«Les personnes qui alerteront les autorités seront protégées par la loi» «Les personnes qui alerteront contre le mauvais traitement des enfants seront protégées par la loi. Leur identité sera préservée et aucune poursuite judiciaire ne sera intentée contre elles.» Sous le slogan «protection de l'enfance, responsabilité de tous», une journée d'étude sur la Protection de l'enfance s'est tenue hier au Palais des nations -Alger. Initiée par l'Organe national de la protection et de la Promotion de l'enfance, plusieurs conférences en rapport avec le thème ont été données par des spécialistes dans le domaine. Mme Chorfi Mériem, déléguée nationale à la protection et à la promotion de l'enfance, qui a présidé la cérémonie d'ouverture, est revenue, lors de son allocution d'ouverture, sur la création de l'organe qu'elle dirige depuis sa création, au mois de juin dernier. «La promulgation par le président de la République de la loi 15-12 portant protection de l'enfance, est à l'origine de la création de cet organe national», a-t-elle fait savoir. Cet organe a pour mission, précise Mme Chorfi, la coordination des efforts entre les différents départements ministériels et autres autorités concernées par la question de l'enfance. Le suivi de l'application des mesures prises sur le terrain et la collecte des statistiques relatives à l'enfance «sont aussi des missions fondamentales dudit organe relevant du Premier ministère». La protection de l'enfance de tous les dangers doit être la mission de tous. «Si l'Etat s'est occupé de la protection législative de l'enfance, la société doit participer à la protection sociale de celle -là.» Pour faire participer la société, Mme Chorfi a indiqué que son organe est sur le point de lancer un numéro vert et un site électronique national qui serviront de supports pour la dénonciation, non seulement du phénomène de kidnapping, mais aussi de la violence, l'exploitation sexuelle, la privation des enfants de la scolarité, l'exploitation économique des victimes de conflits familiaux, enfants réfugiés, etc. «Les personnes qui alerteront les autorités seront protégées par la loi. Leur identité sera préservée et aucune poursuite judiciaire ne sera déclenchée contre elles, même au cas où l'alerte s'avérerait fausse». L'instance qui sera chargée désormais en premier lieu de la réception des plaintes et des enfants violentés au niveau de la wilaya, est la structure du «milieu ouvert» relevant de la direction de l'Education nationale. Cette structure sera dotée de tous les moyens nécessaires pouvant assurer une bonne prise en charge des enfants. Faute de quoi, les personnes peuvent alerter le ministère de la Justice ou le juge des mineurs. Présentant de leur côté des communications, Mme Sakhri Mebarka et Saâdi Lahcen, respectivement enseignante à l'Ecole supérieure de la magistrature et représentant du ministère de la Justice, ont passé en revue les différentes lois que l'Algérie a adoptées et promulguées quant à la protection de l'enfance. «L'enfant en Algérie est passé du statut de sujet au statut d'objet dans la législation algérienne», a indiqué Mme Sakhri. L'enfant délinquant, même âgé de moins de 13 ans, selon la conférencière, était de 1962 jusqu'à 2008 incriminé et considéré comme un danger pour la société et non pas en tant que personne fragile à défendre et à protéger. «Ce n'est qu' après l'adoption du Code pénal de 2008 et les amendements introduits dans la même loi en 2014 et en 2015 que la protection de l'enfance a été consacrée en Algérie». «L'âge légal de l'enfance en Algérie va de la naissance à l'âge de 18 ans révolus», a précisé la conférencière. Pour Saâdi Lahcen, la législation algérienne est actuellement parfaite, néanmoins il y a une autre forme de violence qui échappe à la loi et à la société, c'est celle de la violence verbale. «De nombreux enfants sont en train de subir en silence cette violence, et ce, aussi bien à l'école qu'à la maison.» «Cette forme de violence doit être combattue.» Interrogé par ailleurs sur le mauvais traitement qui persiste, s'agissant de certains enfants en bas âge, notamment parmi les réfugiés, M.Saâdi dira que la loi relative à cette question est en voie d'élaboration et qu'elle sera bientôt promulguée. Quant à la question soulevant les lenteurs dans le traitement des affaires ayant trait aux affaires concernant les enfants, c'est-à- dire le châtiment des auteurs qui dure parfois des années pour qu'il soit appliqué, Mme Sakhri dira que «la justice a besoin de temps pour que son jugement soit équitable».