La police turque patrouille dans le quartier après le double attentat de la nuit de samedi La situation qui prévaut dans la région, avec l'engagement militaire de la Turquie au sein de la coalition internationale, mais aussi sa volonté de jouer au gendarme pour préserver ses intérêts tant en Irak qu'en Syrie est à la base de cette vague d'attentats qui frappe le pays. Au lendemain du double attentat qui a fait 38 morts et plus de 155 blessés, selon le dernier bilan, en majorité des policiers, la Turquie a vécu une journée de deuil hier, décrétée par le gouvernement. Les terroristes ont frappé au coeur d'Istanbul, dans un quartier particulièrement prisé et à un moment où les habitants fêtaient la victoire de l'équipe locale. Pour les autorités, point n'était besoin d'attendre une quelconque revendication. La marque des rebelles kurdes du PKK a été aussitôt pointée du doigt, surtout que les deux attentats ont ciblé les forces antiémeute près du stade de la formation Besiktas. Le Premier ministre Binali Yildirim a ordonné la mise en berne des drapeaux et le président Recep Tayyip Erdogan a reporté une visite prévue au Kazakhstan, selon l'agence officielle Anadolu. Pour le ministre de l'Intérieur Süleyman Soylu et le vice-Premier ministre Numan Kurtulmus, les premiers éléments recueillis montrent bien que les auteurs sont des séparatistes du Parti des travailleurs du Kurdistan (PKK). Istanbul et plusieurs autres villes turques ont connu tout au long de l'année 2016 une série d'attentats revendiqués par la mouvance séparatiste kurde et d'autres commis par des kamikazes du groupe Etat islamique (EI). Ce double attentat dans un quartier touristique très fréquenté de la rive européenne d'Istanbul, situé entre l'emblématique place Taksim et l'ancien palais de Dolmabahçe, qui abrite les bureaux stambouliotes du Premier ministre a conduit à l'arrestation de 13 personnes placées en garde à vue en attendant les premières conclusions de l'enquête menée par les services de sécurité. «Nous avons assisté, ce soir à Istanbul, à la manifestation la plus hideuse du terrorisme», a réagi le président Erdogan dans un communiqué.»Il apparaît que ces explosions (...) avaient pour but de causer le plus grand nombre possible de victimes», a souligné M.Erdogan, assurant: «Nous allons vaincre le terrorisme»a-t-il ensuite promis, après avoir assisté le matin à une cérémonie en hommage aux victimes, en compagnie du Premier ministre turc.Conformément à une habitude prise il y a de cela plusieurs mois, aucune image liée aux attentats n'a été autorisée. La situation qui prévaut dans la région, avec l'engagement militaire de la Turquie au sein de la coalition internationale, mais aussi sa volonté de jouer au gendarme pour préserver ses intérêts tant en Irak qu'en Syrie, est à la base de cette vague d'attentats qui frappe le pays. Le régime d'Ankara manoeuvre parfois de manière complexe pour empêcher les Kurdes de Syrie et d'Irak de se joindre à ceux du PKK dans le but de constituer une entité à même de pousser davantage la revendication à l'autodétermination. Les calculs des Kurdes syriens, plus encore que ceux Irakiens, donnent en effet des sueurs froides au président Erdogan et au gouvernement turc qui s'emploient à peser dans le futur du pays voisin et auraient même voulu être partie prenante, dans tous les sens du terme, à Mossoul. Qui plus est, le jeu trouble des Etats-Unis qui soutiennent les factions kurdes tout en insistant sur la présence indispensable de leur allié turc traditionnel au sein de l'Otan mine profondément la relation entre Ankara et Washington, suscitant un rapprochement de plus en plus spectaculaire avec la Russie. A cela s'ajoute l'attitude ambiguë de l'Union européenne qui désespère la Turquie, candidat malheureux et de plus en plus improbable à un siège à Bruxelles, autant de facteurs qui disent combien le choix d'Erdogan et de son équipe est devenu limité. «La Turquie luttera jusqu'au bout contre le terrorisme» Le président turc Recep Tayyip Erdogan a affirmé hier que la Turquie «luttera(it) jusqu'au bout contre le terrorisme», au lendemain d'un double attentat qui a frappé le coeur d'Istanbul. «Que ma nation et mon peuple en soient assurés: nous lutterons jusqu'au bout contre cette malédiction qu'est le terrorisme», a déclaré M. Erdogan lors d'un point presse à Istanbul, où 38 personnes ont été tuées par une double explosion samedi soir. «Nous n'allons pas laisser cet attentat impuni. Ils paieront un lourd tribut», a poursuivi le chef de l'Etat turc. Au moins 30 policiers, sept civils et une personne non identifiée ont été tués et 155 personnes blessées par les déflagrations, selon les autorités qui évoquent «deux attaques liées». «Il est très probable, nous n'avons presque aucun doute qu'il s'agit d'une attaque de l'organisation terroriste séparatiste PKK», a affirmé le Premier ministre Binali Yildirim, après avoir rendu visite à des blessés dans un hôpital d'Istanbul. Le chef du gouvernement a dénoncé une «attaque qui vise l'unité, la solidarité et la fraternité de notre pays».