L'Expression: Pensez-vous que le départ de Amar Saâdani mettra de l'ordre dans le parti qui subit une crise qui dure depuis des années? Abderrahmane Belayat: Le départ de Saâdani est une bonne chose quelles que soient la forme ou les raisons qui ont été invoquées pour le justifier, mais il est insuffisant. Il faut que celui qui lui a succédé affiche sa disposition et une sincérité claire à mettre fin à la situation illégitime et illégale à tous égards à laquelle est parvenu le parti. Le nouveau secrétaire général doit en premier lieu mener des contacts avec ceux qui ont rejeté l'illégalité dans laquelle on a noyé le parti depuis fin août 2013. La main tendue de Djamel Ould Abbès aux redresseurs et opposants de Saâdani contribuera-t-elle à régler la crise qui n'a cessé de secouer le FLN? Si l'on tient compte du fait accompli, on ne ferme pas définitivement les portes du dialogue car on est disposé à mener un travail commun à travers une double mission: préparer les législatives avec la participation de tout le monde et convenir d'organiser un congrès rassembleur pour recoller les morceaux. Ould Abbès refuse de changer la composante du bureau politique et celle du comité central, qu'en dites-vous? S'ils persistent à maintenir cette situation marquée par un statu quo, le FLN butera sur un échec cuisant. Par conséquent, les responsables de cette dérive doivent assumer leur responsabilité devant les militants et le président de la République car à travers leur volonté de maintenir vaille que vaille le pourrissement, ils agissent contre les intérêts du parti et son président, Abdelaziz Bouteflika. Croyez-vous à la thèse selon laquelle la démission de Saâdani a été imposée et n'est pas due à des raisons de santé comme il l'a soutenue lui-même? On ne peut se prévaloir de ses propres turpitudes. Cela est valable pour Amar Saâdani et pour ceux qui veulent rester dans la même situation. Quelle sera d'après vous l'impact de la destitution de Saâdani sur la scène politique, particulièrement sur le RND? Le RND est à l'affût par rapport à l'évolution de la nouvelle situation prévalant au sein du FLN. Toutefois, l'obstination à entretenir le statu quo au sein du parti, ouvre de grandes autoroutes au RND, qui jubile déjà. Ce parti jouera sur du velours lors des prochaines échéances électorales. La direction unifiée du FLN est-elle tentée par les prochaines législatives? Je répète que la meilleure façon d'aborder ces joutes est d'y aller en rangs unis et serrés. Dans le cas contraire, ce sera une véritable débandade. Le camouflet qui sera infligé au FLN agonisant, lors des législatives, risque de l'emporter. Cet ultime affront sera la dernière étape avant sa disparition. En tout état de cause, on n'est pas disposé à se mettre sous l'aile d'Ould Abbès à moins qu'on daigne ordonner l'installation d' une commission ad hoc en vue de régler les vrais problèmes du parti.