La sortie sur le terrain, en quelques endroits de la wilaya, dimanche, des gendarmes, et le report du verdict des «jeunes détenus» du mouvement citoyen ont suscité des émeutes et des manifestations. Pour tous les délégués, le pouvoir a choisi «la solution musclée» Se regardant en «chiens de faïence» depuis près de dix mois, les ârchs et les gendarmes semblent ne pas pouvoir arriver à... dépasser la colère. Dimanche dernier, une sorte de test a été tenté: des gendarmes, assistés d'éléments de l'ANP, ont dressé des barrages dans certains endroits de la wilaya. Considérant cette sortie comme une «grossière provocation», la Cadc, à l'issue d'un conclave extraordinaire tenu le jour-même à Tizi Ouzou, a rendu publique une déclaration assez dure. Pour la Cadc, c'est «le pouvoir mafieux et assassin (qui) a amorcé un nouveau virage par rapport au mouvement citoyen». Et la déclaration de faire référence au dernier discours du Chef de l'Etat qui «a clairement souligné le recours à la violence» et de revenir sur les gendarmes «mis en quarantaine dans leur brigade» qui ont fait «leur réapparition dimanche dernier, une sortie qui coïncide avec le report exagéré et insensé du verdict des détenus du printemps noir». La déclaration n'a pas omis de citer les «discussions» traduites en «simulacre de dialogue», ce qui «est une option pour une démonstration de force aux fins de pacification, dans le but évident de sacrifier la plate-forme d'El-Kseur, sur l'autel des fausses solutions qui ne peuvent être qu'illusions». La déclaration rappelle en outre que «l'appel au dialogue à une structure ne faisant plus partie du mouvement (le Comité populaire de Béjaïa ndlr) signifie l'ignorance des délégués représentatifs qualifiés, à dessein, de radicaux». Les ârchs n'oublient pas de s'interroger «sur la nouvelle formule consistant à accorder le port et l'importation d'armes aux citoyens de Kabylie». La Cadc met ainsi «en garde le pouvoir contre les conséquences fâcheuses qui découleraient de cette logique» et prend à témoin l'opinion publique nationale et internationale «du danger que court toute une région qui a payé un lourd tribut et pour l'indépendance du pays et la lutte pour la démocratie». La coordination communale de Tizi Ouzou a également prévu la tenue d'un meeting pour aujourd'hui à 14h au théâtre Kateb-Yacine, appelant la population à assister nombreuse pour dénoncer «le retour de la gendarmerie». Par ailleurs, la coordination locale d'Aït Yahia a, dans un communiqué, descendu en flammes «la personne répondant au nom de Benaïssa Belkacem» qui «n'a jamais fait partie de la coordination d'Aït Yahia et n'a jamais été aperçu sur le territoire de la commune, avant même les événements d'avril 2001». La coordination d'Aït Yahia le traite de «faux délégué» qui ne représente que sa propre personne. Pour revenir au test de la gendarmerie, apparemment, la colère est toujours présente et sa sortie sur le terrain n'a fait que précipiter les choses. Un fait est certain, la colère est toujours là. Prête à rebondir contre les gendarmes qui seraient bien inspirés de ne pas la susciter.