L'accès au financement, un probleme réel Nombreux sont les experts à admettre que l'Afrique représente un eldorado pour les investisseurs malgré le nuage de méfiance qui l'entoure. Bien des problèmes se posent sur la scène économique africaine et bloquent son décollage. Ces problèmes sont divers, mais les plus immédiatement contraignants, sont l'accès aux financements et l'attractivité des investissements étrangers. Pourtant, des solutions existent et sont à portée de main. «L'un des problèmes principaux que rencontre la Banque africaine de développement, c'est l'absence de demandes de financements bancables», a déclaré Sidi Ould Tah, directeur général de la Banque africaine de développement économique arabe. Cette déclaration laisse comprendre que le problème du financement des investissements ne se pose ni dans la région arabe ni dans la région africaine que couvre la Badea. Pourtant, c'est de tout le contraire qu'il s'agit. En effet, tous les participants à la plénière finance ont relevé que parmi les principaux obstacles au décollage économique qui se posent à l'échelle interne de chacun des pays africains, figure celui de l'accès au financement. «Les entreprises et les porteurs de projets maliens font face à une grande méfiance de la part des banques du Mali. Même les entreprises qui ont des bilans positifs n'arrivent pas à trouver des financements facilement», nous a déclaré Hamadou Traoré, directeur appui aux entreprises au niveau de la Chambre de commerce et d'Industrie du Mali. Selon Hamadou Traoré, cette méfiance n'a aucune raison d'être, d'où la nécessité que les responsable politiques incitent les banques à prendre des risques et à accompagner les porteurs de projets. Interrogé sur les financements que propose la Badea et qui ne trouvent pas preneurs, M. Traoré a indiqué que «la Badea finance généralement les grands projets structurants alors que les projets qui peinent à trouver des financements, sont les petites initiatives et les PME». Djamel Benbelkacem, ancien patron de la Banque d'Algérie, a lui aussi mis l'accent sur la difficulté de trouver des financements. Citant le cas de l'Algérie, il a indiqué que le stress budgétaire induit par la chute des prix du pétrole a considérablement impacté la trésorerie de l'Etat et rend, ainsi, le financement de l'investissement fort difficile. «Il faut développer les marchés financiers», a-t-il recommandé par conséquent. De son côté, le président du G20 des Entrepreneurs, Grégoire Sentilhels, a indiqué que le recours à l'endettement est le meilleur moyen de financer les investissements car il est plus facile de rembourser des dettes que les ressources bancarisées des citoyens. «L'économie européenne est financée à plus de 80% par les dettes. L'économie américaine aussi», a-t-il indiqué en guise d'illustration. L'autre question abordée dans la plénière finances, ce sont les opportunités de profit qu'offre l'Afrique. Tout le monde s'est mis d'accord sur le fait que, pour 1 dollar investi dans le continent africain, l'opérateur gagne entre 10 et 15 dollars. Pourtant, cette opportunité unique, doublée d'un des taux de croissance les plus importants au monde, ne sont pas perçus à leur juste valeur. «Le risque investissement en Afrique est perçu négativement. Il est trop surdimensionné. Car, ceux qui arrivent à investir dans les pays africains gagnent beaucoup d'argent», a soutenu Sidi Ould Tah, directeur général de la Badea. Le même constat est fait par le vice-ministre chargé des Finances, de la Planification et du Développement économique de l'Ouganda, Ajedra Gadison Aridru, qui considère que l'idée que les opérateurs économiques se font de l'Afrique et de la situation économique qui y prévaut est loin de refléter la réalité. Bien au contraire, il considère que le continent noir présente nettement plus d'avantages que d'obstacles même si le déficit en infrastructures dans certains pays et l'accès à l'énergie restent des problèmes récurrents. De fait, il est déduit qu'appréhender le climat des affaires en Afrique à travers le seul critère du «risque investissement», est une démarche inappropriée, de l'avis des connaisseurs de l'Afrique, y compris les étrangers, à l'image de Grégoire Sentilhels, président du G20 des Entrepreneurs et Jan Walliser, vice-président de la Banque mondiale.