Ne déviant pas de sa tactique, Donald Trump a foncé tête baissée dimanche soir dans des attaques virulentes contre Hillary Clinton pour tenter de sauver sa campagne Hillary Clinton n'a pas dévié de sa ligne directrice, consistant à faire de l'élection un référendum sur la personnalité de Donald Trump, présenté comme instable et sectaire. La dynamique électorale restait hier favorable à Hillary Clinton au lendemain du deuxième débat contre Donald Trump, un affrontement unique dans l'histoire présidentielle américaine par la virulence et la teneur personnelle des attaques. «Elle est en tête dans les sondages et elle ne s'est probablement pas fait de mal ce soir», a estimé Steven Smith, enseignant en sciences politiques de l'université de Washington, tandis que deux sondages donnaient l'avantage à la démocrate à l'issue du débat. Le candidat républicain à la Maison-Blanche avait besoin de briller pour rebondir après un week-end désastreux causé par la divulgation de propos dégradants sur les femmes tenus en 2005, et stopper les défections au sein de son camp. Mais le miracle ne s'est pas produit. Durant une heure et demie d'échanges tendus, il a certes fait preuve de plus de discipline qu'au premier débat, il y a deux semaines, attaquant sans relâche Hillary Clinton comme une représentante du statu quo contrôlée par les groupes d'intérêts. Il s'est excusé une nouvelle fois pour la vidéo retrou-vée et diffusée la semaine dernière, dans laquelle il est surpris racontant, avec vulgarité, la façon brutale dont il approche et touche les femmes qu'il désire, parfois sans leur consentement. Mais il a assorti ces excuses d'une contre-attaque extraordinaire, s'aventurant sur un terrain jusqu'ici considéré indigne d'un débat présidentiel: les allégations de frasques sexuelles contre le mari de son adversaire. «Si vous regardez Bill Clinton, c'est bien pire», a-t-il accusé. Dans le public, il avait invité trois femmes qui accusent depuis des décennies l'ancien président démocrate d'agressions sexuelles. Donald Trump a aussi traité Hillary Clinton de «diable», il a affirmé que son coeur était plein de haine, et promis de nommer un procureur spécial pour enquêter sur elle, la menaçant de prison. Hillary Clinton n'a pas dévié de sa ligne directrice, consistant à faire de l'élection un référendum sur la personnalité de Donald Trump, présenté comme instable et sectaire. Dans un long réquisitoire solennel, elle est revenue sur la façon dont Donald Trump parle des femmes mais aussi des immigrés et des musulmans. Chaque camp revendiquait la victoire dans les minutes et les heures suivant le débat. Mais deux sondages auprès des téléspectateurs donnaient l'avantage à Mme Clinton: 57% contre 34% pour Donald Trump selon CNN/ORC et 47%/42% selon un sondage moins tranché de Yougov où le reste des sondés estimait que le match avait donné un résultat nul. Robby Mook, directeur de campagne d'Hillary Clinton, estimait que Donald Trump n'avait pas réussi à «inverser la tendance» et obtenir le coup d'éclat dont sa candidature chancelante avait besoin. L'entourage de la démocrate estimait aussi que le républicain avait commis une faute politique en menaçant Mme Clinton de prison, tel un «dictateur de république bananière», et sous-entendait qu'il avait eu un comportement menaçant en se tenant debout derrière elle sur le plateau du débat. Pour l'analyste, Trump a essayé de «renforcer sa base, d'arrêter l'hémorragie (de ses soutiens) et d'empêcher sa candidature de se désagréger». Dans les couloirs du débat, qui avait lieu sur le campus de l'université Washington de Saint-Louis, les porte-paroles de Donald Trump étaient assaillis de questions sur des rumeurs de séparation du ticket formé par Donald Trump et son candidat à la vice-présidence, Mike Pence, un chrétien conservateur qui s'était dit «outré» par les paroles exhumées de l'homme d'affaires. Durant le débat, Donald Trump l'a publiquement désavoué sur la Syrie; Mike Pence avait appelé à ce que les Etats-Unis attaquent directement les forces syriennes afin de venir en aide aux civils d'Alep. Reste à savoir quel calcul politique feront cette semaine les républicains qui n'ont pas encore fait défection. Leur objectif est de conserver la majorité au Congrès lors des élections législatives qui auront lieu en même temps que la présidentielle, le 8 novembre.