C'est devenu systématique, à la veille de chaque élection législative, des tempêtes, qui couvaient, éclatent au grand jour dans la maison du Front des forces socialistes (FFS) ainsi que dans d'autres partis politiques. Djà à la veille des élections législatives de 1997, on se souvient de la saignée qui s'est produite au FFS avec le départ d'importants cadres du parti, à l'instar de Hamid Lounaouci et de Mohand Arezki Boumendil. Ces derniers se sont d'ailleurs retrouvés, juste après, sur la liste des candidats à la députation du RCD (Rassemblement pour la culture et la démocratie). Donc, pour être une surprise, ce n'en est point une, cette affaire de Rachid Hallet qui vient d'être évincé du FFS suite à ses sorties médiatiques dans lesquelles il s'en prenait aux vrais décideurs au sein du plus vieux parti d'opposition. On se demande toutefois pourquoi la sortie de Rachid Hallet s'est faite spécialement ces jours-ci? Pourquoi pas avant? Rachid Hallet est un ancien cadre du FFS et il est bien loin d'ignorer les rouages du parti et comment les décisions importantes sont prises au sein de cette formation politique. Le choix de cette période pour sortir de sa réserve ne figure pas dans les sorties médiatiques de Rachid Hallet. Toutefois, le lien avec la conception en cours des listes pour les prochaines élections législatives d'avril 2017, ne doit pas être ignoré ni sous-estimé. D'ailleurs, à Tizi Ouzou, ce sont tous les principaux partis politiques qui sont en proie aux mêmes secousses depuis quelques semaines dont le RCD, le RND et même le FLN. Concernant le FFS, les choses semblent plus compliquées en l'absence de Hocine Ait Ahmed, qui faisait figure d'autorité suprême et absolue et auquel le dernier mot revenait toujours dans ce genre de situation conflictuelle. Quant à l'éviction de Rachid Hallet, on ne sait vraiment pas dans quelle mesure elle pourrait peser concrètement sur les prochaines élections législatives. Bien que considéré comme l'une des figures actuelles les plus importantes du FFS, le départ de Rachid Hallet ne signifie pas inéluctablement qu'il y aura scission au sein du parti. On l'a bien vérifié avec le départ d'autres grandes figures du FFS, dans un passé récent ou lointain, à l'instar de Saïd Khelil et de tant d'autres. Toutefois, le départ de Rachid Hallet sera sans doute suivi d'autres défections, dans les prochains jours, au fur et à mesure que les listes des candidats FFS pour les prochaines législatives se dessineront et se peaufineront. Il y a d'ores et déjà des actions qui se préparent dont la réunion de Béjaïa et le rassemblement de protestation annoncé pour les 9 et 10 décembre prochains devant le siège national du FFS à Alger à l'occasion de la tenue du conseil national. Compte tenu que ce n'est pas la première fois que le FFS fait face à ce genre de vagues de mécontentement, on peut d'ores et déjà prédire qu'il pourrait s'agir d'un feu de paille car tout rentrera, sans doute, dans l'ordre une fois que les listes seront définitivement ficelées et officiellement déposées. Ceux qui auront quitté le FFS l'auront fait avec toutefois la possibilité d'y revenir, Rachid Hallet étant lui-même un ex-dissident, revenu au FFS avant d'en être éconduit pour la seconde fois. Concernant le FFS, le parti est loin d'être la grande formation politique qu'elle était au lendemain de la promulgation de la loi permettant à des partis politiques d'activer librement en Algérie après octobre 1988. Enfin, rappelons que c'est l'absence de transparence dans la conception des listes des candidats aussi bien à la députation qu'aux APC et APW qui fait surgir ce genre de branle-bas-de combat à la veille de chaque échéance électorale dans pratiquement tous les partis. Contrairement à ce que la pratique démocratique aurait dicté, ce ne sont point les bases militantes qui choisissent les candidats qui les représenteront. Généralement, les listes sont conçues, dans l'ombre, à un niveau très haut. Et les pauvres militants et autres sympathisants apprennent les noms de ces candidats comme tout le monde à travers la presse ou l'affichage. Il est donc évident que ces listes ne peuvent guère faire l'unanimité. Aussi, dans les expériences précédentes, on a vu des candidats ne jouissant d'aucune sympathie de la part des citoyens des régions d'où ils sont issus qui ont été élus haut la main en tant que députés à l'APN, pour la simple et bonne raison que ce même candidat heureux a injustement glané les voix arrachées par un autre candidat, mal classé sur la même liste, mais qui malheureusement figure en 10e ou 11e position. Jusqu'à quand les partis politiques algériens vont-ils continuer à fonctionner comme de véritables propriétés privées?