Le bureau politique sera-t-il reconduit? Opérer des changements ou pas, dans les deux cas de figure, le secrétaire général risque, sans doute, de réveiller les démons de part et d'autre. Il a convoqué son état-major à un conclave. Le nouveau secrétaire général du FLN est pressé de mettre ses empreintes. Quatre jours après sa nomination à la tête du plus grand parti politique, Djamel Ould Abbès ne traîne pas les pieds. Il réunit aujourd'hui les membres du bureau politique. Cette rencontre de travail, la première du genre, lui permettra de mettre en route son plan d'action et dispatcher les missions. «C'est une réunion d'actualisation du programme du bureau politique», a affirmé le porte-parole du FLN, Hocine Khaldoun. Y aura-t-il un changement dans les structures? Autrement dit, l'équipe du bureau politique sera-t-elle remplacée ou maintenue? C'est la question qui préoccupe plus d'un au sein du FLN. «Pourquoi voulez-vous qu'il y ait un changement? Le départ d'un responsable du parti ne signifie pas automatiquement le départ du staff», a soutenu le porte-parole du parti. Contacté par nos soins, ce membre du bureau politique soutient que «cela n'est pas une priorité. Le secrétaire général du parti a bien identifié ses priorités aussitôt qu'il a été désigné au poste de secrétaire général. La priorité des priorités est de préparer les prochaines échéances et de se réconcilier avec toutes les parties mécontentes», a-t-il soutenu. Effectivement, l'ancien ministre de la Santé est venu avec une mission bien identifiée à savoir recoller les morceaux pour ne pas aller en rangs dispersés aux élections. Cet appel adressé spécialement aux responsables du mouvement de redressement n'est pas tombé dans l'oreille d'un sourd. Les deux ailes du mouvement de redressement qui ont fait du départ de Saâdani leur cheval de bataille se disent soulagés. Ils estiment que l'appel lancé par le nouveau secrétaire général est une bonne chose. Abderahmane Belayat et Abdelkrim Abada, chacun faisant cavalier seul, sont entièrement disposés à tourner la page. Or, les redresseurs refusent de signer un chèque en blanc à Djamel Ould Abbès. Malgré le fait que ce dernier a exclu la marginalisation de tous les cadres et anciens responsables du parti il n'en demeure pas moins que les redresseurs ne se fient pas beaucoup aux déclarations. «Nous attendons des actes», a soutenu Abderahmane Belayat dans un entretien adressé à L'Expression. Pour lui, «le départ de Saâdani est une bonne chose, quelles que soient la forme ou les raisons qui ont été invoquées pour le justifier, mais il est insuffisant. Il faut que celui qui lui a succédé affiche sa disposition et une sincérité claire à mettre fin à la situation illégitime et illégale à tous égards à laquelle est parvenu le parti». Etalant ses conditions, M.Belayat estime que «le nouveau secrétaire général doit en premier lieu mener des contacts avec ceux qui ont rejeté l'illégalité dans laquelle on a noyé le parti depuis fin août 2013». L'ancien coordinateur national du bureau politique pense que seul un congrès extraordinaire pourrait remettre le parti sur la bonne voie. Le FLN a une double mission à mener, à savoir préparer les législatives avec la participation de tout le monde et convenir d'organiser un congrès rassembleur pour recoller les morceaux. De son côté, Abdelkrim Abada pose comme condition celle de remettre le parti sur de bonnes bases. «Nous exigeons de nettoyer le parti et d'éradiquer la corruption et de renvoyer les intrus, d'instaurer la démocratie et de respecter les textes du parti, de lutter contre les anciennes pratiques qui nous ont conduits à cette situation», a-t-il insisté. Ainsi la mission est loin d'être un simple exercice pour Ould Abbès. La réunification des rangs du parti promet un véritable casse-tête chinois pour Ould Abbès. Opérer des changements ou pas, dans les deux cas de figure, le secrétaire général risque de provoquer des foudres et de réveiller les démons de part et d'autre. Ce qui n'est pas dans l'intérêt du parti qui s'apprête à mener la bataille des législatives. D'ailleurs, au sein de l'APN, des rumeurs circulent déjà sur le retrait de confiance au chef du groupe parlementaire du parti, Mohammed Djemai. Vivement contesté par les élus du parti, M.Djemai qui est proche de Saâdani risque sérieusement sa place. «Pour le moment, nous attendons de voir les actions du nouveau secrétaire général avant d'agir», a affirmé Mouad Bouchareb, chef des redresseurs au sein de l'APN. Joint par téléphone, ce dernier assure que le départ du chef du groupe parlementaire est une question de temps.