Travers. Le lait en sachet refait, une nouvelle fois, des siennes dans la wilaya d'Alger. Des perturbations dans la distribution ont été signalées jeudi dernier. Aux citoyens qui se plaignent, les commerçants rétorquent que ces perturbations sont dues à une diminution des quotas de poudre de lait aux laiteries. Selon Fathi Messar, DG, de l'Onil (Office national interprofessionnel de lait) «il n'y a pas eu de réduction de quotas, mais de réajustement». Réponse en demi-teinte puisque ce réajustement s'est traduit, toujours selon lui, par une réduction «d'à peine 6%» et ne peut donc pas être la cause de la perturbation. D'une part, parce que la réduction n'a pas touché toutes les laiteries. D'autre part, c'est suite à une enquête qu'une ponction a été décidée pour certaines laiteries. Une enquête qui aurait révélé des infractions. Comme celle de la quantité de poudre nécessaire pour la production d'un litre de lait qui est de 103 grammes alors que des laiteries trichaient en intégrant moins de poudre. La différence étant destinée à la fabrication des produits dérivés (lait caillé, petit-lait, yaourts et fromages). Ce qui permet aux industriels d'engranger plus de profits. C'est ce qui fait dire à Messar qu'«il y a des intérêts qui ont été touchés par cette enquête, ce qui a provoqué cette perturbation...Certains producteurs essayent de mettre la pression pour que nous revenions sur nos décisions». Deux jours auparavant, le ministre de l'Agriculture, Abdesslam Chelgham, a dit la même chose lors de son audition sur le projet de la loi de finances 2017 par la commission des finances. «Nous avons constaté qu'il y a une surconsommation et du gaspillage, alors nous avons pris la responsabilité d'opérer une diminution des quotas de poudre de lait des laiteries», a-t-il déclaré aux députés. Ce qui nous plonge au coeur d'une situation kafkaïenne où tout le monde a, tout à la fois, tort et raison. Explications: pour maintenir le sachet de lait au prix subventionné de 25 DA, l'Etat achète sur le marché international la poudre de lait à 300 DA/kg et la vend aux laiteries à 157 DA. A moitié prix. C'est tellement alléchant pour les laiteries que certaines ne vont plus collecter le lait cru auprès de nos éleveurs comme l'avait dénoncé, en mai dernier, le précédent ministre de l'Agriculture, Sid Ahmed Ferroukhi. Et comme il n'y a aucune pénurie de yaourts, il devient évident que leur production s'est faite avec la poudre de lait. Il serait naïf de demander à un industriel de renoncer à augmenter ses profits au nom de la moralité. D'où cette «guerre» cyclique et sans fin. Le chat (l'Onil) poursuit la souris (le transformateur) qui elle même poursuit le fromage (la poudre de lait). Comment en sortir? Une seule voie! en finir avec les subventions généralisées par le ciblage des démunis, qui est à l'étude comme annoncé par le ministre des Finances, Hadji Baba Ammi. Plus vite on appliquera le ciblage, plus vite ce jeu du chat et de la souris cessera!