Ils ont choisi leur camp dès leur jeunesse Une femme qui avait l'Algérie chevillée au corps, qui ne s'est jamais posée la question de son appartenance épousant le plus naturellement du monde la cause nationale qui était la sienne dès le déclenchement de la guerre de Libération nationale. Elle est partie! Trois ans après son mari le Moudjahid, Pierre Chaulet, la Moudjahida Claudine Chaulet, née Guillot, est décédée jeudi, 29 octobre, à Alger à l'âge de 84 ans, trois ans après le décès du professeur Pierre Chaulet (12 octobre 2012) à l'âge de 82 ans. Voilà une femme qui avait l'Algérie chevillée au corps, qui ne s'est jamais posée la question de son appartenance épousant le plus naturellement du monde la cause nationale qui était la sienne dès le déclenchement de la guerre de Libération nationale. Son décès intervient à la veille de la célébration du 61e anniversaire de la Révolution du 1er Novembre 1954 à laquelle elle et son époux, Pierre Chaulet, ont pleinement participé. Claudine Guillot et Pierre Chaulet - peut-on en fait parler séparément de ces deux êtres rares que la guerre d'Algérie a fait se rencontrer (une étrange coïncidence les fait se rencontrer en novembre et quitter ce bas monde en octobre) les soudant et les unissant à jamais? - ont fait des choix de vie (sociétaux et politique) qui les ont engagés avec ce pays jusqu'à leur mort. En effet, dans l'introduction du livre de Claudine et Pierre Chaulet «Le choix de l'Algérie: Deux voix, une mémoire» il était écrit: «Le 21 novembre 1954, Pierre Chaulet fait la connaissance de Claudine Guillot chez le professeur André Mandouze où avec un ami, il avait amené, dans l'urgence, Abdelhamid Mehri et Salah Louanchi dont la planque était grillée.» Ainsi, la guerre d'Algérie avait fait se connaître deux personnes exceptionnelles qui allaient se vouer totalement à la défense de leur pays donnant à l'Algérie le meilleur d'eux-mêmes. Cette grande dame a été une résistante au grand coeur s'engageant corps et âme pour son pays l'Algérie qu'elle servira dans la militance, pendant la guerre, participant activement à son développement après l'indépendance. Face à des êtres tels que Claudine et Pierre Chaulet on s'incline bien bas, car les mots sont parfois impuissants à faire dire tout le mérite que ces deux citoyens ont fait pour la nation. Qui est Claudine Chaulet? Fille d'un officier de gendarmerie et d'une enseignante, Claudine Guillot est née en 1931 à Longeau en Haute-Marne (France). Elle débarque à Alger en 1941 où elle va suivre les cours du professeur André Mandouze. Un homme tout aussi exceptionnel qui a soutenu et aidé la Révolution algérienne, venu en Algérie en 1946 pour préparer une thèse en Sorbonne consacrée à un grand Algérien: saint Augustin. C'est donc auprès d'hommes de la trempe d'André Mandouze et du cardinal Duval, archevêque d'Alger, qui militaient tous deux pour l'indépendance de l'Algérie que la jeune Claudine va se forger et faire ses choix de vie. Son destin semblait ainsi tracé qui lui fit croiser celui qui deviendra son compagnon de toujours, Pierre Chaulet. C'était à Hydra, un jour de novembre 1954 chez André Mandouze. C'est ainsi qu'elle raconte [dans le livre co-écrit avec Pierre Chaulet «Le choix de l'Algérie»] sa rencontre avec son futur mari «Ce soir-là sont venus les deux Pierre (Chaulet et Roche) et deux personnes non prévues qui avaient besoin d'asile, Abdelhamid Mehri et Salah Louanchi (...) Quand vers la fin de mon séjour, le 6 janvier 1955, Pierre Chaulet m'a demandé si j'étais d'accord pour continuer avec lui, j'ai dit oui.» Un oui qui l'engagera pour la vie, pour la mort. Le couple Chaulet s'est ainsi formé qui marchera la main dans la main vers son destin dans un engagement jamais démenti pour l'Algérie. Les Chaulet ont largement pris leur part dans la lutte de libération de l'Algérie, comme dans sa construction et son développement. Claudine Chaulet a ainsi, entre autres, transporté dans les langes de son bébé la plate-forme de la Soummam, exfiltrant Abane Ramdane à Blida, le jour même où son mari était arrêté par la DST. Après l'indépendance, la sociologue mettra toute sa compétence et son savoir à la disposition de son pays, par un travail exemplaire sur le terrain en milieu paysan, avant d'assurer à partir de 1970 des cours à l'université d'Alger, jusqu'à sa retraite. Les noms de Claudine et Pierre Chaulet, femme et homme de justice, brilleront à jamais au Panthéon de l'Algérie. L'enterrement de la Moudjahida aura lieu aujourd'hui, au cimetière d'El Madania à Alger, aux côtés de son mari, le médecin et militant anticolonialiste, le Moudjahid Pierre Chaulet, a-t-on indiqué hier.