«Depuis 1988, on vit dans le creux de la vague», a affirmé le réalisateur de Patrouille à l'Est... Un hommage appuyé a été rendu samedi au cinéaste et réalisateur Amar Laskri, au Palais de la culture Moufdi Zakaria, par l'association culturelle et sportive au profit des jeunes de quartiers déstructurés, Ouled El Houma, présidée par Mohamed Bergui. Une manifestation qui s'inscrit dans le cadre de la célébration du 7e anniversaire de la création de l'association artistique du cinéma Lumières, un certain 19 mars 1998 par Amar Laskri. Une date qui coïncide avec cet événement historique du 19 Mars 1962, celui de la proclamation du cessez-le-feu en Algérie. Ont été présents à cette cérémonie des travailleurs de différentes branches du cinéma, des personnalités du milieu cinématographique à l'image de Sid Ali Kouiret, Farida Saboundji, les deux frères Hilmi, Chafia Boudraâ, mais aussi politiques à l'instar de l'ambassadeur du Burkina Faso... L'occasion était de présenter au public une exposition cinématographique qui raconte les 40 ans du cinéma algérien en images et plateau, à travers les nombreux films algériens primés par le monde. «Notre rôle est de défendre le patrimoine cinématographique pour la relance de notre cinéma national. Le matériel que nous possédons a été récupéré de justesse après la dissolution des trois entreprises audiovisuelles en 1998. Nous sommes des anciens techniciens de l'ex-Caaic (Centre algérien pour l'art et l'industrie cinématographique), constitués en associations pour la sauvegarde du patrimoine cinématographique. Nous avons lutté pour le récupérer. Aujourd'hui, heureusement remis sur pied, il a commencé à fonctionner et ce, en convention avec le ministère de la Culture», affirme ce membre de l'association Lumières. Et le vice-président de l'association Rabia Omar, de confier: «Il y a eu en tout 38 conventions entre films, courts métrages, spots publicitaires dont 5 longs métrages qui vont sortir bientôt : Hameaux de de Chouikh, Mimouna de Nadia Cheraïbi, Morituri de Touita, Beur et margarine de Zemmouri. Nous avons également participé techniquement sur Bab El Web de Merzak Allouache». Natif d'Annaba, ayant fait ses études cinématographiques à Belgrade (Allemagne) puis en Algérie, Amar Laskri qualifié de «cinéaste de guerre» notamment pour ses films Patrouille à l'Est - 1er prix au Festival de Ouagadougou (Burkina Faso) en 1974 et Fleur du lotus sur la guerre du Vietnam (1999), a, lors de son allocution, dressé un bref portrait de la culture qui a besoin d'aide. En s'adressant aux autorités publiques, il relèvera la situation précaire de ce secteur dont «il faut encourager», dit-il. «On ne peut parler de cinéma sans évoquer le théâtre, la poésie... Comme il y a des décisions politiques, il faut qu'il y ait une politique globale en ce domaine». Et de souligner: «L'argent est le nerf de la guerre. Il faut réserver un minimum vital à ce secteur. Faites ce qu'il faut faire dans l'intérêt de l'intégration positive de la société dans l'universel». Cette cérémonie a été également l'occasion de se remémorer les souvenirs du football dans ses années de gloire. Rappelons que le président de l'association Ouled El Houma, Mohamed Bergui, est un ex-arbitre international de foot. Ce dernier fera remarquer qu'Amar Laskri a été honoré pour «son militantisme» et son association «pour tous les égards qu'elle mérite». Entre zorna pour l'ouverture et notes chaâbies pour la clôture de la cérémonie, un diplôme d'honneur et un bouquet de fleurs ont été remis à Amar Laskri par Azzedine Mihoubi, président de l'Union des écrivains arabes et Mme Anissa Boumediene, notamment. Créée en 1993, l'association Ouled El Houma qui oeuvre à sensibiliser les jeunes contre les fléaux sociaux comme la toxicomanie, a déjà organisé plusieurs hommages aux personnalités des milieux sportifs et culturels. «C'est pour faire connaître aux jeunes leur passé sportif et culturel afin d'avoir des repères. En même temps, il s'agit de récompenser ces grandes personnalités et lutter contre l'oubli et l'indifférence», avoue M.Bergui. Aussi, parmi ces grandes figures déjà honorées, on citera El Hachemi Guerrouabi, feu l'Apprenti Yahia Ben Mebrouk, Rabah Saâdane...