Il est possible de bâtir une économie diversifiée Reconnaissant le caractère encore insuffisant des actions du gouvernement, le chef de l'Etat met néanmoins en évidence les efforts de l'Exécutif. La situation financière que traverse le pays n'est pas une fatalité. Il est possible d'en sortir. C'est en substance le message du chef de l'Etat qui estime le défi «à notre portée», à la condition d'une mobilisation nationale effective. «Le nouveau modèle de croissance adopté récemment permettra une mise en valeur plus intense de nos riches potentialités pour bâtir une économie plus diversifiée, capable de répondre aux besoins de notre jeunesse en emplois, et à même de pérenniser nos options sociales», a souligné le chef de l'Etat, comme pour appeler à une mobilisation des Algériens derrière le nouveau modèle de croissance, histoire de «partager l'effort que nous imposent nos difficultés financières conjoncturelles, afin de poursuivre notre processus prometteur de développement». Il faut dire que le concept de «partage de l'effort» demeure un peu flou et les Algériens ne parviennent pas à le traduire sur le terrain. Il faut dire que sans le sens du «partage», il sera plus compliqué de faire face à la situation, mais le président affirme dans son message que le défi du développement économique et social doit être poursuivi et intensifié. C'est peut-être à ce prix que les citoyens comprendront le sens profond du message présidentiel. Il y a donc dans le nouveau modèle économique, des actions concrètes destinées à donner le signal qu'il faut à la société quant au bien-fondé de la démarche du gouvernement. Sur le sujet, le président de la République est très à l'aise lorsqu'il soutient que «des efforts gigantesques ont été investis, et des résultats remarquables ont été atteints», ces dernières années. Une réalité palpable au quotidien par les Algériens. Cela n'est pas tombé du ciel. «Des centaines de milliards de dollars de revenus pétroliers ont été mobilisés, notamment pour la construction des écoles, des universités, des hôpitaux, des logements, des amenées d'énergie et d'eau courante, ainsi que dans les infrastructures de base», a insisté le chef de l'Etat. Tous ces acquis ne sont pas à remettre en cause, mais plutôt à capitaliser à travers une «mobilisation» de la société, maintenant que l'argent vient à manquer. Reconnaissant le caractère encore insuffisant des actions du gouvernement, en rapport avec l'importante demande sociale, le chef de l'Etat met néanmoins en évidence les efforts de l'Exécutif, qui «sont une affirmation palpable de l'attachement de l'Etat à la justice sociale et à la solidarité nationale». Cela étant dit, le président Bouteflika met en exergue la brutalité de la détérioration des revenus du pays, «comme c'est le cas des autres pays producteurs de pétrole». Il devient évident que l'Etat et la société doivent revoir leur train de vie, tout en déployant le nouveau modèle de croissance à même d'éloigner le pays de la zone de dépendance aux hydrocarbures. Mais tout compte fait, l'Algérie encaisse très bien le coup en comparaison avec d'autres pays. Cela est la conséquence du remboursement anticipé de la dette extérieure et d'une gestion prudente des réserves de changes. Ces deux décisions «nous permettent aujourd'hui de préserver notre indépendance de décision économique», affirme le président de la République dans son message. Cette marge salutaire constitue pour le président «un motif supplémentaire d'en appeler à une mobilisation nationale pour partager l'effort que nous imposent nos difficultés financières conjoncturelles, afin de poursuivre notre processus prometteur de développement». Le défi, en fait, n'est pas seulement d'accuser le coup, mais surtout de poursuivre dans la dynamique de croissance que vit le pays. Cela passe par l'accélération et l'approfondissement de «nos réformes pour la modernisation de la gouvernance, la dynamisation de l'investissement, et pour une efficacité accrue de la dépense publique, des domaines parmi d'autres, où nous enregistrons, chaque jour déjà, des progrès prometteurs». Tout un programme.