Ce phénomène fait partie des moeurs politiques algériennes Tant que la manière de gagner de l'argent n'est pas encore réglementée en Algérie, ce fléau aura de beaux jours devant lui. D'aucuns le savent, l'argent sale a investi depuis longtemps les instances des principaux partis. La dérive liée à la «chkara» s'est ancrée durablement dans la scène électorale. Le phénomène de l'achat de meilleures positions sur la liste de candidature des partis aux législatives et locales et le fléau de l'achat de voix est une réalité ostentatoire. Autant dire que le ver est déjà dans le fruit. Avec ce genre de difficultés insurmontables conjuguées à une conjoncture marquée par une crise économique et financière aiguë, «il serait presque impossible, quoi que l'on fasse, de voir émerger une Assemblée nationale expurgée d'affairistes et opportunistes de tout bord», indiquent de nombreux observateurs. «Tant que la manière de gagner de l'argent n'est pas encore réglementée en Algérie, ce phénomène de corruption politique sévira autant de fois que des rendez-vous électoraux se présentent», indique-t-on encore. Les appels conjoncturels des chefs de parti à combattre ce phénomène à la veille de chaque élection ne soldera pas l'argent sale, car il le sera si la manière de le gagner est soumise à la loi, soulignent plusieurs politiques. Il n'est pas tout à fait inexact de dire que l'argent qui se ramasse dans l'informel, la drogue, la contrebande ne sera pas aussi misé dans les opérations de collecte des signatures lors des prochaines échéances, exigées par la nouvelle loi portant régime électoral, est-il relevé. à ce propos, le patron du FLN, Djamel Ould Abbès avait déclaré récemment que la «chkara» au FLN c'est terminé, mais sans préciser comment son parti compte procéder pour empêcher l'argent sale ou les affairistes sans scrupules qui ont envahi le parti, notamment sous Belkhadem et Saâdani, d'être en pole position sur les listes de candidatures du parti. Toutefois, selon quelques observateurs avisés, la tentative de chasser ces affairistes est incompatible avec la stratégie d'ouverture du parti aux adhésions tous azimuts adoptée récemment par le parti. D'autre part, la fermeture de la porte devant ces bailleurs de fonds risque d'avoir un impact négatif sur les performances électorales du parti majoritaire au Parlement, qui veut justement ratisser large lors des législatives et locales du printemps et l'automne prochains. Cet aspect navrant et notoire de la vie politique nationale est reconnu même par les responsables politiques des partis proches du pouvoir. Ahmed Ouyahia avait soutenu récemment que la «chkara» est une triste réalité en Algérie». C'est une réalité flagrante observée lors de chaque échéance électorale. Pour Ouyahia «qu'il y ait des lobbies financiers c'est tout à fait normal, mais qu'il y ait des gens qui achètent des voix c'est une honte». à titre de rappel, des cas flagrants d'achat de voix de grands électeurs(élus locaux et nationaux) ont été signalés lors de la toute dernière opération de renouvellement partiel des membres du Conseil de la nation... En tout état de cause, ces pratiques économiquement «insensées» ne peuvent être le sport favori de ceux qui gagnent leur argent en suant», fait-on remarquer. à ce moment-là, où la manière de gagner de l'argent est soumise à la loi, personne ne pourra parier 5 ou 7 milliards de centimes pour un siège au Sénat ou à l' APN, disent d'autres. L'immunité parlementaire, l'accès aux commandes publiques, sont autre autres objectifs des affairistes qui se convertissent en politiques. Il appartient au gouvernement, aux politiques, à la société civile, de combattre ce genre de dérives. Dans ce contexte, l'échec de la tentative de rétablissement du paiement par chèque des transactions dépassant les 500.000 DA, qui a provoqué des émeutes, s'inscrit en droite ligne avec la déliquescence continue de la scène politique nationale, est-il noté. L'autre question qui se pose également d'elle- même: est-ce que la prochaine APN ne sera pas issue d'un scrutin préfabriqué? Sur fond d'une fièvre électoraliste, près de 70 partis et des indépendants se préparent en prévision des échéances électorales prochaines.