Le Maroc a affirmé «respecter» le rôle de la Russie en Syrie, revenant sur des déclarations du Premier ministre Abdelilah Benkirane qui avait critiqué l'intervention de Moscou en soutien au régime syrien. Le ministre des Affaires étrangères Salaheddine Mezouar a reçu, lundi soir au siège de son département à Rabat, l'ambassadeur de Russie à Rabat, Valery Vorobiev, «à la demande de ce dernier», indique un communiqué du ministère. M.Vorobiev a exprimé la «préoccupation» de Moscou, suite à «des déclarations médiatiques attribuées à un très haut responsable gouvernemental marocain accusant la Russie d'être responsable de la destruction de la Syrie», indique la même source. Si l'identité de ce «très haut responsable» n'est pas formellement précisée, la presse locale s'accorde à dire qu'il s'agit du secrétaire général du parti islamiste vainqueur des élections législatives du 7 octobre. Interrogé le 30 novembre par l'agence de presse Quds Press, M. Benkirane avait estimé que «ce que fait subir le régime syrien à son peuple, avec le soutien de la Russie, dépasse toutes les limites (...) Pourquoi la Russie détruit-elle la Syrie de cette façon?». Dimanche, le ministre Mezouar a fait part de «l'attachement» du royaume à «la préservation des relations fortes avec la Fédération de Russie», rappelant «la position claire du Maroc sur la crise syrienne», selon le communiqué. Le Maroc «respecte» le rôle de la Russie sur ce dossier comme sur d'autres questions internationales, et «arrête ses positions diplomatiques officielles à l'aune des valeurs, des principes et des intérêts gouvernant sa politique extérieure», a-t-il ajouté. Dans une pique clairement adressée à M. Benkirane, reconduit dans ses fonctions le 10 octobre après cinq ans à la tête d'un gouvernement de coalition, les Affaires étrangères soulignent que les «prises de positions officielles» du Maroc, ne peuvent «faire l'objet d'improvisations hasardeuses, ni exprimer des points de vue personnels». Au Maroc, le roi, chef de l'Etat, a la haute main sur les affaires diplomatiques du pays. Mohammed VI, actuellement en tournée en Afrique de l'ouest, «demeure le garant de la constance et de la pérennité des positions diplomatiques» du Maroc, et du «respect de ses engagements internationaux», conclut le communiqué. «Benkirane a failli provoquer une crise entre le Maroc et la Russie», titre le site Le 360, proche de l'entourage du Palais. «Le chef du gouvernement est publiquement désavoué et recadré», selon le site Médias 24, qui parle de désaveu public.