Qu'a proposé le roi hachémite pour susciter les commentaires dithyrambiques de la presse israélo-américaine? Dans le Sommet arabe, un aspect bien particulier focalise l'intérêt de la presse américaine et israélienne. Dans son édition d'hier, le quotidien américain le New-York Times, reprend une dépêche de l'agence AP, en quelques lignes, et qui cite la proposition faite, selon la presse américaine, par la Jordanie au sommet d'Alger. «Le roi Abdallah II de Jordanie a proposé une nouvelle stratégie de paix autre que la traditionnelle revendication arabe qui exigeait qu'Israël renonce à toutes les terres occupées depuis la guerre de 1967», a écrit le New-York Times notant que la Jordanie «offre une solution pour la normalisation des relations entre Israël et les pays arabes». L'écho à ce bref article a été donné par le journal israélien Haaretz qui est revenu hier, en détail sur la proposition de Amman. La proposition du roi Abdallah II «n'a pas fait l'unanimité au sein des dirigeants arabes dont très peu la soutiennent», a relevé le Haaretz citant des sources diplomatiques. Dans cette affaire de paix avec Israël, «le roi suggère que les Arabes acceptent les changements géographiques qu'Israël a opérés dans les territoires depuis 1967», écrit le journal. Le roi Abdallah II de Jordanie a proposé une nouvelle stratégie de paix qui consiste en le retrait des forces israéliennes des territoires occupés depuis 1967 avec en contrepartie le rétablissement des relations diplomatiques de tous les pays arabes avec Israël. Mais les contours de cette offre demeurent encore flous. Elle a d'ailleurs été rejetée par la délégation palestinienne qui l'a jugée «inacceptable» en ce sens qu'elle ignore «la base fondamentale pour un règlement juste et complet». Les diplomates jordaniens, de leur côté, ont refusé de présenter ou de donner des détails sur la proposition du roi Abdallah, qui a rencontré la semaine dernière, à Washington, le président américain, George W.Bush. Sur un autre plan, le journal israélien a relevé que le sommet d'Alger «intervient dans un moment particulièrement crucial dans la région, avec l'Irak qui essaye de former un gouvernement dans un contexte de violence quotidienne, le processus de paix au Proche-Orient et la crise au Liban». Dans son article, le Haaretz n'a pas omis de signaler que «les autorités algériennes ont déployé environ 15.000 hommes des services de sécurité à l'intérieur et autour de la capitale avant l'arrivée des 20 chefs d'Etat arabes». Pour sa part, la presse arabe s'est intéressée aux échos des coulisses. Le quotidien égyptien El Ahram rapporte que la chef de la diplomatie américaine Condoleezza Rice «a saisi par écrit certains ministres des Affaires étrangères arabes les incitant à soutenir le Sommet d'Alger, notamment le processus de paix au Proche-Orient (...)». El Ousboua, un autre quotidien égyptien, titre en ouverture avec une interrogation: «La Ligue arabe attend-elle la balle de la clémence?». Le journal écrit que le Sommet d'Alger intervient au moment où «le monde arabe subit des tempêtes de tout bord, ce qui place les Arabes devant un défi jamais vécu par le passé», avant de regretter l'attitude «mitigée des dirigeants arabes face aux exactions israéliennes, les menaces américaines d'attaquer la Syrie et de neutraliser la résistance libanaise». Le quotidien émirati El Bayane fait état d'une atmosphère électrique dans les coulisses avant la tenue du sommet «après le vent de dissension provoqué par la proposition jordanienne portant normalisation arabe avec Israël, une autre proposition venant cette fois-ci de l'Egypte envenime les choses», écrit El Bayane. Selon le même journal, l'Egypte tente un forcing diplomatique pour «s'approprier» un siège permanent au nom de la Ligue arabe au sein du Conseil de sécurité. Le journal rapporte que la délégation égyptienne aurait insisté auprès de la Ligue et lui a demandé de saisir officiellement le Conseil de sécurité par une missive dans laquelle «le siège permanent sera accordé à l'Egypte au nom des Arabes».