Les forces irakiennes qui tentent de rentrer au coeur de Mossoul, rencontrent une forte résistance de la part du groupe «Etat islamique» Les forces spéciales irakiennes étaient à nouveau engagées hier dans l'est de Mossoul au lendemain d'une première tentative contrée par une résistance acharnée de la part des jihadistes dans leur dernier grand bastion en Irak. Sur un autre front au sud de Mossoul, l'armée et la police fédérale ont lancé un assaut sur l'une des dernières localités d'importance encore aux mains du groupe Etat islamique (EI) dans les environs de la deuxième ville d'Irak, où elles progressent lentement. Le déplacement massif des plus d'un million de civils pris au piège à Mossoul que craignent les organisations humanitaires n'a pas encore eu lieu mais le nombre de déplacés par les combats ne cesse de grimper depuis le début il y a près de trois semaines de l'offensive des forces irakiennes.«Nos forces sont en ce moment engagées dans des combats féroces dans les quartiers est de Mossoul», a indiqué Sabah al-Nomane, porte-parole des forces d'élite du contre-terrorisme (CTS). La bataille se fait «maison par maison», a-t-il affirmé. A Bartalla, une localité à l'est de Mossoul que les forces irakiennes utilisent comme base arrière, des ambulances font régulièrement des allers-retour pour évacuer du front des blessés. Vendredi, des unités du CTS avaient tenté une incursion dans l'est de Mossoul mais avaient été repoussés par des tirs ininterrompus des jihadistes, qui avaient installé des barrières et des bombes dans les rues. «Nous ne nous attendions pas à une telle résistance», a expliqué un officier du CTS sous couvert de l'anonymat. «Les jihadistes sont très nombreux. Il était préférable de se replier et d'élaborer un nouveau plan». Cette résistance féroce qui a ralenti l'avancée de ces forces d'élite semble contredire les informations selon lesquelles l'EI aurait déplacé une grande partie de ses combattants vers l'ouest de la ville, de l'autre côté du fleuve Tigre. Jeudi, le chef de l'EI Abou Bakr al-Baghdadi avait exhorté dans un message audio ses troupes - quelque 3000 à 5000 jihadistes à Mossoul selon des estimations américaines - à lutter jusqu'au martyre pour défendre la ville d'où il avait proclamé en juin 2014 l'instauration d'un «califat». Au sud de Mossoul, «les forces de l'armée et de la police fédérale attaquent (la zone de) Hamam al-Alil par trois côtés, avec le soutien de l'aviation» irakienne, a indiqué le général Abdelamir Yarallah dans un communiqué du commandement conjoint des opérations. L'avancée de ces forces qui remontent par la vallée du Tigre vers le nord a été ralentie par les engins explosifs posés par les jihadistes dans les villages, ainsi que pour assurer la sécurité des civils et leur éviter d'être pris dans des échanges de tirs. Dans un communiqué, le ministère irakien pour les Migrations a indiqué avoir accueilli 9000 personnes déplacées par les combats au cours des deux derniers jours. Il a par ailleurs comptabilisé 29 539 déplacés depuis le début le 17 octobre de l'offensive sur Mossoul. Les organisations humanitaires mènent une course contre la montre pour renforcer leurs capacités d'accueil avant l'exode massif des habitants de Mossoul qu'elles redoutent. La coalition internationale sous commandement américain a assuré avoir intensifié ses frappes aériennes ces derniers jours, même si les troupes irakiennes au sol réclament un soutien plus important. «Nouvelles avancées sur tous les axes. Encore du chemin à parcourir mais nous sommes en avance sur le programme», a affirmé dans un message sur les réseaux sociaux Brett McGurk, l'émissaire américain auprès de la coalition internationale. Le Premier ministre irakien Haider al-Abadi qui s'est rendu plusieurs fois au front depuis le début des opérations, a exprimé le souhait de voir son pays débarrassé de l'EI avant la fin de l'année. Mais des responsables américains et d'autres pays ont averti que l'offensive pour la prise de Mossoul pourrait durer des semaines voire des mois.