Fidèle à son image, le candidat républicain, tout en accusant les élections d'être truquées, refuse de s'engager à accepter le résultat Donald Trump a rompu mercredi soir de façon spectaculaire avec la tradition démocratique américaine, refusant de s'engager à accepter les résultats de l'élection présidentielle du 8 novembre. «Je verrai à ce moment- là», a déclaré le candidat républicain devant une audience médusée lors du dernier débat télévisé contre la démocrate Hillary Clinton organisé à Las Vegas. «Je vous laisse dans le suspense», a-t-il ajouté lors de cette confrontation, qui était probablement sa dernière chance d'endiguer son dévissage dans les sondages. «C'est terrifiant», a immédiatement riposté Mme Clinton. «Il dénigre et rabaisse notre démocratie. Je suis atterrée que le candidat de l'un de nos deux grands partis adopte ce genre de position». De son côté, le président Barack Obama a vivement réagi, en déclarant lors d'un meeting de soutien à Hillary Clinton à Miami (sud-est): «Lorsque vous évoquez des fraudes sans la moindre preuve, lorsque Trump devient le premier candidat d'un grand parti dans l'histoire américaine à laisser entendre qu'il n'accepterait pas la défaite (...) c'est grave». Hillary Clinton et Donald Trump se sont affrontés tout au long de ce débat, Hillary Clinton accusant son adversaire républicain d'être une «marionnette» du président russe Vladimir Poutine, Trump affirmant que Mme Clinton était derrière les femmes l'ayant récemment accusée d'agression sexuelle. Donald Trump est «l'homme le plus dangereux à avoir jamais voulu devenir président», a aussi asséné Hillary Clinton. «C'est une méchante femme», a affirmé de son côté Donald Trump, la traitant à plusieurs reprises de menteuse. L'ambiance n'aurait pas pu être plus glaciale. Les deux candidats à la Maison-Blanche ne se sont serré la main ni en arrivant ni en partant. Les époux des candidats ne se sont pas non plus salués avant le débat. Après un début plutôt studieux, M.Trump et Mme Clinton se sont opposés sur tous les sujets, de la Cour suprême en passant les armes à feu, l'avortement, l'immigration, l'économie, la Russie, la politique étrangère, le commerce international, la retraite, les impôts... Avant de refuser de s'engager à reconnaître le résultat de l'élection du 8 novembre, une tradition historique jamais mise en doute, Donald Trump a dénoncé comme depuis plusieurs jours un vote déjà «truqué», affirmant que «des millions de personnes» étaient inscrites à tort sur les listes électorales. «Elle ne devrait pas être autorisée à être candidate, et juste à cause de ça je dis que c'est truqué», a-t-il ajouté, en évoquant l'affaire des e-mails de Mme Clinton, «et tellement d'autres choses». Le colistier de Trump, Mike Pence, avait pourtant déclaré une heure avant le débat que le candidat républicain respecterait le verdict des urnes. Donald Trump a aussi affirmé que les récentes accusations de femmes dénonçant ses attouchements ou baisers imposés avaient été «largement démentis» et a affirmé qu'il ne les connaissait pas. «Et je me doute bien comment elles sont apparues. C'est elle (Hillary Clinton) qui a incité ces gens à parler», mais «tout cela c'est de la fiction», a-t-il affirmé. Mme Clinton l'a de son côté violemment attaqué pour ses prises de position favorables au président russe Vladimir Poutine. «Il est clair que vous n'admettrez pas que les Russes sont engagés dans des cyberattaques contre les Etats-Unis. Que vous avez encouragé l'espionnage contre notre peuple», a-t-elle déclaré. Hillary Clinton avait déjà gagné les deux premiers débats. Même si elle reste très impopulaire, beaucoup d'Américains doutant notamment de son honnêteté, elle a depuis connu une remontée dans les sondages, désormais à 46,3% des intentions de vote contre 39% pour M. Trump, selon la moyenne des dernières enquêtes d'opinion. Elle est aussi confortablement en tête dans la plupart des Etats-clés où se jouera l'élection. Un sondage à vif réalisé par la chaîne CNN la donnait gagnante de ce troisième débat à 52% contre 39% à son adversaire.