Le Front des forces socialistes a toujours considéré la Kabylie comme son berceau politique. Et c'est tout naturellement que le parti d'Aït Ahmed décide de faire l'impasse sur les élections législatives, indiquant qu'il était indécent d'appeler à un scrutin, alors que la région est toujours soumise à une pression et à une situation proche de «la lutte armée». Prônant la solution pacifique, le premier secrétaire du FFS a toujours mis en garde le pouvoir contre une surenchère de la violence et avertit contre toute manipulation de l'action de contestation des habitants de la Kabylie. Appelé à donner des solutions à la crise kabyle, le premier secrétaire du FFS, M.Djeddaï, a répondu qu'il faut un plan Orsec politique pour toute l'Algérie et pas seulement pour la Kabylie afin de sauver le suffrage universel et restituer l'Etat à la nation. Il insiste sur le fait que ces jeunes qui sont sortis dans la rue et qui se sont sacrifiés pour la cause, ont donné des leçons de maturité politique. Le FFS se retrouve dans ce mouvement citoyen qui en a marre de 40 ans de mauvaise gestion et 10 ans de guerre. «La région a besoin de liberté, d'exister, de démocratie et surtout ils ne veulent pas singulariser la Kabylie. Les problèmes soulevés par les jeunes dans la région sont exposés presque de la même manière à l'Est, à l'Ouest et au Sud. Le pouvoir a voulu guettoïser des événements en Kabylie pour étouffer la contestation qui semblait éclater ailleurs», précise M.Djeddaï. Le premier secrétaire ajoute aussi que «c'est le FFS qui a donné corps à cette contestation populaire, à la suite de l'assassinat de Guermah Massinissa, en organisant deux marches populaires les 3 et 31 mai 2001, à Alger. Une structure a été greffée à ce mouvement citoyen pour mieux le régionaliser», a-t-il tenu à préciser. Rejetant à la fois les radicaux et les dialoguistes qu'il accuse d'être instrumentalisés par le pouvoir, Djeddaï s'identifie au mouvement citoyen qui aspire à la paix et au changement, à la démocratie et à la liberté et déclare que pour régler la crise dans la région, il faut cesser les opérations de chasse à l'homme, libérer tous les détenus, indemniser les victimes de cette tragédie et surtout garantir l'unité nationale. En effet, l'autonomie est l'autre débat abordé par le premier secrétaire du FFS, indiquant que l'option de Ferhat Mehenni est rejetée par l'ensemble de la population de la Kabylie. Pour preuve, argumente Djeddaï, la session régionale du bac proposée par le pouvoir à l'époque. Les lycées avaient tout de suite répondu avec la plus grande maturité et le plus sage résonnement pour un bac national. C'est une preuve supplémentaire du nationalisme des jeunes Kabyles et du rejet de la proposition d'autonomie ou de régionalisation. Djeddaï insiste sur le fait qu'il faut cesser de singulariser la Kabylie comme la région au sommet de la contestation. Le problème est national et nécessite une solution politique rapide. Djeddaï, toujours en avance d'une idée, ajoute que la région n'a pas besoin de «mesurettes» et de «réformettes» comme on l'a fait en constitutionnalisant tamazight. La région et le pays ont besoin de mesures concrètes visant à calmer les tensions et à apaiser les esprits. S'agissant de la plate-forme d'El- Kseur, Djeddaï a déclaré qu'elle était insuffisante pour régler toute la crise et que même si chaque point était satisfait, la contestation ne s'arrêterait pas. Pour ce faire, le FFS a toujours fait des propositions pour une véritable sortie de crise. Pour preuve, il avait toujours revendiqué la primauté du civil sur le militaire. Le FFS reste et demeure un parti national bien implanté en Kabylie, et même dans certaines wilayas du Centre, et le pouvoir fera tout pour tenter en vain de l'intégrer dans le processus en cours.