C'est du jamais-vu sur une chaîne de télévision française. I-Télé est en grève depuis presqu'un mois. Jamais une chaîne de télévision, de surcroît privée, n'avait tenu une grève aussi longue que celle que mène la chaîne d'info du groupe Canal+. Une affaire qui a poussé les ministres françaises du Travail et de la Culture, Myriam El Khomri et Audrey Azoulay, à réagir et recevoir lundi dernier la direction du groupe Canal+, maison mère de la chaîne I-Télé. La tutelle, le département d'Audrey Azoulay, avait appelé la direction d'I-Télé à tenir ses «engagements» d'indépendance de la rédaction, au 24e jour de grève, la plus longue de l'histoire de l'audiovisuel privé français. La direction a fait des propositions, mais le désaccord persiste avec les salariés. Myriam El Khomri, qui avait reçu lundi les syndicats d'I-Télé, qui réclament une médiation sociale, a pour sa part souhaité rencontrer la direction «le plus rapidement possible» pour trouver «très vite» une issue au conflit. La grève à I-Télé est entrée dans sa quatrième semaine. Les salariés sont en grève de travail depuis le 17 octobre, date de l'arrivée de l'animateur très controversé Jean-Marc Morandini. Mais, en réalité, c'était une occasion qui a été saisie pour exprimer une contestation plus ancienne. Dès juin, les journalistes avaient voté en force une motion de défiance envers leur direction, pour protester contre le non-renouvellement d'une cinquantaine de CDD, soit un quart de la rédaction, et contre le projet de mise en place de publi-reportages. Le propriétaire de la chaîne, le groupe Vivendi, qui pensait que la promesse d'un encadrement de l'émission de Jean-Marc Morandini par la rédaction en chef de la chaîne et surtout l'amélioration des conditions financières pour les candidats au départ amélioreraient les choses, s'est trouvé confronté à une nouvelle crise. En réalité, les salariés d'I-Télé veulent la séparation de la mission de directeur de la rédaction et de DG de la chaîne, occupées par un seul responsable Serge Nedjar, un fidèle de Vincent Bolloré, patron de Vivendi. Depuis le lancement de la grève, l'audience de la chaîne a largement chuté et commence à toucher les chaînes du groupe Canal+. Un seul moment a augmenté les audiences d'I-Télé, le débat de la primaire de droite, mais depuis le 17 octobre, I-Télé affiche une part d'audience de 0,4%, contre 0,8% en septembre. Cette chute dans les sondages a profité aux concurrents et en particulier à Bfmtv, le leader des chaînes d'info avec une audience de 2,5% depuis mi-octobre (contre 2,1% en septembre). LCI est à 0,5% (0,4% en septembre).Tout cela risque d'influer négativement sur le rendement de la chaîne mère Canal+ qui est en train de perdre de plus en plus d'abonnés. [email protected]