L'opérateur s'étend aux agglomérations de moins de 2000 habitants, actuellement non desservies par un quelconque réseau. La stratégie de l'opérateur égyptien Orascom Télécom en Algérie va au-delà d'une simple comptabilité du nombre d'abonnés. C'est ce que l'on aura compris à travers les propos du directeur général d'OTA, lors du forum d'El Moudjahid, dont il a été l'invité hier. Evoquant les projets de cette entreprise dans le domaine large des télécommunications, M.Hassan Kabbani a mis en exergue l'opération de mise en place d'une fibre optique reliant Alger et Annaba à Marseille, financée par OTA à hauteur de 26 millions d'euros. Cette liaison destinée au transit de la voix, mais également des données vidéo et autres informatiques, constitue, affirme M.Kabbani, une formidable opportunité pour l'Algérie qui sera, de fait, une interface entre l'Europe et l'Afrique. Insistant sur la rentabilité commerciale de ce projet, dont l'entrée en service est prévue pour le second semestre de l'année en cours, le DG d'OTA a tenu à souligner l'importance de la place de l'Algérie dans la stratégie de développement du leader arabe de téléphonie mobile. A ce propos, M. Kabbani n'omet pas de rappeler que son entreprise a déjà acquis en juillet de l'année dernière une licence VSAT et, récemment une autre de téléphonie fixe en partenariat avec Egypt Télécom. Autant de projets qui porteront le niveau d'investissement d'OTA en Algérie à plus de 2 milliards de dollars d'ici à la fin 2005. Pour l'heure, l'opérateur égyptien a déjà mis 1,7 milliard de dollars dans le développement de son réseau GSM qui dispose de plus de 2000 BTS et 8 swichs, ce qui lui vaut une capacité de plus 6 millions de lignes. M.Kabbani a révélé que les équipes d'OTA sont à pied d'oeuvre pour développer encore plus le réseau, à raison de plus d'une centaine d'antennes par mois et compte développer la capacité du réseau à plus de 8 millions de lignes en décembre 2005, largement suffisant, dit-il, pour absorber les 6 millions d'abonnés que Djezzy compte avoir à cette échéance. Le pari de cet opérateur est d'autant plus réalisable qu'il s'attaque aux agglomérations de moins de 2000 habitants, actuellement non desservies par un quelconque réseau de téléphonie mobile.Tous ces éléments plaident pour une volonté claire de l'opérateur déjà présent dans plusieurs marchés, couvrant une population de plus de 500 millions d'habitants, de faire de l'Algérie la colonne vertébrale du groupe Orascom, d'autant, assure M.Kabbani, que l'évolution du marché algérien constitue un record mondial dans le domaine de la téléphonie mobile. «Réaliser plus de 4 millions d'abonnés en trois ans d'exercice est une performance très rare de par le monde», insiste-t-il, tout en affirmant qu'en proportion, le marché algérien est de loin le plus prometteur de l'opérateur égyptien. M.Kabbani explique cela par le fait qu'en Egypte par exemple, le GSM qui a connu un essor depuis 1998, compte 9 millions d'utilisateurs sur plus de 62 millions d'habitants, alors que l'Algérie a déjà atteint son six millionième abonné, tous opérateurs confondus, sur une population de 32 millions de personnes, en trois ans seulement. Cela démontre la progression exponentielle d'un marché plus que prometteur. Cela, l'opérateur égyptien l'avait déjà prévu en soumissionnant pour la seconde licence GSM, en proposant 730 millions de dollars, alors que la deuxième offre, celle de France Télécom, n'était que de 430 millions de dollars. M.Kabbani a tenu à rappeler cette épisode, pour insister sur le bien-fondé de la démarche d'Orascom qui a réussi le formidable pari de démocratiser le mobile en Algérie, avec en sus un service après-vente et un service clients digne des plus grands opérateurs internationaux. «Nous ne vendons pas seulement un produit, mais un service», relève le DG d'OTA, signalant au passage que Djezzy dispose du plus important service clients de toute la région du Maghreb, avec en prime un personnel qualifié et disponible 24 heures sur 24. Le souci de contenter le client algérien, que M.Kabbani qualifie de très exigeant et rationnel dans l'utilisation de l'outil de télécommunication, passe pour être la préoccupation n°1 de l'opérateur égyptien. Et pour cause, Djezzy ne veut toujours pas mettre le Gprs sur son réseau, pour la simple raison qu'il ne veut pas décevoir ses millions d'abonnés.«Nous avons la technologie mais nous sommes convaincus que le service que nous pourrons offrir pour le moment ne peut répondre aux attentes des Algériens. Nous ne voulons pas décevoir nos abonnés. Le jour où nous mettrons le Gprs sur le marché, sachez que c'est pour qu'il serve à quelque chose», insiste le conférencier qui constate que l'Algérien ne s'équipe pas d'un portable pour frimer. «Pour l'Algérien, le mobile est un outil qui répond à une fonction précise et il est inutile d'offrir des services qui, au lieu de satisfaire une demande, sont susceptibles de créer des mécontentements pour la simple raison que lesdits services ne cadrent pas avec ce que demande le consommateur». C'est donc dans un profond souci de respect de ses clients qu'OTA refuse toujours de faire profiter les millions d'abonnés d'une option dont il n'ont objectivement rien à faire. Cela étant, M.Kabbani n'écarte pas du tout l'éventualité d'activer le Gprs sur son réseau, mais à condition que cela soit accompagné d'une gamme de services qui servent les Algériens dans leur quotidien.