Le président français, Nicolas Sarkozy, a lancé officiellement, hier après-midi, à Paris, l'Union pour la Méditerranée qu'il doit présider aux côtés du chef de l'Etat égyptien, Hosni Moubarak, durant une période de deux années. A l'occasion, le président français a salué "tous les pays arabes" venus participer au sommet de l'Union pour la Méditerranée (UPM), qui ont "fait ainsi un geste de paix"."Je veux saluer le courage de tous ceux qui ont répondu à notre invitation", a lancé M. Sarkozy en ouvrant solennellement le "Sommet de Paris pour la Méditerranée". "Je veux saluer les chefs d'Etat arabes d'être venus ici, d'avoir accepté cette responsabilité et d'avoir fait ainsi un geste de paix (...). C'est ensemble que nous allons construire la paix en Méditerranée, comme hier nous avons construit la paix en Europe", a déclaré M. Sarkozy. Il a estimé qu'un des enjeux majeurs de l'UPM était "d'écrire l'Histoire sur un pied d'égalité Nord-Sud". Selon lui, ce sont "toutes les institutions de l'Europe qui sont unies autour du rêve d'unité méditerranéen". "Je veux dire à mes amis et à mes partenaires d'Europe, au premier rang desquels Angela Merkel (chancelière allemande), que les pays riverains de la Méditerranée, comme la France, et les pays qui ne sont pas riverains de la Méditerranée ont un même intérêt: que la paix et la stabilité règnent dans la Méditerranée", a-t-il ajouté. Avant même l'ouverture solennelle des travaux du sommet, l'enthousiasme a plané sur le sommet de l'Union pour la Méditerranée qui s'est tenu, hier, au Grand Palais, dans la capitale français, Paris. Cette euphorie est suscitée par le premier défi que le projet cher au locataire de l'Elysée semble avoir relevé. Il s'agit, en fait, du dossier de la paix et de la promotion de la sécurité dans la région du bassin méditerranéen qui semble être remis sur une bonne voie. Ce qui se traduit par le fait que Sarkozy, à la faveur de ce sommet tant attendu, a pu enclencher un processus pour signer deux rapprochements non moins importants dans la région : Le premier entre Syriens et Libanais, le second entre Palestiniens et Israéliens. Ainsi, Damas et Beyrouth ont été conviés hier, avant l'ouverture de la séance plénière du sommet, à rétablir leurs relations diplomatiques, ce qui se concrétisera avec l'acceptation deux parties à rouvrir réciproquement leurs ambassades. Pour la Palestine et Israël, le sommet a été une occasion pour la relance du dialogue sur le processus de paix, et les deux chefs d'Etats, Mahmoud Abbas et Ehud Olmert, ont été amenés même à échanger quelques poignées de mains en signe de leur bonne volonté respective à aller dans ce sens. Pour mieux affiner ce qui a été envisagé pour ce volet, les ministres des Affaires étrangères des 43 pays représentés au sommet de Paris, dont le ministre algériens des AE, Mourad Medelci, se sont réunis à la résidence de l'ambassadeur d'Egypte à Paris. A l'ordre du jour de cette réunion des chefs de la diplomatie des désormais pays membres de l'UPM, la finalisation de la déclaration finale du sommet et surtout pour tenter de dégager une position arabe commune sur les résolutions finales qui seront prises. La déclaration en question prône, parmi ses priorités, "un partenariat multilatéral basé sur une volonté politique partagée de revitaliser les efforts visant à transformer la Méditerranée en un espace de paix, de démocratie, de coopération et de prospérité". Ce qui permettra à l'UPM de "jouer un rôle important pour faire face aux défis de la région, dont la crise de la sécurité alimentaire mondiale, la désertification, les questions de migration, d'énergie, et de sécurité". Donc, il est clair que la prospérité économique et sociale de la région du bassin méditerranéen ne peut devenir une réalité que si la sécurité régionale est garantie. Telle est la conviction du projet UPM, dont la déclaration finale relève aussi "la persistance du conflit du Proche-Orient qui avait entravé le partenariat euro-méditerranéen drainé par le processus de Barcelone depuis 1995". En conséquence, il est vite conclu que, décidément, sur le plan diplomatique et géopolitique, le projet de Sarkozy s'adresse plutôt à cette sous-région et le Maghreb n'est là que pour accompagner le peloton. Ce qui se confirme à partir du moment que le dossier du Sahara occidental a été évacué de ce rendez-vous régional. Le moins que l'on puisse dire, c'est là que se trouve la raison de la quasi-éclipse des dirigeants maghrébins. En effet, en plus du guide libyen, Maâmar El Kadhafi, et du roi du Maroc, Mohamed VI, qui ont brillé par leur absence, hier, au Grand Palais, d'aucuns dans la capitale française ont dû constater que ni le président de la république algérienne, Abdelaziz Bouteflika, ni le chef de l'Etat tunisien, Zine El Abidine Benali, n'ont été conviés pour un traditionnel tête-à-tête avec le président français. Après le dossier de la sécurité et de la paix au Proche-Orient, suivra aussi des projets multilatéraux d'envergure visant à jeter les bases d'un développement durable du bassin méditerranéen, dont la dépollution de la Méditerranée, les autoroutes de la région, la protection civile et l'énergie solaire. Reste seulement à trouver les moyens financiers nécessaires, une question qui n'est pas encore réglée à partir du moment où la Commission européenne a répondu par la négative en refusant de débloquer les financements sollicités pour ces projets.