Dans le cadre de la soirée spéciale Verdun, présentée par Marie Drucker sur France 2 le 21 février à 20h55, le duo des documentaristes Isabelle Clarke et Daniel Costelle, ont proposé un nouvel opus de leur film consacré la Grande Guerre et l'histoire: Apocalypse Verdun, l'édition spéciale. Cette émission ponctuée par un documentaire de qualité voulait revenir 100 ans, jour pour jour, sur la bataille la plus meurtrière de la Première Guerre mondiale. En février 1916, à Verdun, les Allemands, en concentrant plus d'artillerie et plus d'hommes que dans toutes leurs autres offensives, veulent forcer le destin et gagner la guerre. Pendant 300 jours et 300 nuits, sous un orage d'acier continu de 60 millions d'obus, Allemands et Français vont s'affronter à mort. Comme d'habitude, les deux documentaristes vont se baser sur un fond d'archives de plus de 500 heures, restaurées, superbement mises en couleur et portées par la voix du comédien Mathieu Kassovitz, Apocalypse Verdun nous a plongés au coeur d'une des plus grandes batailles de tous les temps. Pour répondre aux questions liées à la bataille de Verdun et sa mise en valeur dans l'histoire des deux pays français et allemand, Marie Drucker était entourée de nombreux invités, sur un plateau installé dans la nef de l'Ossuaire de Douaumont, épicentre de l'actuel site de la bataille de Verdun: Philippe Torreton, comédien, César du meilleur acteur en 1997 pour son rôle dans Capitaine Conan, de Bertrand Tavernier (1996),Volker Schlöndorff, cinéaste (Le Tambour, Les rois des Aulnes, Les désarrois de l'élève Torless...), Antoine Prost, historien, président du Conseil scientifique de la mission du centenaire de la Première Guerre mondiale, Elise Julien, historienne, spécialiste de la Mémoire en France et en Allemagne, professeure à Sciences Po Lille, Isabelle Clarke et Daniel Costelle, réalisateurs d'Apocalypse Verdun, Et d'autres...Si la soirée était gratifiante, elle fut néanmoins glaçante quand on découvre le peu d'espace consacré à la participation des Algériens aux côtés de l'armée coloniale, pour combattre l'Allemagne. Et pourtant, il n'y a jamais eu autant d'Algériens morts en un seul endroit: près de 26 000! Sans compter les 75.000 blessés ou estropiés à vie. Leurs corps repose toujours dans le cimetière géant de Verdun, où 143.000 soldats allemands et 163.000 soldats français ou colonisés, ont été tués en neuf mois. On estime que, de 1914 à 1918, 250.000 soldats d'Afrique subsaharienne ont combattu en France. Au total, ce sont près de 700.000 hommes des colonies, y compris asiatiques, qui ont été mobilisés durant la Première Guerre mondiale. Cet héroïsme des tirailleurs algériens, maghrébins, ou africains, n'a jamais été assumé par la France. L'Ossuaire de Douaumont, qui a été construit en 1932, rassemble les restes anonymes d'un certain nombre des 500.000 soldats tombés à Verdun, beaucoup de colonisés ne sont pas reconnus. Le président Jacques Chirac a bien inauguré en 2006 un monument aux Morts musulmans à Verdun, et son successeur, François Hollande, a dévoilé, en 2014 à la Grande mosquée de Paris, une plaque aux musulmans de la Grande Guerre morts pour la France. Mais a contrario, les deux documentaristes ont zappé la participation des colonisés dans les deux Grandes Guerres. [email protected]