Sur les 4 blessés originaires de Hong Kong, au moins deux d'entre eux sont « en danger de mort », a annoncé le ministre de l'Intérieur régional de Bavière, Joachim Herrmann, à la chaîne de télévision publique ZDF. Jusque-là épargnée par la vague d'attentats qui a sévi durement à Bruxelles, à Paris et à Orlando, l'Allemagne serait-elle une nouvelle cible ? A l'exception d'une attaque au couteau perpétrée, en février dernier, contre un policier par une adolescente turque de 15 ans à la motivation islamiste avérée, le scénario du pire paraissait jusqu'alors peu évident. Basculement ? Le nouveau mode opératoire renvoie inévitablement à la tragédie de Nice qui, l'une dans l'autre, posent assurément la problématique de la nouvelle guerre sur le sol occidental privilégié par l'organisation terroriste. Le tueur tunisien, Mohamed Lahouaiej-Bouhlel, et le jeune Afghan présentent le profil du « loup solitaire » lancé à l'assaut de la forteresse européenne. Le même profil du terroriste « radicalisé tout seul très récemment » plombe l'Europe qui s'interroge sur la pertinence de ce phénomène inquiétant. S'il se refuse à toute spéculation pour le moment, le ministre allemand a indiqué qu'il allait « soigneusement enquêter » sur les motivations de ce demandeur d'asile de 17 ans, inconnu des services de sécurité, pour déterminer son appartenance à l'organisation terroriste et savoir s'il s'est « radicalisé tout seul très récemment ». Face à la menace de Daech, l'Europe est confrontée à l'onde de choc provoquée par le « printemps arabe » des dérives terroristes sanglantes. Le retour de flamme, favorisé notamment par la présence de « combattants étrangers » de Daech de retour à leur pays d'origine et les « cellules dormantes », pose indéniablement la problématique de la responsabilité de l'Occident dans l'émergence et la consolidation du terrorisme international conçu comme un moyen de pression et de déstabilisation. Le cas de la Libye, livrée pieds et poings liés au règne chaotique des milices et de Daech rêvant d'un califat à Syrte, est symptomatique des errements de l'Otan, suscitant le mea-culpa d'Obama évoquant sa « pire erreur ». Cet aveu se renforce par le risque de redéploiement des cellules de Daech en perte de vitesse en Irak et en Syrie, chassé de Syrte et présenté comme une menace régionale sérieuse. Dans un rapport confidentiel présenté au Conseil de sécurité, le secrétaire général de l'ONU, Ban Ki-moon, a mis le doigt sur la gangrène terroriste. Il se dit convaincu que la défaite à Syrte à « portée de main » peut provoquer la reconstitution en cellules plus petites et plus dispersées géographiquement et la relocalisation au Sud et vers l'Ouest (Tunisie notamment). La sonnette d'alarme est tirée sur la menace terroriste au cœur du Maghreb et de la Méditerranée.