Baghdad l'Eternité est le titre du dernier CD de cette artiste qui n'a de cesse de faire des progrès dans le domaine de la recherche et de la création pour faire découvrir son patrimoine. Le raffinement du maqam irakien se posera, ce soir à partir de 21h, à la salle Ibn Khaldoun. Dans le cadre de la tenue du Sommet arabe, l'établissement Arts et Culture a mis sur pied un riche programme culturel et artistique. Le programme comprendra ainsi le concert de Farida Mohamed Ali dont c'est la seconde fois qu'elle se produit en Algérie. «Je remercie pour cette invitation qui me permet de renouer avec l'Algérie. Je suis fière d'être mieux connue, cette fois-ci, par le public algérien dont l'amour et l'accueil m'ont beaucoup touchée», dit-elle en substance lors d'une conférence animée hier matin, et d'ajouter: «Les Irakiens et les Algériens vont assister à la soirée, cela prouve que les Algériens apprécient l'art irakien.» Accompagnée de son mari et chef d'orchestre, Mohamed Hocine Gomar, la cantatrice irakienne dira que «le goût des Algériens dénote sa savante culture». Et d'expliquer: «En vérité, le maqam irakien est l'une des couleurs musicales les plus prisées en Irak lequel relève de certaines règles rigoureuses et composé de cinq parties.» Mme Farida Mohamed Ali relèvera que «le côté religieux du maqam était exclusivement interprété par les hommes, interdit aux . Avec le temps, dans les années 50, des ont chanté le maqam, mais de façon très sommaire. Mais avec l'évolution des moyens de communication, le maqam est sorti des cafés et s'est propagé». La chanteuse irakienne dit avoir appris le maqam académique en l'étudiant notamment avec des professeurs, tels que Mounir Bachir. Son amour pour le maqam, pour sa richesse, l'a amené à procéder à des recherches pour le faire connaître à un large public. Cependant, à l'image d'une Beihdja Rahal et son travail sur la nouba, elle bute devant l'esprit réducteur des puritains qui récusent son travail. Ceux-là en particulier ces «lecteurs de maqam ont, dit-elle, un manque de savoir». Car elle insiste sur le respect du patrimoine qui se doit d'être authentique mais dit apporter sa touche personnelle pour coller ainsi à l'ère du temps et ce, en innovant sur le plan de la forme et non du contenu. Ce soir, nous révèle-t-elle, elle interprétera le maqam olfa, el haouzi et d'autres exemples du maqam el khalidji et notamment des textes de Mahmoud Derwich. «Quand je chante, peu importe l'endroit où je suis, à chaque festival, je porte sur mes épaules le nom de l'Irak. On reste optimiste quant à l'éveil d'un Irak debout pour les générations futures. Certes, je suis à l'étranger (Hollande), mais mes efforts vont pour l'Irak et le renouveau irakien», confie la chanteuse charismatique à la voix puissante. Installée depuis 1997 en Hollande, la troupe du maqam irakien, fondée en 1989 par l'artiste, a été créée avec l'appui des autorités artistiques et culturelles hollandaises et par son fondateur Hocine Komor qui ont créé «l'établissement du maqam irakien». Ce dernier a pour objectifs la sauvegarde et le classement du riche patrimoine populaire qui regroupe un répertoire très riche et diversifié. Il veille aussi à transmettre ce riche patrimoine à la nouvelle génération par la création des établissements spécialisés dans l'enseignement de ce genre de musique populaire. Les membres de cette troupe artistique sont tous des anciens étudiants de l'Institut de musique du maqam irakien et de l'université des Beaux-Arts. Il est à noter que cette troupe demeure l'une des plus importantes troupes musicales patrimoniales en Irak. En 2000, Farida Mohamed Ali a été élue pour la meilleure interprétation féminine pour son CD parmi les meilleurs CD classés mondialement, organisé par la revue anglaise Songlines (Londres). La plupart de ces maqams ont été enregistrés sur CD, ils regroupent près de 20 titres : maqam rast, maqam el makhtalif, makam decht, maqam el madma, etc. La chanteuse possède six CD dont le dernier sorti en 2004 intitulé Baghdad l'Eternité. Pour qui elle chantera ce soir de tout son coeur!