Ahmed Ouyahia, directeur de cabinet de la présidence de la République «La mission du président Bouteflika ne prend pas fin avec la dissolution du DRS.» Sous sa casquette de directeur de cabinet de la présidence de la République, Ahmed Ouyahia est revenu sur la dissolution du DRS. Une information, dit-il, qui a fait l'objet d'une fuite. «Bouteflika a entamé l'opération de restructuration du DRS en 2013, une démarche qui a suscité beaucoup de commentaires.» Pour plus de clarifications, il souligne: «Le DRS a été dissous et remplacé par trois directions générales distinctes rattachées à la présidence de la République, à l'image de la garde républicaine. Il s'agit de la direction générale de la sécurité intérieure, la direction générale de la documentation et de la sécurité extérieure et la direction générale du renseignement technique.» En somme dit-il «le coeur du DRS a été rattaché à la Présidence». «Il n'y a pas de direction, il y a un conseiller auprès du président de la République chargé de la coordination des services de sécurité ou de ces trois grandes directions rattachées à la Présidence. Il s'agit de Athmane Tartag dit Bachir, dont la fonction est équivalente au rang de ministre», a-t-il précisé. «Cette restructuration n'est pas la mainmise du président sur les services du renseignement, mais il s'agit d'une nouvelle étape dans la modernisation et l'organisation des structures de sécurité en Algérie. Pas de guerre entre le FLN et le RND Le secrétaire général du RND a nié qu'il y a une guerre, une rivalité ou un conflit entre le FLN et son parti. Pour démontrer qu'il n'y a pas de différends entre lui et Saâdani, Ouyahia a confié que quand Amar Saâdani a été désigné président de l' APN en 2004, il avait donné en sa qualité de patron du RND à cette époque, des instructions à ses députés pour soutenir Saâdani. «Donc pour ne pas dire qu'on est des amis, on est des alliés», a-t-il commenté. A propos du blocage au niveau du Conseil de la nation autour de la majorité, il a affirmé que «certes, initialement son parti s'est opposé au ralliement au groupe parlementaire du FLN des sénateurs élus en dehors de ce parti, avant de céder en fin de compte pour débloquer cette institution d'autant plus que la nouvelle Constitution dans son article 100 ter, interdit la transhumance politique». Un siège au Sénat coûte 6 à 7 milliards de centimes S'agissant des sénatoriales, il a indiqué que «personne ne peut nier l'existence du phénomène de la 'chkara'' sur la scène politique», mais il n'a jamais accusé nommément le FLN d'utiliser l'argent sale lors des opérations électorales. A ce propos, il a soutenu que «la chkara est une triste réalité dans notre pays. Elle est une réalité qui s'est ancrée dans la scène électorale. Qu'il y ait des lobbies financiers c'est tout à fait normal, mais qu'il y ait des gens qui achètent des voix c'est une honte». Il a cité l'exemple d'un cas flagrant signalé qui s'est produit récemment dans la cour même d'une APW où se déroulait l'opération de vote pour les sénatoriales. «Un candidat dont la malle arrière de son véhicule était ouverte, procédait à l'achat de voix au vu et au su de tout le monde.» «A ce moment, celui qui gagne son argent en suant, croyez-moi il ne mettra pas 5 ou 7 milliards de centimes pour un siège au Sénat car c'est un non-sens économique», a-t-il argumenté. «Mais quand l'argent misé se ramasse dans la contrebande, la drogue et j'en passe, on aura forcément ce genre de dérives», fait-il savoir. «Je ne jette la pierre à personne, mais c'est une réalité algérienne que les politiques, les gouvernants, la société civile et tout le monde doivent combattre, en la dénonçant, d'abord et en agissant, ensuite jusqu'au jour où la tentative de rétablissement du paiement par chèque ne provoquera pas des émeutes et vandalisme prétendument au nom du prix de l'huile et du sucre», note-t-il. Mais pourquoi ne pas mettre en place une instance indépendante et permanente de la gestion des élections comme exigée par l'opposition? Ouyahia s'est demandé: «Est-ce que là où elle existe cette haute instance, tout est parfait?» «J'ai entendu l'ancien président de Tunisie, M. Marzouki saisir l'occasion de la première situation tendue dans son pays pour demander des élections législatives anticipées et pourtant les législatives ont été organisées par une instance indépendante», a-t-il justifié. «Cela ne solde pas l'argent sale, car il le sera si la manière de le gagner est soumise à la loi», ajoute-t-il. Concernant la présentation du projet de révision de la Constitution par le Premier ministre devant le Parlement, il précise que «c'est au Parlement que revient la décision de fixer la date de son adoption, maintenant que le président de la République a convoqué le corps parlementaire pour le 3 février». La controverse sur les articles 66 et 71 est une mystification Au sujet de la loi de finances 2016, il considère que la controverse suscitée par l'article 66, déjà appliqué dans le cadre de la LFC 2009, est une «mystification» car il stipule, tout simplement que dans une privatisation algéro-algérienne, qui ne concerne nullement les étrangers et touche des petites entreprises comme des briqueteries, des usines de limonade, d'eau minérale, des minoteries, vous vendez 66% et le reste «34%» viendra après la mise en oeuvre du cahier des charges. «L'article 71 est une autre mystification, dont les spécialistes en la matière affirment qu'on a dépouillé le président de la République de ses prérogatives.» «Pour ne pas dire que c'est un mensonge, je dirais ce n'est pas exact car depuis l'indépendance, le ministre des Finances a toujours fait des réévaluations et des transferts budgétaires par décrets et cet emploi a été tiré au clair dans la LF 2016 car la conjoncture actuelle est marquée par une très grande tension budgétaire», explique-t-il. La mise en oeuvre de l'officialisation de tamazight dans 10 ans et plus Au sujet de tamazight, il a indiqué que le plus important est que le pas politique a été franchi par son officialisation. La mise en oeuvre concrète de l'officialisation de cette langue va demander nécessairement une période de 10 à 15 ans, voire 20 ans car il faudra que les spécialistes s'entendent pour faire une seule langue. Rendre son officialisation irréversible en l'inscrivant dans l'article 178 maintenant ou dans 10 ans ne changera rien car personne ne pourra la remettre en cause. Revenant à la situation financière induite par la chute des cours des hydrocarbures, il dira: «Face au discours de l'opposition qui se frotte les mains pour accueillir le pouvoir dans la rue, et les histoires racontées par d'autres démagogues malintentionnés, la communication officielle ne suffit pas à elle seule car la LF 2016 est devenue un emblème pour la rébellion.» A propos de la polémique autour du deuxième communiqué du Conseil des ministres lors de l'adoption du projet de révision de la Constitution, il a précisé que «le dossier de la Constitution a été envoyé complet le même jour, y compris l'ajout ordonné par le président de la République au Conseil constitutionnel». Ouyahia a qualifié le mouvement Barakat et Mjik de «fascistes» avant de rappeler qu' «en 2014, on avait eu droit à une danse dans la capitale chaque samedi, ce qui avait valu à l'Algérie trois interpellations portant invitation à la retenue des capitales étrangères, alors que les forces antiémeute n'ont même pas utilisé des bombes lacrymogènes».