L'Alliance présidentielle majoritaire a totalement étouffé la voix dissonante du PT. En attendant les sénateurs, les députés ont adopté, hier, les deux ordonnances présidentielles amendant le code de la nationalité et celui de la famille ainsi que l'accord d'association avec l'UE, lors de la première séance, et de quelle manière ! Avec un unanimisme galopant. Sur les 234 députés présents, seuls les élus du PT ont voté contre le code de la famille et ceux d'El Islah qui se sont abstenus. A l'intérieur de l'hémicycle, le carré du PT paraissait, hier, comme un îlot isolé qui contraste avec le décor des mains levées, un trouble-fête. L'Alliance présidentielle largement majoritaire et qui a vraisemblablement reçu une consigne de vote «venue d'en haut» a complètement étouffé la voix dissonante du PT. En contrepartie de cette homogénéité apparente, c'est l'aile islamiste qui en tire profit, notamment dans l'adoption des amendements au code de la famille. Le texte est dénoncé par certaines associations de défense des , estimant qu´il n´avait pas répondu à leur attente d´abrogation du Code de 1984, a fait la joie du courant islamiste au sein de l'Alliance «On a combattu les laïcs et la laïcisation de la société algérienne et nous sommes aujourd'hui fiers que les amendements concordent avec les voeux de la société algérienne. D'ailleurs le sondage du gouvernement affirme que plus de 75 % des Algériens sont contre la suppression du wali. On a fait notre campagne au moment où il le fallait pour que les amendements ne soient pas en contradiction avec l'esprit de la charia», s'est réjoui le chef du groupe parlementaire du MSP. L´Assemblée a également voté à l´unanimité l'ordonnance amendant l´actuel code de la nationalité, reconnaissant notamment la double nationalité. Le texte propose notamment "la suppression de la condition de répudiation de la nationalité d´origine pour acquérir la nationalité algérienne". Les opposants à ce nouveau code pensent que la seule avancée a été «l´obligation pour l´époux d´assurer, en cas de divorce, le logement à ses enfants mineurs dont la garde est confiée à la mère". De son côté, le ministre de la Justice, garde des Sceaux, Tayeb Belaïz, a estimé que le vote de ces deux codes «constitue un jalon supplémentaire pour le renforcement du système juridique du pays et la concrétisation de la volonté politique de l´Etat à hisser les textes législatifs au niveau des lois internationales». Mais ce qui est frappant, dans le vote d'hier au sein de l'hémicycle, c'était l'impression qui se dégageait du décor. Comme si le député est acculé à acquiescer, à mettre en congé ses opinions et ses convictions, à chanter les mérites et la clairvoyance des idées «venues d'ailleurs». Les idées venues d'ailleurs ou imposées, constituent le bon choix pour changer la trajectoire d´une carrière déjà compromise pour être sur la rampe de lancement d´une prometteuse autre carrière. Les députés l'ont compris et assimilé. Ce qu´ils appelaient, durant leur campagne électorale, la politique alimentaire, est devenue le politiquement correct, l´objet d´un consensus généralisé. Chacun veut sa part du gâteau et nul ne crache sur les miettes ou les restes du festin. L'actuelle Assemblée aura marqué son passage dans l'histoire de l'Algérie pluraliste.