Zapatero, Barnier et Solana sont venus plaider le rapprochement entre les deux civilisations. Au moment où nombre de rois et chefs d'Etat arabes ont brillé par leur absence à l'ouverture hier, du Sommet arabe pour «des raisons internes», ce rendez-vous important qu'abrite la capitale algérienne a enregistré, paradoxalement, une forte présence des délégations représentantes des pays occidentaux ayant répondu favorablement à l'invitation du président Bouteflika. Certaines sont venues même avec des propositions à l'image du Président du gouvernement espagnol, M.José Luis Rodriguez Zapatero, qui a voulu expliciter devant les dirigeants arabes sa proposition «d'Alliance des civilisations». Une initiative qui propose de substituer l'idée de solidarité, de fraternité et d'entente entre nations à celle de confrontation et de choc. Intervenant hier, M.Zapatero a indiqué vouloir à travers cette proposition, «ouvrir des voies de communication et de coopération pratiques entre les peuples de manière à ce que la diversité ne soit pas perçue comme une menace mais comme un potentiel largement enrichissant». La proposition d'une alliance de civilisations, a-t-il précisé «ne se limite pas à un problème donné ou à des domaines géographiques particuliers», estimant qu'il est «nécessaire» que toutes les conceptions du monde participent à cette tâche commune. Il a souligné, par ailleurs, que l'histoire montre que le terrorisme a été indûment utilisé au nom de diverses idéologies ou confessions religieuses, affirmant que la vision réductionniste qui identifie principalement le terrorisme à une vision radicale et fanatique de l'Islam est une «grave erreur». Traitant de la situation au Proche-Orient, le Président du gouvernement espagnol a déclaré que «nous devons plus que jamais soutenir tous ensemble et sans relâche les efforts» de la nouvelle direction palestinienne pour une paix juste dans la région. «Le peuple palestinien, comme tous les peuples, veut la paix mais une paix juste et viable qui reconnaisse ses droits et ses légitimes aspirations à un Etat indépendant», a-t-il dit après avoir souligné que le peuple irakien mérite également un avenir de «stabilité, de prospérité et de liberté». M.Zapatero a en outre estimé que le conflit du Sahara occidental est «un des principaux obstacles au processus d'intégration régionale du Maghreb». Evoquant les réformes en cours dans certains pays arabes, il a relevé qu'elles sont des réponses démocratiques, issues de la société arabe elle-même, ajoutant que ce sont des changements perçus comme «nécessaires» par les peuples et les gouvernants arabes. Dans ce domaine, il n'y a pas lieu d'imposer. L'Union européenne et le monde arabe doivent «relever ensemble les mêmes défis» en redonnant espoir au processus de paix au Proche-Orient, en aidant l'Irak à reprendre sa place au sein des nations et en contribuant à la construction d'un Liban indépendant, a déclaré mardi à Alger le haut représentant de l'UE, Javier Solana. Le haut représentant pour la politique étrangère de l'Union européenne, qui s'exprimait lors de la cérémonie d'ouverture du sommet arabe, a également appelé à «soutenir les réformes voulues par le monde arabe» dans le cadre du processus de Barcelone. Concernant le processus de paix au Proche-Orient, M.Solana a affirmé que l'UE et le monde arabe pourraient «ensemble faire quatre choses»: «soutenir politiquement le nouveau leadership palestinien», «faire du retrait de Gaza un pas réussi vers la paix», «lutter contre les extrémistes qui des deux côtés sont si proches» et «rappeler toujours que les principes d'une paix durable n'ont pas changé». M.Solana a notamment cité parmi ces principes la normalisation entre Israël et le monde arabe «sur la base d'un retrait total des territoires occupés». Evoquant la situation au Liban, le haut représentant de l'UE a affirmé qu' «il faut contribuer à la construction d'un Liban souverain, indépendant et démocratique». Ce qui passe par l'application de toutes les résolutions du Conseil de sécurité de l'ONU. Par ailleurs, dans un message adressé au Sommet arabe, le président russe, Vladimir Poutine, a confirmé que son pays est toujours disposé à élargir la coopération multiforme avec la Ligue arabe. Concernant la paix au Proche-Orient, il précise que «le règlement universel du conflit arabo-israélien est impossible sans la reprise du processus de paix entre Israël, la Syrie, et le Liban». La France a marqué sa présence, en dépêchant son ministre français des Affaires étrangères, M.Michel Barnier. Une présence qui traduit «l'intérêt» de ce pays de «voir aboutir les efforts engagés» pour renforcer le rôle de la Ligue arabe sur la scène régionale et internationale, «en particulier en ce qui concerne le Liban, l'Irak et la résolution du conflit israélo-palestinien». M.Barnier a réaffirmé l'importance «que nous attachons à notre partenariat avec cette région proche et stratégique.» Par ailleurs, le président du Conseil italien, Marco Follini a fait le déplacement, ainsi que Edappakath Ahamed, ministre d'Etat indien aux Affaires externes. Pour ce dernier, «le sommet d'Alger constitue une occasion pour la Ligue arabe de promouvoir ses efforts dans le sens d'une meilleure aptitude à relever les multiples défis auxquels elle fait face». Le chef de la diplomatie indienne qui participe à ce 17e sommet de la Ligue arabe en tant qu'invité a indiqué que «les réformes internes que la ligue entend mener démontrent qu'elle se dirige vers la bonne direction, en adéquation avec les aspirations des peuples arabes». L'autre invité de marque à ce sommet est M.Kofi Annan, secrétaire général des Nations unies qui doit prononcer aujourd'hui, un discours important à la clôture des travaux. Une intervention qui sera une plaidoirie pour la paix et l'union devant les défis auxquels est confronté le monde, tels que le terrorisme international, les guerres, et la pauvreté. Sur le plan politique Annan abordera le chapitre des réformes et de la bonne gouvernance.