En rejetant l'appel aux sit-in et à la grève des radicaux, la Kabylie a définitivement choisi la solution de la crise par le dialogue. Une fois de plus, la Kabylie a montré, avec autant de subtilité et d'intelligence, qu'elle est pour les idées et les propositions constructives et tout à fait contre la surenchère et les critiques politiciennes. Elle refuse de se faire instrumentaliser par les uns ou les autres. Comme elle refuse aussi de faire dans la violence, la confusion, l'opacité et l'insulte. En plaidant pour la cause du dialogue, le peuple de Kabylie n'a trahi personne et encore moins capitulé devant des ennemis que seuls les aigris et autres revanchards voient un peu partout dans les villes et villages du Djurdjura. En privilégiant la voie du dialogue, la Kabylie a donné une leçon de militantisme politique à tout le monde. une leçon d'autant plus exemplaire qu'elle a fini par débusquer tous ces oppositionnistes qui cherchent à se neutraliser les uns les autres en répandant le sang de la jeunesse algérienne. Bien sûr, le mérite revient à tous ces militants de base qui ont tous refusé de devenir des soldats au service de l'empire de la violence. Par leur pugnacité, ces derniers ont su neutraliser à temps ces pyromanes jusqu'au-boutistes, parachutés dans la structure de la Cadc de Tizi Ouzou et éviter, du coup, l'effusion de sang en Kabylie. Rappelant leurs conditions sociales déplorables, M'hammed et Rezki, tous deux âgés d'à peine trente ans et ayant grandi dans un univers marqué par l'exclusion, les frustrations et les inégalités sociales, refusent, cependant, de se prêter au «jeu mortel» des manipulateurs qui ont, pourtant, commencé, tôt le matin, à sillonner le village de Aïn Zaouia. «Ils peuvent crier autant qu'ils veulent, personne ne les suivra dans leur entreprise», raconte M'hammed que l'on a peine à imaginer avec autant de naïveté et d'innocence à cet âge. «Ils nous ont dit, enchaîne notre interlocuteur, que Aït Ahmed s'en fichait éperdument de notre sort et que le FFS allait cesser d'exister et, désormais, seule «tadjmaât» peut prendre en charge nos revendications. alors, nous avons participé aux émeutes.» «Aujourd'hui, ajoute Rezki, universitaire de formation, on se rend compte que la violence ne mène nulle part (...). Les gens qui incitent à la violence au nom des droits de l'Homme et du respect de la personne humaine, en se cachant derrière tadjmaât, ne trompent plus personne,» d'autant plus vrai que la Kabylie évoque, à l'instar d'Aït Bouadou, Senana, Aït Yahia Moussa ou encore Frikat, avec insistance, ces derniers temps, cette nébuleuse où, par dépit et déception, se sont tissées des alliances contre nature où les ennemis d'hier se retrouvent côte à côte, aujourd'hui, pour mettre le feu en Kabylie.