Même s'il ne souhaite pas forcément faire l'unanimité, coach Vahid semble être aimé au Japon. Quand Vahid Halilhodzic a pris la tête des «Samouraïs bleus» en mars 2015, il ne connaissait rien du Japon. L'entraîneur globe-trotteur découvre, savoure, dérange aussi, mais il l'assure, il n'a «peur» de rien et est «plein d'ambitions» pour le Mondial 2018. Prochain rendez-vous crucial sur la route vers la Russie pour l'ancien entraîneur des Verts hier contre l'Arabie saoudite. «Jamais je n'aurais imaginé qu'un jour je serais là», confie le sélectionneur de l'Equipe nationale japonaise. Un an et demi plus tard, il défend son bilan et écarte les critiques de la presse locale après l'humiliation subie début septembre contre les Emirats arabes unis, au 3e tour des qualifications au Mondial. «Quand tu perds un match, tu es tout seul. C'est au Japon comme partout. Tu es le coupable idéal, ça arrange tout le monde», lâche le Franco-Bosnien de 64 ans. Est-il inquiet pour son avenir à ce poste? «Ah non, non. Non, ça, c'est mon métier. Je ne suis pas inquiet du tout. Je peux être remercié et partir demain, mais je fais tout ce que je peux faire», réagit coach Vahid, rompu aux risques de la profession après avoir été limogé dans sa riche carrière au PSG, en Côte d'Ivoire et puis en Algérie. «Je n'ai pas peur de cette responsabilité.» C'est qu'il aime les défis, le technicien qui a conduit en 2014 l'Algérie à une qualification historique en 8es de finale du Mondial brésilien avant une bataille épique face à l'Allemagne: «J'en ai encore la chair de poule», souffle-t-il. Déterminé à «transformer le football japonais, qui traverse un moment délicat» avec la déception des précédentes Coupes du monde et d'Asie. «Un pays comme le Japon doit avoir un niveau supérieur», assène Vahid Halilhodzic. «Je suis vraiment engagé dans ce projet. Je bouscule peut-être certaines choses, je dis des choses que tout le monde ne peut pas apprécier. Mais si tu fais l'unanimité, c'est pas bien.» Loin, dit-il, d'être «le dictateur» qu'on décrit souvent, son style «direct peut blesser» dans une société soucieuse à l'extrême de ne pas heurter autrui, il le reconnaît. Les médias se sont fait l'écho de tensions avec les joueurs, d'une communication difficile, mais lui affirme «dialoguer davantage» maintenant. «C'est vraiment un plaisir de travailler avec eux», assure-t-il, saluant le sens de la «discipline» et du «respect» propres aux Japonais. Vahid Halilhodzic déplore toutefois «le manque de temps» pour préparer les rencontres, alors que de nombreux joueurs évoluent en Europe et «arrivent fatigués par le décalage horaire». Déjà se prend-il à rêver de défiler au coeur de Tokyo, acclamé par une foule immense. «J'ai plein d'ambition, confie-t-il, mais le chemin n'est pas facile.»