On a beau minimiser les faits, l'incident a provoqué un départ de feu Il n'est pas exclu que le président procède à un remaniement ministériel dans les tout prochains jours, surtout que cette cacophonie dénote que le gouvernement n'est pas respecté par les puissances d'argent. La poussière n'est pas encore retombée sur l'arène qui a connu avant-hier une incroyable scène. Le Premier ministre, Abdelmalek Sellal, a quitté la salle du CIC où se déroulait le Forum africain d'investissements et des affaires, avec le staff gouvernemental lorsque le patron du FCE, Ali Haddad a entamé son allocution. Omission volontaire ou maladresse? Ali Haddad a pris la parole avant le ministre des Affaires étrangères Ramtane Lamamra. De la scène encore chaude s'échappent des échos qui montent en fumerolles vers les cieux de la rumeur. Séisme politique, fracture au sein du noyau dur, changements profonds et radicaux en perspective, crise ouverte entre Haddad et le Premier ministre. Hier, le ministre des Affaires étrangères Ramtane Lamamra s'est décommandé pour la conférence de presse qu'il devait animer avec Ali Haddad. Toujours hier, la fin des travaux de la rencontre devait être assurée soit par le Premier ministre soit le ministre de l'Industrie et des Mines. Ni l'un ni l'autre ne se sont présentés à la séance de clôture. On a beau minimiser les faits, mais l'incident a provoqué un départ de feu. Entre le gouvernement et le FCE, il y aura désormais un avant et un après-Forum africain. Et la plus plausible, d'entre ces rumeurs diffusées, est celle qui annonce un remaniement imminent. Il aura lieu dans les semaines à venir, voire même dans les tout prochains jours. Il y a eu des couacs et on susurre que le président Bouteflika n'a pas apprécié la tournure qu'a connue cette rencontre pour laquelle le ministère des Affaires étrangères a déboursé une fortune pour relooker l'image de l'Algérie sur le continent. Surtout que Bouteflika lui- même a toujours été engagé sur le sujet car il a été un des membres fondateurs du Nepad. Aussi, le président aurait décidé de faire tomber les peaux mortes. Dans tout pays qui se respecte, il est inconcevable que des organisations patronales, syndicales, professionnelles ou autres puissent primer sur les institutions. Or, dans la rencontre d'avant-hier on a foulé aux pieds la sacralité républicaine. Des observateurs ont relevé trop d'amateurisme dans le déroulement de l'événement, des personnalités qui n'étaient pas censées retrouver dans la salle ont été pourtant conviées, des invitations envoyées en retard, le choix hasardeux et contestable des médias étrangers qui devaient couvrir l'événement et la liste des impairs est encore longue. Est-il concevable que les cinq mois de préparatifs intenses soient subitement gâchés par une simple entorse protocolaire? Quel crédit donner à cette autre rumeur accusant Ali Haddad de vouloir accaparer l'événement pour en faire une tribune au profit de son organisation? Ce matin, les regards sont braqués sur ce qui jaillira du Conseil du gouvernement présidé par M. Sellal. Le grave incident du CIC sera-t-il évoqué ou passé sous silence? Pas si sûr car si Sellal habituellement mesuré a opté cette fois-ci pour la méthode radicale, c'est que les choses sont graves. A Alger le microcosme politique fourmille. Il redoute des dérapages politiques. Quand des signes de panique sont décelés à ce niveau de responsabilité, il est à craindre que des décisions hasardeuses soient prises dans la précipitation. Surtout que les contextes politique et surtout social s'y prêtent. Les trois mois qui nous séparent des prochaines élections législatives, antichambre de la présidentielle de 2019, sont le moment où l'on s'échauffe, où l'on construit et où l'on scénarise. Le mois d'avril, date du déroulement de ces législatives est le repère fatidique, le spasme final pour les hommes politiques. C'est sur cet échiquier que doit se jouer dans les tout prochains mois l'avenir du pays pour au moins une décennie. Le paysage politique subira une métamorphose dictée par les exigences nationales et surtout internationales.