Une Star et pas des moindres s'est éteinte à l'âge de 88 ans après une vie pleine de richesse artistique. Il y a une semaine, l'Algérie enterrait le maestro de la chanson chaâbie Amar Ezzahi, hier c'est le maître du malouf Mohamed Tahar Fergani qui a été inhumé. La dépouille mortelle du défunt a été rapatriée depuis Paris dans un avion privé affrété par la présidence de la République dans la matinée vers Constantine. Le Premier ministre Abdelmalek Sellal a pris part aux funérailles. Un dernier hommage lui a été rendu à la salle Malek Haddad, avant la prière funéraire au niveau de la mosquée, El Amir Abdelkader. Le défunt a été inhumé au cimetière central de Constantine. Une star et pas des moindres s'est éteinte à l'âge de 88 ans après une vie pleine de richesse artistique. Le défunt que l'Algérie pleure est non seulement une référence, mais aussi une grande école. Il laissera derrière lui un héritage et une carrière artistique lourds et un répertoire musical extraordinaire qui nourriront sans nul doute l'agenda de ses héritiers et adeptes. Le maître du malouf, Hadj Mohamed-Tahar Fergani, est décédé, mercredi dernier à Paris. Il est né le 9 mai 1928 à Constantine. Il est issu d'une famille de musiciens. Son père, était lui-même un grand artiste de son état, auteur compositeur, investi dans le hawzi. Avant d'intégrer le registre du malouf, El Hadj avait fait ses débuts au sein d'un groupe versé dans le genre musical oriental. Il s'adonne entièrement à un style identitaire qui reflète l'authenticité de sa ville natale. Il a été très influencé par feu Hassouna Ali Khodja. Mais aussi Baba Abid. Sa voix, son style d'interprétation et son timbre seront remarquables, il s'est distingué lors d'un concours musical organisé à Annaba en 1951. D'ailleurs, il décrochera sans grande peine le Premier Prix. La suite donne naissance à un premier album qui l'imposera sur la scène comme un grand chanteur du malouf. Sa carrière se déclenche sans réserve. Il se perfectionne de manière fabuleuse en côtoyant les grands maîtres du style arabo-andalou algérien, tels Dahmane Ben Achour et Abdelkrim Dali. Le maître du malouf possède une voix hors du commun, elle est exceptionnelle, si bien que sa maîtrise inégalable de l'archet, fait de lui un chanteur incontestable. Le chanteur de Galou Laârabe Galou, Nadjma, Ya dhalma, qui compte des centaines d'enregistrements qui contribuent à préserver le patrimoine musical algérien, a fait sa dernière apparition en public en juillet 2015, il avait participé à un colloque international dans le cadre de «Constantine capitale de la culture arabe», portant sur la musique andalouse. Suite au décès de ce monument du malouf, le président de la République a tenu à lui rendre hommage en adressant un message à la famille du défunt. Le président souligne «J'ai appris avec affliction le décès du grand maître du malouf et le grand ami El Hadj Mohamed Tahar Fergani, rappelé à Dieu après une longue vie riche en apport et en créativité, en ce mois béni où nous célébrons le Mawlid Ennabaoui et tout en me joignant à votre douleur, qui est celle de l'Algérie tout entière en cette épreuve, je prie Dieu, Le Tout-Puissant, d'accorder au défunt Sa Sainte Miséricorde et de vous prêter courage et réconfort» Le président a écrit encore «en cette douloureuse circonstance qui nous endeuille en la perte d'un chantre de notre culture, je vous présente à vous tous et, à travers vous, à tous les membres de sa famille, ses proches, ses amis, ses admirateurs et à toute la famille artistique algérienne mes condoléances les plus attristées priant Dieu Tout-Puissant d'accueillir le défunt dans Son Vaste Paradis et de lui accorder les meilleures rétributions pour son dévouement et son précieux apport au service de l'art et de la patrie». Le chef de l'Etat, intervient également dans ce message pour dire: «Le peuple algérien, tout autant que moi, se souviendra à jamais, des qualités de Hadj Mohamed Tahar Fergani, dépositaire du legs des aïeux et serviteur de la culture de son peuple, de son dévouement et de sa loyauté pour sa patrie et de son souci permanent d'accomplir au mieux sa mission artistique tant à l'intérieur du pays qu'à l'étranger», et d'ajouter «Connaissant toute la déférence que les Algériens et les Algériennes témoignent à notre grand artiste, je puis affirmer que le souvenir de notre regretté restera vivace dans nos coeurs ainsi que dans notre mémoire nationale à travers l'oeuvre monumentale qu'il laisse en héritage, mais aussi grâce aux dépositaires de son art parmi ses enfants et ses petits-enfants et ses disciples qui conserveront précieusement le malouf». Le chef de l'Etat poursuit, pour conclure un message émouvant «Conscient que mes propos ne sauraient apaiser la douleur du peuple algérien que la perte, les unes après les autres, des figures de proue de sa culture endeuille profondément, je m'en remets toutefois à la volonté de l'Omnipotent qui a réservé aux résignés les meilleures rétributions». Artistes et hommes de culture et les personnalités politiques, ne manqueront de s'exprimer sur cette grande perte. Le président du Conseil de la nation, Abdelkader Bensalah a dans un message de condoléances, à la famille du défunt indiqué que El Hadj Mohamed Tahar Fergani est une «personnalité distinguée» ayant marqué la culture algérienne, un grand symbole d'une renommée qui dépasse les frontières». Pour le doyen de la musique classique algérienne -école de Tlemcen-, Mohamed El Ghafour s'est dit peiné par la perte d' un ami qui a voué sa vie au patrimoine musical de l'Algérie. Outre les témoignages officiels, aussi bien la presse que les associations culturelles et sportives ne manqueront pas d'exprimer leur attachement au regretté Mohamed Tahar Fergani. Que Dieu accueille le défunt en Son Vaste Paradis.