Le rayon d'action des terroristes est aussi vaste que le cyber-espace Daesh se nourrit des ambitions hégémoniques des Occidentaux. En d'autres termes, le meilleur ami des terroristes, c'est encore l'impérialisme. Acculés en Irak et en Syrie, les terroristes de Daesh se redéploient au Maghreb et en Europe. Ce n'est pas là une analyse d'un expert, mais un cri d'alarme de l'ONU. Ainsi, ce qu'on l'on craignait est en train de se mettre en place, à en croire le troisième rapport du secrétaire général de l'ONU sur la paix et la sécurité internationales. Dans son document, Ban Ki-moon illustre son propos par les informations sur le démantèlement de plusieurs cellules de Daesh opéré ces derniers mois. C'est dire que l'organisation terroristes réveille ses réseaux dormants et les renforcent par des éléments opérationnels, aguerris et surtout très déterminés. Le défi pour les pays du Maghreb et d'Europe est d'autant plus grand que les terroristes connaissent parfaitement les moyens mis en oeuvre par les Etats pour leur barrer la route. Ils usent actuellement de méthodes encore insoupçonnées par les autorités des pays-cibles. Les experts supposent que l'émigration clandestine ne constitue pas le seul moyen d'accès au Maghreb et en Europe. En attendant d'en savoir plus sur les méthodes de Daesh, le risque d'attentat est au plus haut, affirme le rapport du secrétaire général. Le rayon d'action des terroristes est aussi vaste que le cyber-espace, dans lequel ils semblent avoir pris leurs quartiers. Le rapport note la capacité de Daesh de recourir an «Web caché». Un monde à lui tout seul, où tous les cyber-criminels se croisent. Cela a l'air de la science-fiction, mais la Toile a son underground et Daesh y est chez lui. Toutes les opérations «louches» montées dans ce cyber-monde, remontent assez facilement à la surface et posent de réels problèmes à de nombreux pays incapables de faire face efficacement à l'afflux «de combattants terroristes étrangers». Il est, en effet, très difficile, souligne le document de l'ONU, d'obtenir des renseignements sur des individus suspectés d'être «des combattants» de Daesh. Les indices qui plaident en faveur d'un retour massif des terroristes au Maghreb et en Europe ne manquent pas. La surveillance étroite de ces individus ne les a pas empêchés de passer à l'action et il semble que leur mode opératoire soit imparable. En effet, on peut placer un élément de Daesh en détention un certain temps, il reste un danger potentiel, car à sa sortie de prison, il est susceptible de commettre un attentat. Un véritable casse-tête pour tous les Etats de la région, qui n'ont jusque-là d'autres choix que de surveiller et arrêter les terroristes en situation de «flagrant délit». Le rapport s'inquiète également de la capacité de l'organisation terroriste à mener des attaques simultanées. Bruxelles, Istanbul et Paris, sont autant de villes témoins de cette stratégie meurtrière. Pour Ban Ki-moon, cela rend encore plus difficile le travail des forces de l'ordre. Bref, Daesh semble avoir découvert les points faibles des gouvernements et adapter ses actions en conséquence. Il faut dire que l'organisation terroriste a réussi à transformer des objets du quotidien en arme, ce qui augmente sa dangerosité et complique sérieusement le travail de toutes les polices maghrébines et européennes. C'est dire que la baisse de ses ressources financières suite à la pression qu'il subit en Syrie et en Irak n'aura pas d'influence sur ses opérations au Maghreb et en Europe. En d'autres termes, Daesh ne renvoie pas seulement des combattants dans ces régions, mais des armes prêtes à tuer par n'importe quel moyen. Et c'est là le facteur le plus inquiétant de l'équation terroriste du XXIe siècle. Celle-ci se mondialise sous un seul sigle, note le rapport qui insiste sur l'influence à l'extérieur de l'Iraq et de la Syrie, notamment au Yémen, en Afrique de l'Est, et en Asie du Sud-Est. Le secrétaire général adjoint aux Affaires politiques, Jeffrey Feltman, a affirmé lors d'un exposé devant les membres du Conseil de sécurité de l'ONU, qu'il a estimé qu'en plus des mesures militaires et sécuritaires, des «actions préventives» sur les causes profondes de l'extrémisme violent sont nécessaires. Mais il faut se rendre à l'évidence que sur ce terrain, Daesh conserve une avance considérable, puisqu'il parvient à retourner les visées stratégiques des Etats contre eux-mêmes en utilisant leurs propres citoyens. En fait, le rapport de l'ONU ne le dit pas, Daesh se nourrit des ambitions hégémoniques des Occidentaux. En d'autres termes, le meilleur ami des terroristes, c'est encore l'impérialisme.