La Cadc continue de faire pression afin de libérer les jeunes «arrêtés» récemment pour «troubles à l'ordre public». La protestation, animée à tour de rôle par une cinquantaine de délégués, se passe devant le tribunal. Venus aussi bien de Béni Douala, de Tizi Rached que de Frikat et d'ailleurs, des délégués se sont joints aux membres de la Cadc de Tizi Ouzou pour cette action devant la cour. En effet, dans la journée et la soirée de dimanche, une trentaine de personnes s'était enchaînée au portail de la cour de Tizi Ouzou. Aux cris de «Pouvoir assassin», «Ulac smah ulac» ou encore «Libérez les détenus», les contestataires se relayant ont bravé la pluie et le froid, lançant aux forces antiémeutes massées à proximité: «Nous n'aurons pas d'Aïd, mais vous aussi!». Sur un véhicule utilitaire stationné non loin de là, un mégaphone amplifiait les chansons de Matoub Lounès. Dans la soirée, une tente a été dressée sur les lieux et un feu était allumé un peu plus loin. Le décor était planté, comme pour narguer les policiers. Des policiers, désormais en froid avec la Cadc depuis les interpellations des jeunes ayant abouti à leur mise sous mandat de dépôt à la maison d'arrêt de Tizi Ouzou. Notons que trois des mineurs ont été relâchés avant l'Aïd. Vers 20 heures, dimanche, la police a décidé d'intervenir. Ses éléments ont commencé par éteindre le feu de joie, démonter la tente et cisailler la chaîne à laquelle étaient attachés les protestataires. Les délégués se retirèrent vers minuit, dimanche, pour reprendre leurs protestations, hier lundi, à 9 h. Cependant, cette fois, un cordon de CNS entourait les lieux. Les protestataires, n'ayant pu s'approcher des grilles de la cour, ont continué leur action. Une vingtaine de délégués, assis sur des chaises, avec les policiers veillant au grain, étaient encore là, à observer un sit-in. Toujours sous les flots des chansons de Matoub Lounès. Rappelons que le dernier conclave de la Cadc, tenu à Tizi Ouzou au théâtre Kateb-Yacine, a décidé une marche de protestation et une grève générale pour jeudi 20 décembre. Les deux actions étant destinées principalement à renouveler «le rejet par la Cadc» des discussions actuellement en cours à Alger, entre les soi-disant délégués des ârchs et le Chef du gouvernement, mais aussi à appuyer la revendication de libération des «détenus» de Tizi Ouzou. Ce test révèlera, à coup sûr, la réelle audience de la Cadc. Le mouvement citoyen actuellement peu uni, pourra-t-il, comme il le désire, renouveler la grosse mobilisation réussie lors du printemps noir, c'est-à-dire faire défiler dans les rues de la capitale du Djurdjura 500.000 personnes? C'est du moins un défi et quel défi ! à relever par la Cadc pour démontrer son audience. Certes, l'action devant la cour n'est nullement une jauge suffisante, puisqu'elle n'intéresse que les délégués et à tour de rôle. D'ailleurs, il semble bien que ce n'est pas la grosse démonstration qui est recherchée et il faut aussi tenir compte des fêtes de l'Aïd, ce qui ne milite pas en faveur d'actions de démonstration. Il est plus sage d'attendre jeudi pour tirer les conclusions idoines.