Le directeur de l'agence Allégorie La responsabilité de l'agence Allégorie est engagée dans cette rencontre qui a été émaillée d'erreurs de casting dans le choix des invités. Le feuilleton du Forum africain d'investissement et d'affaires n'a pas fini de faire parler de lui. Parmi les antagonistes de cet épisode qui a égratigné l'image de l'Algérie, il y a une agence de communication et de publicité. Plus qu'un simple acteur, Allégorie, c'est d'elle qu'il s'agit, est au centre de la tempête politico-diplomatique. Un personnage, Toufik Lerari, directeur de l'agence Allégorie. Un jeune loup qui a fait ses études en France et une bonne partie de sa carrière avant de trouver en Algérie matière à exercer sa profession de conseil en communication. Toufik Lerari aurait pu avoir un parcours normal en Algérie en se frottant à la concurrence et construire une réputation de grand professionnel respecté dans les milieux d'affaires du pays. Mais le jeune homme a choisi une voie directe, beaucoup plus rapide. Mis sur orbite du pouvoir par le fils d'un ancien conseiller à la présidence de la République et bombardé président de la filiale jeunesse du Forum des chefs d'entreprise, Jil FCE, le propriétaire d'Allégorie n'avait qu'à se baisser pour se servir. Les gros contrats de publicité raflés par l'agence de communication qui a «convaincu» d'importantes entreprises en Algérie, l'ont très vite propulsé en tête de liste des agences les plus influentes du moment. Toufik Lerari qui, il faut bien le reconnaître, a su vendre son produit, tant aux hommes d'affaires qu'à l'opinion nationale, était de toutes les rencontres d'affaires organisées par le FCE. Son «dynamisme» presque outrancier et son attitude un peu trop communicative ont certainement plaidé en sa faveur, au sens où les divers centres de décisions économiques et politiques, de même que les médias nationaux, pensaient avoir affaire à un professionnel qui a fait ses preuves en France et qui semble maîtriser son affaire. Cette fausse impression de savoir-faire dans tout ce qui se rapporte à l'événementiel dans l'économie a fait baisser leurs gardes à ceux qui, dans les rouages de l'Etat, prenaient au sérieux d'importants rendez-vous internationaux, à l'image du Forum africain sur l'investissement et les affaires. Ce niveau de rencontre qui engage l'Algérie est traditionnellement préparé avec minutie. Rien n'est laissé au hasard. Le dernier forum sur les énergies renouvelables qui a débouché sur un accord de réduction de la production de l'Opep, illustre la parfaite organisation de grands événements par l'Algérie. Ce n'était manifestement pas le cas du Forum africain qui a été caractérisé par le quiproquo dès l'entame des travaux entre le gouvernement et le FCE. Sur cet incident, l'enquête ouverte pour élucider les tenants et les aboutissants de l'affaire, a fait ressortir la responsabilité de l'agence Allégorie, dont l'un des responsables a soufflé à l'oreille de la modératrice le nom de Ali Haddad après le passage du Premier ministre. La responsabilité de l'agence est donc engagée dans cette rencontre qui a été émaillée d'erreurs de casting dans le choix des invités. Il faut dire, à ce propos, que la même enquête a conclu au fait que la liste des personnalités étrangères a été établie par Allégorie qui l'a transmise à l'ambassade d'Algérie en France, sans prendre la précaution de vérifier l'identité des invités. Il n'y eut certes pas des personnages ouvertement anti-algériens, mais parmi les convives du FCE, les professionnels de la diplomatie ont détecté certains noms inappropriés et susceptibles de conduire à l'échec du forum. La présence à Alger du patron de la chaîne de télévision Africa 24, connu pour ses accointances avec des milieux hostiles à l'Algérie, en sus d'autres personnages pas très fréquentables ont valu son poste à l'ambassadeur d'Algérie en France. L'état actuel des investigations indique que l'agence Allégorie a «sous-traité» une partie de la liste des invités auprès d'une boîte spécialisée disposant d'une base de données de personnalités en rapport avec l'investissement en Afrique. Le tort de l'agence algérienne, dit-on, est de n'avoir pas filtré ladite liste et transmis tout cela à l'ambassade d'Algérie en France notamment. Le FCE et le ministère des Affaires étrangères n'étaient donc pas associés à cette importante et stratégique phase de l'organisation du forum. Il est clair que Toufik Lerari, n'ayant aucune expérience en politique et en diplomatie, a tout simplement négligé le «pedigree» politique des personnalités conviées à la rencontre économique d'Alger. Totalement étranger au lobbying interafricain et les spécificités du continent. Lerari a fait une grave erreur de casting, et également d'amateurisme, en négligeant des aspects importants dans l'organisation d'une manifestation économique de premier plan, avec des ramifications politico-diplomatiques stratégiques. Résultat: le semi-échec ou le semi-succès, c'est selon, porte la marque d'Allégorie qui a fait rater à l'Algérie un rendez-vous crucial pour s'affirmer à l'échelle continentale et internationale. Le ratage de cette agence de communication est d'autant plus retentissant qu'un invité de marque, en la personne de l'ancien ministre français de l'Environnement Jean-louis Borloo, a été tout simplement oublié. A l'aéroport Houari Boumediene, il s'est retrouvé tout seul, sans personne pour l'accueillir. Il a dû prendre un taxi pour se rendre au CIC. Lorsqu'on sait que M.Borloo est à la tête d'une importante fondation qui ambitionne de généraliser l'électricité sur tout le continent africain, on mesure l'étendue du ratage, sachant que la Sonelgaz, l'Enie et Condor sont très intéressés par le carnet d'adresses de l'ancien ministre français, dont le passage à Alger est passé totalement inaperçu, au contraire de celui du P-DG d'Africa 24. La gestion approximative de la manifestation panafricaine ne s'arrête pas à ce genre de détails. Le plan média de l'agence amène à se poser des questions. Avec l'arrosage de publicité orienté sur certains titres étrangers, on est amené à s'interroger sur l'obédience des uns et des autres. Il est clair que Lerari ne connaît pas les subtilités de la politique nationale et africaine. Il a pêché par méconnaissance. Son inconséquence a déjà fait une victime en la personne de l'ambassadeur d'Algérie en France et on parle que d'autres têtes vont tomber. On parle même de l'ouverture d'une enquête judiciaire, au vu des proportions prises par cette affaire. La présomption d'innocence étant sacrée, il serait malvenu de tirer des conclusions hâtives, mais il est clair, cependant que l'affaire du forum qui a quelque peu égratigné l'image du pays, n'est pas près de connaître son épilogue.