La décantation, toujours en train de s'opérer, vise à replacer le FLN en tête des partis activant en faveur de la réussite du programme présidentiel. C'est aujourd'hui que s'ouvre la session du conseil national du FLN. La rencontre, initialement prévue au Palais des nations, se déroulera finalement au Sheraton à cause d'un hôte de marque attendu à la séance d'ouverture. Exceptionnelle à plus d'un titre, cette session aura à se pencher sur plusieurs sujets importants, destinés à remettre définitivement sur orbite le premier parti du pays. C'est, en tout cas, l'impression générale qu'ont laissé paraître l'ensemble des cadres, ministres et députés joints hier par nous au téléphone. Sans doute le sujet le plus important sera-t-il celui de la dissolution des assemblées locales élues en Kabylie. Nos sources, qui ne cachent pas l'existence de voix discordantes dans leurs rangs, estiment avoir «été prises de court par (leurs) alliés du RND qui a mené en solo son dialogue avec le mouvement des archs avant de mettre devant le fait accompli ses amis de la coalition gouvernementale». La délicatesse de cette situation se devine d'autant plus que «le sacro-saint principe de solidarité gouvernementale devra primer quelles que soient les circonstances», comme nous l'expliquent encore nos sources. C'est pour cette raison, du moins, que les quelque 550 membres du conseil national du FLN, venus remplacer son traditionnel comité central depuis le huitième congrès rassembleur de ce mois de janvier passé, auront en quelque sorte à entériner la position officielle de Belkhadem et mettre un terme à la polémique au sein même des rangs de ce parti. «Il sera question d'exiger que la dissolution des assemblées se fasse par décret présidentiel». Celui-ci, a-t-on pu apprendre, aurait déjà été rédigé et serait en instance d'être signé avant d'être publié au Journal Officiel. Il n'est pas non plus écarté que des législatives anticipées soient programmées dans la foulée puisque celles-ci s'étaient déroulées dans les mêmes conditions tant décriées par le chef du gouvernement dans sa conférence de presse du 11 mars dernier. Le signe avant-coureur de cette éventualité, évoquée de plus en plus par la classe politique algérienne, est bien le fait que les députés de la majorité commencent à se «démener» dans le but de voter la loi relative à leur statut. Le FLN aura également à faire le point sur les nombreux recours introduits par les congressistes concernant des membres du conseil national censés ne pas être éligibles. Les recours, au nombre d'une trentaine, soulignent nos sources, ont tous été soigneusement étudiés dans le but de ne pas tomber dans les travers du 8e congrès précédent. C'est, du reste, ce qui explique pourquoi les voix contestatrices qui s'étaient élevées au lendemain des assises rassembleuses ont vite fait de se taire. A l'occasion de la finalisation définitive de ces questions organiques, un dossier en bonne et due forme sera déposé auprès du ministère de l'Intérieur ainsi que de la chambre administrative près le tribunal d'Alger dans le but d'obtenir la levée du gel des avoirs et des activités de ce parti, dont même les sièges sont censés être fermés en attendant qu'il se conforme à la loi et à ses propres statuts, dont acte. Ce n'est pas tout. Abdelaziz Belkhadem, secrétaire général du FLN, avait déjà maintes fois souligné ne pas vouloir jouer le second rôle alors que le parti dont il préside aux destinées est majoritaire au sein de la plupart des assemblées élues du pays. Il sera donc question, lors de cette rencontre, «des voies et moyens à mettre en oeuvre, expliquent nos sources, et de reprendre les initiatives concernant la mise en application du programme présidentiel». Il s'agira, dans ce cadre, outre la nécessité de mieux se placer à l'occasion de l'éventualité d'un remaniement gouvernemental, d'être aux avant-postes de la campagne référendaire en faveur de l'amnistie générale. Mais avant que ces travaux déterminants ne commencent, sans doute à huis clos, l'instance suprême du FLN entre deux congrès, aura à recevoir le leader libyen, qui se trouvait hier, en compagnie des responsables de l'Ugta, dans le but de tenter de s'inspirer de l'expérience démocratique algérienne. C'est pour cela, aussi, qu'il était la veille, samedi, l'hôte du RND et du MSP. La Libye, qui subit des pressions de plus en plus prononcées de la part de Washington, tente de trouver un échappatoire en recourant à des ouvertures démocratiques sans trop déranger «l'ordre» du petit livre vert de Mouammar Khadafi.