Le prochain sommet permettra de servir de contrepoids à l'unilatéralisme américain. Le sommet latino-arabe prévu les 10 et 11 mai prochain, annonce un nouveau redéploiement géostratégique des pays des pays arabes. Aussitôt le Sommet d'Alger achevé, les chefs de la diplomatie des 22 pays arabes, se sont réunis avec leurs homologues sud-américains pour jeter les bases d'un renforcement de la coopération sud-sud entre le monde arabe et l'Amérique latine. Tenue à Marrakech, cette rencontre, la première du genre, ouvre une nouvelle phase: «Nous avons posé les jalons d'une coopération sud-sud que nous pourrons utiliser de plus en plus dans nos contacts avec les pays du Nord», a déclaré Mohamed Benaïssa, ministre marocain des Affaires étrangères et de la Coopération. Un projet de communiqué final mis au point à Marrakech en vue de la réunion des chefs d'Etat, souligne un engagement pris à «intensifier la coordination des positions dans les organismes économiques et financiers internationaux» afin d'accroître la part des régions arabe et sud-américaine dans le processus global de prise de décision. Le chef de la diplomatie algérienne, Abdelaziz Belkhadem, y a fait une claire allusion en évoquant vendredi l'apparition de «nouvelles pratiques qui violent les principes des Nations unies». Il a souhaité la «réaffirmation», dans le nouveau cadre sud-sud, de la «pertinence des principes du droit international», citant «la souveraineté des Etats et leur intégrité territoriale», «l'autodétermination» et le «rejet des ingérences étrangères». Le texte met en relief les opportunités de coopération encore inexploitées entre les pays de ces deux régions dans les domaines «économique, social, technique, scientifique et culturel». Il appelle la mise en place de «mécanismes birégionaux pour l'investissement et le partenariat dans des secteurs stratégiques comme l'énergie, les télécommunications et le transport en tant que leviers pour le développement». Les travaux de Marrakech ont porté également sur la coopération dans le domaine des transports maritimes et aériens, l'une des clefs du développement d'échanges commerciaux qui restent très limités entre les deux zones. S'inscrivant en droite ligne du concept de «nouvelle géographie économique et commerciale», du président brésilien Lula Da Silva, initiateur du projet de sommet entre les deux régions, le prochain sommet permettra de servir de contrepoids à l'unilatéralisme américain. Justement, intervenant lors de la séance plénière de vendredi, le ministre brésilien des Affaires étrangères, Celso Amorim, dont le pays coprésidait la réunion avec l'Algérie, a souligné le concept de «nouvelle géographie économique et commerciale», cher au président Lula Da Silva, initiateur du projet de sommet entre les deux régions. «Le Sud est toujours en train de regarder le Nord, nous devons faire davantage de choses entre nous», a dit M.Amorim, rappelant que la culture arabe est «profondément enracinée» dans l'histoire des pays d'Amérique du Sud. Selon lui, l'annonce du sommet de Brasilia s'est déjà traduite par une multiplication des initiatives bilatérales et visites entre responsables des deux régions. A noter que les aspects politiques ne sont pas absents de ces efforts de rapprochement latino-arabe. Une prise de position commune sur le conflit du Moyen-orient figurait parmi les points délicats qui restaient à régler par les ministres des 34 pays présents à Marrakech. Sur ce point, un accord a été obtenu pour un texte qui sera soumis aux chefs d'Etat lors du Sommet de Brasilia.