Un public attentif En plus d'une projection de 22 vidéos d'Afrique, un vernissage d'une expo a eu lieu le lendemain regroupant un ensemble d'oeuvres dont celles d'artistes portugais ayant séjourné à l'Espaco au mois de juin. L'Espace d'art contemporain sis Résidence CMB 196 Oued Terfa, El Achour, a fait son entrée artistique vendredi 18 novembre avec deux événements d'arts plastiques majeurs et ce, nonobstant les ateliers pour enfants qui se tiennent régulièrement. Le premier événement que l'on peut nommer ainsi est le partenariat établi avec Aria (artist residency in Algiers fondé par l'artiste Zineb Sedira en 2011 et développé en collaboration avec la commissaire indépendante Yasmina Reggad). Un partenariat solide pour un projet africain bien ambitieux appelé Boda Boda Lounge. Il s'agissait d' une projection unique d'une sélection africaine de vidéos d'art qui s'est tenue quasiment simultanément dans 16 villes du continent africain entre le 18 et 20 novembre 2016. Afrique: état des lieux A Alger ce sont 22 vidéos qui ont été projetées vendredi, suite à leur sélection après un appel à candidatures, par un comité composé de quatre personnes. Ces différents films, parlants ou muets, ont dressé pour la plupart le tableau du continent africain entre drame humain, histoire, politique, société, guerre et actualité écologique, traversé par une économie mondiale à revisiter. Des images vidéos dont certaines sont plutôt courtes et d'autres plus longues, méditatives, drôles ou douées d'une forte charge émotionnelle. Parmi ces vidéos trois Algériens figurent dans la liste des auteurs. On notera le travail de Sofiane Zougar intitulé what Remains qui revient sur la décennie noire à travers des images retravaillées en animation sur lesquels il a juxtaposé des paroles de gens témoins de cette tragédie, qui se remémorent ce passé pas si lointain. Une vidéo qui s'achève sur les derniers propos de Mohamed Boudiaf avant son assassinat. Pour info, Boda Boda Lounge est un «projet d'art vidéo à l'échelle du continent qui se tient tous les deux ans et qui ambitionne de créer une Afrique sans frontières. Organisé cette année pour la deuxième fois, il est accueilli par une quinzaine d'organisations artistiques sur tout le continent du 18 au 20 novembre. Le projet invite artistes de vidéos africains, rêveurs enthousiastes et critiques radicaux à expérimenter une flânerie audiovisuelle entre les oeuvres de près de 30 artistes provenant de 11 pays du continent», peut-on lire dans le communiqué annoncé sur la page de Aria. Le thème de cette année, nous indique-t-on est la «SuperPosition, une archéologie du présent», qui invite les artistes participants à oser différentes lectures de l'espace et à imaginer des canaux alternatifs de circulation, de croisement et d'entremêlement d'énergies et de sens». Parmi les autres artistes algériens qui ont pris part à cette manifestation, il convient de signaler Atef Berredjem et Lydia Ourahmane. Les autres artistes sélectionnés étaient Awuor Onyango (Kenya), Bofa da Cara, Boitumelo Motau (Afrique du Sud), Cameron Platter (Afrique du Sud), Christopher Wessels (Afrique du Sud), Ezra Wube (Ethiopie), Francois Knoetze (Afrique du Sud), Gustave Fundi Mwamba (RDC), Jeremiah Ikongio (Nigeria), Junior Nyembwe (DRC), Kula Chopeto (Afrique du Sud), Maurice Mbikayi (RDC), Mulugeta Gebrekidan (Ethiopie), Ngassam Tchatchoua Yvon Léolein (Cameroun), Ori Huchi Kozia (République du Congo), Paulo Azevedo (Angola), Simnikiwe Buhlungu (Afrique du Sud), Simohammed Fettaka (Maroc), Sisipho Mase (Afrique du Sud), Teboho Gilbert Letele (Afrique du Sud), Ubulungiswa Justice Collaboration (Afrique du Sud), Vincent Bezuidenhout & Nobushinge Kono (Afrique du Sud & Japon), Salooni (Uganda) et enfin Wiame Haddad (Maroc/Tunisie). La projection de ces films tous projetés en anglais ont été suivis avec intérêt par le public venu nombreux à l'Espaco. A noter que Le projet Boda Boda Lounge est aussi une collaboration entre Vansa (Afrique du Sud), Waza (République Démocratique du Congo) et Van Lagos (Nigeria). Echange Portugal/Algérie Samedi 19 novembre c'est place au vernissage d'une exposition composée de 16 artistes. Mais peut-on parler réellement d'un vernissage pour certains de ces artistes dont les oeuvres font déjà partie du décor depuis quelques mois, car ayant déjà exposé ici auparavant? On citera le tableau de Moustapha Igoudjil qui travaille sur le patrimoine islamique et sa place dans le milieu urbain, les quelques sculptures de Malek Saleh ou encore la peinture du jeune artiste Adlane Samet. Quoiqu'il en soit, cette expo qui semble privilégier le fourre-tout et le mélange des genres donne à voir le travail de différentes générations, même si au détriment d'une thématique bien précise. On notera parmi les nouveautés qui viennent égayer les cimaises de l'espace d'art contemporain d'El Achour de nouvelles oeuvres picturales du directeur artistique dudit espace, aussi artiste designer, celles aussi de Amar Bouras qui exhume ses tableaux de 2007 au grand bonheur de ses admirateurs et nous fait dévoiler son monde onirique en technique mixte. Côté photographie, Oussama Tabti nous présente une série de photo brutes de ce qu'endurent les immigrés en France, notamment à travers des clichés d'un centre de réception des étrangers demandeurs d'un premier titre de séjour et autres gens agglutinés devant un service de l'immigration, le tout vu de l'extérieur. Meriem Touimer quant à elle, a choisi d'illustrer à travers cinq photos les signes populaires qui peuvent représenter la Tunisie dans ces lieux fermés bien endogènes comme une quincaillerie ou un salon de coiffure où sont entassés pêle-mêle des objets de travail, où sont accrochés des minitableaux du Saint Coran ou le drapeau tunisien. Des signes socioreligieux bien distinctifs, bien que cela ne saute pas vraiment aux yeux au premier abord. L'artiste-peintre Mounia Lazali alias Miya a pour sa part choisi de montrer deux aquarelles dont une est appelée «lévitation». Dans ce magnifique tableau on distingue une femme voilée d'un tissu blanc qui semble survoler le sol en horizontal. Son second tableau plus beau que nature donne à voir le portrait d'une femme au visage complètement mouillé. Ce tableau rivalise de doigté d'autant qu'il incarnerait presque un visuel d'une photo. A noter que cette exposition qui dure un mois présente d'autres oeuvres, dont celles d'artistes portugais cette fois. Ces derniers avaient séjourné au mois de juin à l'Espaco dans le cadre d'une résidence. Leurs travaux sont exposés ici et mettent en relief différents tableaux de différents formats entre collage et technique mixte ainsi que des installations (chaises). Cette résidence s'inscrit dans l'optique d'un échange entre les deux pays, ces artistes de là-bas et ceux d'ici. En effet, l'Espaco qui ambitionne de s'ouvrir davantage entend, avec le temps, de faire de ce lieu, une plaque tournante des artistes internationaux. Avec Aria, les premiers jalons sont posés.