L'Algérie s'est engagée dans une nouvelle stratégie économique, celle qui consiste à trouver des marchés internationaux afin de commercialiser la production locale; à cet effet notre pays veut saisir les avantages qu'offre le continent africain qui représente un énorme réservoir de productivité, de production de richesse et de croissance, "L'état de l'économie algérienne et les réformes en cours n'empêchent pas le pays d'avoir des ambitions dans le territoire africain (...) et de jouer le rôle de locomotive dans l'intégration économique africaine", a souligné le ministre d'Etat, ministre des Affaires étrangères et de la Coopération internationale Ramtane Lamamra lors d'une conférence de presse sur le Forum africain. Cependant la tenue du Forum africain d'investissement et d'affaires, prévu du 3 au 5 décembre prochain à Alger, constitue une occasion pour l'Algérie qui veut s'orienter vers l'Afrique, a indiqué M. Lamamra lundi. Dans le cadre de ses efforts de diversification et de l'adaptation de son modèle de croissance, Pour le ministre, la tenue de ce rendez-vous, qui prévoit la participation de plus de 2.000 opérateurs économiques de différents secteurs, sera une occasion pour entamer cette démarche. "L'Afrique a incontestablement des atouts qui s'offrent à celui qui a le courage et la détermination d'y aller. Et l'Algérie, plus grand pays africain et arabe, est une partie intégrante de l'Afrique et du destin de l'Afrique", a-t-il dit. La situation sécuritaire dans nombre de pays d'Afrique ne constitue pas, non plus, "un frein" pour pénétrer les marchés du continent. Des mesures seront annoncées lors du Forum d'Alger De son côté le président de JIL'FCE, Toufik Lerari, qui était hier l'invité de la rédaction de la radio Chaîne 3, a déclaré que plusieurs annonces seront faites au cours de ce rendez-vous. "L'idée de ce Forum est de réussir à annoncer, par le biais d'accords bilatéraux et de changements législatifs, des mesures nous permettant d'être des acteurs de ce continent", promet-il. Des perspectives qui ne relèvent pas du domaine de l'impossible, selon M. Lerari, puisque, argumente-t-il, l'Algérie qui est un grand pays africain disposant de sept frontières et d'un grand potentiel pouvant devenir un acteur africain et un "grand hub" qui facilitera les échanges commerciaux. Il cite à titre d'exemple la possibilité du transport via la transsaharienne qui permet de réduire les délais d'acheminement d'une cargaison venant de France à destination du Tchad de 40 à 12 jours seulement. "On pense sincèrement que l'Afrique est une zone économique qu'il faut construire aujourd'hui, plutôt que d'en faire un sous-marché pour les autres zones", a déclaré le président de JIL'FCE qui est, également, membre du comité de préparation du Forum Africain d'investissement et d'affaires prévu à Alger du 3 au 5 décembre prochain. Selon M. Lerari, les patrons veulent s'implanter en investisseurs sur le marché africain. "Il ne s'agit pas, contrairement à d'autres, de jeter de la marchandise en Afrique, mais d'y aller pour investir. C'est la différence entre l'export et l'internationalisation", a-t-il expliqué. C'est dans cet objectif que l'Algérie organise le Forum africain d'investissements et d'affaires. "L'Afrique est une zone économique puissante et l'Algérie prend l'initiative pour dire réfléchissons et agissons pour construire une nouvelle dynamique". Interrogé sur l'opportunité d'investir le marché africain alors que le marché national est à la recherche de capitaux, l'hôte de la Chaîne 3 a appelé à "arrêter d'opposer la construction de l'économie nationale avec la construction de la zones d'influence". Estimant que la ghettoïsation est un danger pour l'économie national, M. Lerari pousse à prendre exemple sur la Chine qui "n'a pas, selon lui, attendu l'édification de son économie nationale, mais elle s'est appuyée sur les pays dragons qui sont ses voisins". Si les patrons algériens ne prennent pas les devants et qu'"on laisse la porte ouverte aux différents acteurs de l'économie mondiale, on sera définitivement rangé au rang des consommateurs de ce monde", a-t-il avertit. L'Algérie se rapprochera des espaces économiques africains D'après M. Lamamra la route Transsaharienne (Lagos-Alger) et le projet du port centre d'El Hamdania (Tipasa) ont été conçus dans le cadre de cette vision. Evoquant l'intégration économique africaine, le ministre a fait part de la volonté de la partie algérienne de renforcer ses liens avec des ensembles économiques d'Afrique. "Il y a une dynamique dans l'Afrique dans le sens où il y a de l'intégration et des zones de libre-échange. Dans ce cadre, l'Algérie étudie la possibilité de se rapprocher du Comesa (Marché commun de l'Afrique orientale et australe). Il n y a pas de raison que l'Algérie soit absente car c'est un grand ensemble commercial", a-t-il précisé. "Dans un avenir pas trop éloigné, nous allons négocier nos accords commerciaux concernant le Mali et le Niger ainsi qu'avec la CEDEAO (Communauté économique des Etats de l'Afrique de l'ouest)" a ajouté M. Lamamra, notant que l'Algérie qui a le statut d'observateur à la CEDEAO, "envisage d'autres mesures favorisant une articulation de l'économie algérienne avec les autres économies africaines". Plus de 2.000 opérateurs attendus Par ailleurs, M. Lamamra a indiqué que plus 2.000 entreprises et opérateurs économiques, principalement africains sont attendus à ce premier forum africain organisé par l'Algérie. Ces entreprises activent notamment dans l'énergie, l'industrie, les mines, l'agriculture, le transport, les travaux publics et les TIC. "C'est notre première expérience et on veut qu'elle soit une réussite (...) pour faire de ce rendez-vous un événement économique continental et un forum de renommée internationale", a-t-il dit. A cet effet, un groupe de travail composé de représentants des ministères, respectivement, de l'Industrie et des Affaires étrangères ainsi que du Forum des chefs d'entreprise (FCE) avait été installé pour préparer ce rendez-vous. "On veut faire de cet événement un réseau de coopération économique entre les opérateurs africains", selon M. Lamamra qui a affirmé que le Forum sera une rencontre purement économique qui reflète les efforts de la diplomatie économique algérienne. "Le rendez-vous d'Alger doit nourrir une vision, des ambitions et donner des propositions claires pour marquer l'engagement de l'Algérie face aux nouveaux défis", a dit de son côté, le président du FCE, Ali Haddad. Il a ajouté qu'un Conseil interministériel a été tenu dimanche sous la présidence du Premier ministre, Abdelmalek Sellal, pour une meilleure organisation du Forum. Ce Conseil, dédié spécialement à ce forum, a insisté sur l'impératif de réussir l'événement pour "rendre à l'Algérie sa position et sa place économique dans le continent", a souligné M. Haddad. Le forum, a poursuivi le président du FCE, va aider à positionner l'Algérie comme un moteur de développement économique africain et un hub majeur pour l'Afrique. Il s'agit aussi à démonter la capacité de l'Algérie à stimuler les investissements directs en Afrique. Pour lui, l'agriculture, l'énergie, le numérique, les infrastructures et le capital humain sont essentiels à l'essor de l'Afrique et le moteur d'une nouvelle dynamique interafricaine.