Le président syrien, Bachar Al Assad au pied du mur 32 civils ont été tués hier en Syrie où les forces du régime ont lancé une offensive dans la province d'Idleb (nord-ouest). Le casse-tête syrien continue à diviser le monde. D'un côté, il y a les 137 pays qui avaient voté «Oui» aux deux précédentes résolutions du Conseil de sécurité et de l'Assemblée générale de l'ONU. D'un autre côté, le «Non» russe à toute ingérence dans les affaires intérieurs de la Syrie, appuyé par le droit de veto dont elle jouit, et réconforté par la position de la Chine, pose problème aux Occidentaux. Malgré des pressions incessantes et acharnées, la Russie et la Chine continuent à tenir tête au reste du monde. La Russie est, encore une fois, opposée à un nouveau projet de résolution du Conseil de sécurité de l'ONU sur la Syrie qu'elle juge «déséquilibré». «Le texte de la résolution en discussion est déséquilibré», a déclaré le vice-ministre des Affaires étrangères Guennadi Gatilov, cité par l'agence Interfax. «Le problème principal est l'absence d'appel simultané à toutes les parties (rebelles et forces gouvernementales, Ndlr) afin de prendre des mesures pratiques dans le contexte d'un cessez-le-feu», a-t-il ajouté. Les cinq membres permanents du Conseil de sécurité de l'ONU se sont à nouveau réunis pour discuter du nouveau projet de résolution américain exigeant du gouvernement syrien qu'il mette un terme à la répression sanglante de la contestation populaire. Le projet de résolution, rédigé sous l'égide des Américains, «exige» que le gouvernement syrien arrête «immédiatement» toutes les violences, retire ses forces armées des villes contestataires et libère les manifestants. Il appelle ensuite l'opposition syrienne à «s'abstenir de toute violence» dans le cas où le gouvernement syrien se plierait aux premières exigences de cette résolution. Le Conseil de sécurité «exige» également que «les autorités syriennes autorisent immédiatement un accès humanitaire» à toutes les villes du pays. M.Gatilov a indiqué, à ce sujet, que «le plus important est de trouver un texte qui soit réaliste, non ambigu, et dont le but est de régler de manière stable la situation». Il a aussi ajouté sur son compte Twitter que la Russie s'opposerait à toute résolution «contenant un quelconque prétexte pour l'utilisation de la force» contre la Syrie. Cette mise au point intervient avant une réunion sur ce pays aujourd'hui au Caire où le chef de la diplomatie russe, Sergueï Lavrov, rencontrera ses homologues des pays de la Ligue arabe dont certains se sont montrés très critiques à l'égard de la position de Moscou sur le conflit syrien. Quant au texte en question, il semblerait que le Conseil de sécurité de l'ONU ait l'intention de soumettre cette résolution au vote lors d'une réunion lundi. Pour leur part, Paris et Rabat ont réitéré hier leur opposition à toute intervention militaire en Syrie, lors d'une conférence de presse conjointe des chefs de la diplomatie des deux pays, à Rabat au Maroc. De son côté, Pékin, très critiqué pour son soutien au régime de Damas, a annoncé hier l'envoi d'un nouvel émissaire chargé d'expliquer la position chinoise sur la Syrie. Zhang Ming, un haut diplomate, se rendra, lors de son voyage de sept jours, en Arabie Saoudite et en Egypte, puis du 14 au 16 mars en France, a précisé Liu Weimin, porte-parole du ministère chinois des Affaires étrangères. Une tournée qui a pour but de défendre les positions de la Chine quant à son non alignement avec les puissances occidentales et les Arabes sur le dossier syrien. Pékin s'est aussi dit prête à soutenir l'envoi d'une aide humanitaire, sous l'égide des Nations unies ou d'un organisme «impartial», à condition que la souveraineté syrienne soit préservée. Sur le plan humanitaire, la responsable des opérations humanitaires de l'ONU, Valerie Amos, a déclaré hier à Ankara être parvenu à un accord avec le régime syrien pour une «mission d'évaluation humanitaire préliminaire» dans les zones de conflits en Syrie. Malgré les divergences, la Syrie reste tout de même réceptive et disposée à lâcher du lest au profit des aides humanitaires.