est que de la poudre aux yeux! Un nombre insignifiant de postes budgétaires avec des concessions et des pressions sur les enseignants nous renseignent sur le fait ostentatoire de cet acte politique applaudi à toutes les échelles» lit-on dans le communiqué. Enfin, le collectif des enseignants de langue amazighe dénonce les entraves que connaît cet enseignement et les «pseudos responsables censés appliquer les décisions et promouvoir cette matière». Les enseignants de tamazight du collectif appellent l'ensemble de leurs collègues des différents paliers et d'autres wilayas à «se mobiliser contre cette énième offense aux martyrs de la cause amazighe. Il est plus que nécessaire, pour nous de se concerter, s'organiser et coordonner nos efforts afin d'entamer une série d'actions pour mettre un terme à cette situation».