C'est devant une assistance nombreuse et comprenant plusieurs blessés et autres familles victimes du Printemps noir que les représentants de la Cadc ont animé jeudi dernier, un meeting au niveau du théâtre Kateb-Yacine de Tizi Ouzou. Plusieurs figures du mouvement étaient là. L'ambiance était bon enfant malgré le noir des banderoles qui proclamaient un non à l'oubli. Devant cette assistance quasiment acquise, Abrika et ses camarades ont développé leurs idées, fait un procès en règle des forces démocratiques et notamment du FFS et aussi rendu compte des acquis arrachés lors du dialogue. Intervenant tour à tour, les délégués ont porté aux nues le chef du gouvernement, M.Ahmed Ouyahia qualifié et à plusieurs reprises «d'enfant de bonne famille». Mazouzi présentant ses camarades au public et les annonçant pour prendre la parole a été le premier à demander le respect d'une minute de silence à la mémoire des morts sous les airs de la musique Matoubienne. Un Matoub dont le portrait géant ornait la scène aux côtés des autres portraits d'autres disparus. Mazouzi s'égosille «si on est là, c'est pour rendre compte à la population qui nous a mandatés», suit ensuite l'énumération des acquis arrachés. Les autres délégués interviennent à tour de rôle, celui de Ouaguenoune puis un ancien maquisard qui a fait un autre parcours au sein des archs montent en scène pour souligner que «le combat d'aujourd'hui n'est en fait que le parachèvement de celui d'hier». Cheikh Smaïl, lui aussi délégué de Ouaguenoune a fait délirer les militants des archs avec son langage fleuri. Pour l'orateur qui utilise des métaphores populaires «le film est fini et l'acteur est mort», il ose en Kabylie un «Ouyahia miss t familt» (Ouyahia fils de famille). Après lui, Mouloud Chebheb d'Aït Aïssi après avoir appuyé lui aussi la sentence sur «Ouyahia fils de famille», déplore l'état actuel de la ville de Tizi Ouzou devenue selon lui, «une véritable poubelle». Mohand Iguetoulène et Rachid Allouache ont axé, pour leur part, leurs interventions sur la nécessité de clore le temps des pleurs et mettre le cap sur le développement de la région. Pour Rachid Allouache «tamazight est enfin sorti des commissariats dans lesquels on l'a enfermé depuis 1994». L'allusion au HCA était bien nette et la griffe visait apparemment le RCD. Mazouzi revient pour enflammer les troupes des archs quand il fait le procès en règle des partis démocratiques, dont notamment le FFS. Et d'ajouter «une fois les mal élus partis, il ne reste aux partis qu'à affronter les urnes et alors le peuple décidera!» Enfin, intervenant en dernier, Abrika commence par rendre hommage aux victimes du Printemps noir et aux blessés ainsi qu'aux délégués présents dans la salle. Il commence par assurer que «le mouvement réhabilitera l'hôpital de Tizi Ouzou!» Avec une langue simple, il ajoute «...nous sommes nus et nous sommes de simples porte-parole des populations ! Nous n'avons aucun autre objectif que la plate-forme d'El Kseur!» Et l'orateur de rappeler les acquis de la délégation du mouvement au dialogue: libération des détenus, arrêt des poursuites judiciaires, travailleurs ayant retrouvé leurs emplois, demande d'excuses faite par le DG de l'Entv à la Kabylie pour sa couverture de la marche du 14 juin 2001, défiscalisation des commerçants de la région, week-end universel etc. Pour ce qui est des élus, il dira qu'ils auraient dû partir d'eux-mêmes. Mais il affirme que «le mouvement est pour le multipartisme et n'avait refusé les scrutins que par rapport à ce qui s'était passé dans la région!» Abrika assure également que la plate-forme d'El Kseur est acceptée par le pouvoir. Le délégué de la Cadc continue en affirmant que «la région va rattraper son retard et que tous les problèmes seront mis sur la table! Nous allons retourner pour discuter et régler ce qui ne l'est pas encore!» Le meeting a pris fin comme il a débuté avec les accents du tube de Matoub «Dha ghourou!».