Un repère de valeurs universelles d'humanité «La reconnaissance est la mémoire du coeur.» Hans Christian Andersen. Déjà une année en cette veille du 62éme anniversaire du lumineux 1er Novembre 1954, plus précisément le 29 octobre 2015 date fatidique, où la regrettée Claudine Chaulet a quitté à jamais ses amis très nombreux, ses anciens étudiants qui l'aimaient tant, et ses compagnons de lutte et de combat pour les causes justes. Un parcours riche et fécond où aux côtés de son époux le Pr Pierre Chaulet, elle a oeuvré inlassablement avec abnégation et constance pour la libération de son pays, l'Algérie, du joug colonial français. Le couple Claudine et Pierre Chaulet Un couple humaniste d'exemplarité qui a fait un choix pour s'engager à l'époque dans une voie périlleuse, car ne l'oublions pas que les Chaulet français et européens étaient de par leur appartenance d'origine de l'autre côté de la barrière de ceux qu'on appelait, ironie du sort, indigènes dans le pays de leurs propres ancêtres. Une démonstration éclatante de l'élite intellectuelle française qui, bien qu'à l'abri de la discrimination sociale et de l'aveugle ségrégation colonialiste, a très tôt opté pour le camp des opprimés et des spoliés en lutte pour la libération de l'Algérie. C'est ainsi que le couple Chaulet était dès la première heure au rendez-vous de l'Histoire pour servir avec de grandes motivations et convictions la Révolution algérienne qui était une symbolique d'un idéal de liberté et de justice d'un peuple victime d'une colonisation barbare. Abane Ramdane et ses refuges chez les Chaulet De l'hébergement en leur domicile des dirigeants de premier plan de la guerre de Libération nationale à l'image de Abane Ramdane, ennemi numéro un, super-activement recherché par toutes les polices, l'armée et les services de sécurité en alerte permanente, au transport de celui-ci à bord de leur historique 2CV qui traversait d'impressionnants barrages militaires au nez et à la barbe de troupes qui sur le «qui vive» ne pouvaient même pas rêver un instant du passager qui leur filait sous les doigts. Claudine et Pierre Chaulet ont accompli une noble mission de lutte civilisatrice, au péril de leurs vies et consenti par la même à tous les sacrifices et aux pires des risques pour leurs familles. Pour l'anecdote, l'état de grossesse de Claudine Chaulet (enceinte), facilitait d'abord ce subterfuge et ensuite à la naissance du bébé Luc, ses langes ont servi à dissimuler des documents de grande importance stratégique de la révolution. Après avoir rejoint Tunis qui était la capitale de la Révolution algérienne, les Chaulet se sont investis avec ténacité dans le combat libérateur aux côtés de leurs compagnons de lutte. Parmi eux l'illustre théoricien de la révolution et auteur de «l'An V de la révolution algérienne» Frantz Fanon et tant d'autres nombreux pour être tous cités ici. Le célèbre et regretté militant, reporter-photographe, une véritable mémoire iconographique de référence universelle de la guerre de Libération Mohamed Kouaci et qui était l'ami de l'auteur de ces lignes, m'a toujours fait part de son admiration et de son affection pour le couple Chaulet qu'il citait en modèle de foi militante et d'amour pour la terre d'Algérie Engagement pour une Algérie libre A l'indépendance de notre pays Pierre Chaulet, en Professeur de pneumologie de notoriété, a oeuvré pour l'éradication du fléau de la tuberculose, tandis que Claudine sa compagne, Professeur émérite en sociologie a assuré la formation de générations d'étudiants devenus plus tard des références universitaires, tant en Algérie que dans le monde. Dans ce contexte, il y a également lieu de rappeler l'apport précieux de cette spécialiste avérée pour le projet de développement de l'agriculture algérienne qui lui a été confié à l'époque pour des études scientifiques de sociologie rurale et de la paysannerie. Toujours dans la vision réaliste qui fut la leur Claudine et Pierre Chaulet ont immortalisé la raison et le sens de leur vie par un choix fondamental, celui de l'adhésion et de l'engagement par le sacrifice et l'action militante en direction du peuple algérien en lutte pour le recouvrement de sa souveraineté. C'est sous leur plume qu'est née l'éclatante anthologie mémorielle «Le choix de l'Algérie, deux voix, une mémoire» une oeuvre scintillante, brillamment préfacée par Rédha Malek un de leur compagnon de lutte. Celle-ci de par sa dimension historique incarnera un acte suprême de conscience et de solidarité humaines accompli à une période charnière, complexe et décisive du destin de l'Algérie combattante. Une belle et resplendissante fresque tramée avec les principes et les aspirations hautement humanistes de lutte pour l'Indépendance d'une Algérie meurtrie plus d'un siècle durant dans l'infamie de l'injustice, de l'oppression et du déni existentiel à une nation Ainsi, une leçon magistrale du siècle a été administrée à une France officielle, ultracolonialiste, frappée de cécité politique à travers le parcours et l'itinéraire glorieux de Claudine et Pierre Chaulet avec de nombreux autres compatriotes de même souche qui ont milité pour l'honneur d'une autre France profonde, celle des droits de l'homme et de la liberté. Un testament posthume d'éternité qui constituera un guide d'idéal, d'engagement et, d'attachement viscéralement chevillé à une cause juste pour une chère patrie affective enfin retrouvée. Repos éternel en terre d'Algérie Maintenant Claudine Chaulet repose sereine dans la paix céleste au cimetière d'El Madania en sa douce terre d'Algérie qui a été sa trajectoire ascendante de militantisme et d'actions pour le renouveau d'un monde de justice et d'équité. Ceci à l'évocation inoubliable de la communion collective de reconnaissance, de gratitude et d'affection célébrée en la circonstance par une foule populaire d'admirateurs et d'amis fidèles qui l'ont accompagnée dans une grande émotion à sa dernière demeure en une pensée éternelle de l'ultime adieu Elle a ainsi rejoint Pierre, son époux et fidèle compagnon de vie pour la dernière fois à dessein d'incruster dans la mémoire collective une empreinte indélébile des valeurs universelles d'humanité. A eux deux, ils perpétueront désormais pour la postérité la forte symbolique de sacrifice et d'engagement pour un idéal de justice au Panthéon de la patrie reconnaissante au dévouement des meilleurs de ses enfants dont le souvenir sera immortalisé en legs aux générations montantes. [email protected]