Les forces irakiennes, appuyées par la coalition internationale antiterroriste, progressaient mercredi dans leur offensive pour chasser le groupe autoproclamé "Etat islamique"(Daech/EI) de Mossoul, ce qui soulève les craintes de voir les membres de l'organisation terroriste fuir vers la ville syrienne de Raqa ou retourner dans leurs pays d'origine. "Sur notre front, nous sommes désormais à cinq ou six kilomètres de Mossoul", a déclaré le général Abdelghani al-Assadi, le commandant des unités d'élite irakiennes du contre-terrorisme (CTS). "Nous devons maintenant nous coordonner avec les forces des autres fronts pour lancer" un assaut "coordonné" sur Mossoul, a-t-il ajouté depuis la ville de Bartala, située à environ 15 kilomètres à l'est de Mossoul. Au nord-est, les peshmergas kurdes sont également proches de Mossoul, mais sur le front sud les forces fédérales ont encore du chemin à parcourir avant d'atteindre sa banlieue, selon des responsables militaires. "Tous les axes ont fait les progrès que nous attendions à ce stade de l'opération, certains sont même en avance sur le calendrier", a déclaré Brett McGurk, l'émissaire américain auprès de la coalition. Des appels à anticiper les conséquences de la chute de Mossoul Lors d'une réunion des ministres de la Défense de 13 pays de la coalition, (qui compte une soixantaine de pays) tenue mardi à Paris, pour analyser les progrès de l'offensive sur Mossoul, le président français, François Hollande a indiqué que "la reconquête n'est pas une fin en soi. Nous devons d'ores et déjà anticiper les conséquences de la chute de Mossoul". M. Hollande a appelé, en ouvrant la réunion, à la "vigilance face au retour des combattants étrangers" de l'EI dans leurs pays d'origine, ou face à ceux qui seraient tentés de se replier à Raqa, le fief du groupe terroriste en Syrie. Les estimations occidentales font état de 5.000 à 6.000 terroristes de l'EI dans Mossoul. Le secrétaire américain à la Défense Ashton Carter a annoncé à Paris le début des "préparatifs pour isoler Raqa", simultanément à l'offensive en cours sur Mossoul. A ses côtés, son homologue français Jean-Yves Le Drian a évoqué la "concomitance" des opérations prévues en Irak et en Syrie, sans pour autant s'engager sur un calendrier précis. Encore plus de déplacés L'ONU a déjà prévenu que près d'un million de personnes pourraient être déplacées, alors que l'agglomération de Mossoul compte environ 1,5 million d'habitants. Mardi, le gouvernement irakien a enregistré le plus grand nombre de personnes déplacées sur une journée depuis le début de l'offensive, avec plus de 3.300 prises en charge. Cette "vague est la plus importante depuis le début de l'opération militaire pour libérer la province de Ninive", dont Mossoul est le chef-lieu, selon Jassem Mohammed al-Jaff, ministre des migrations et des déplacés. La majorité des déplacés enregistrés mardi est originaire de cette province mais une petite partie d'entre eux vient de celles de Kirkouk, au sud-est de Mossoul, et Salaheddine, au sud. Selon l'ONU, 8.940 personnes ont été déplacées depuis le début le 17 octobre de l'offensive terrestre. Le Haut-Commissariat de l'ONU aux droits de l'homme a renouvelé sa crainte de voir des civils utilisés comme boucliers humains à Mossoul par les terroristes afin d'empêcher la capture de la ville par les forces irakiennes, soutenues par la coalition dirigée par les Etats-Unis. "Nous avons encore peu de réfugiés car la vraie bataille de Mossoul n'a pas encore commencé. Mais nous nous attendons à un afflux énorme et l'aide de la communauté internationale n'est pas à la hauteur de ce qui nous a été promis. Si rien ne change, on va à la catastrophe", a prévenu cette semaine un officier supérieur de l'armée irakienne.